Gomorra- Roberto Savianno

[dog]

Ce n'est pas tant le sujet, qui est le coeur d'un nombre invraisemblable de bouquin qui m'a attiré ici, ni même que le film éponyme va bientôt sortir, parce que j'irais sans doute le voir que le style d'écriture. Ce bouquin qui ressemble à un documentaire littéraire avec ce que peut avoir de subjectif est surtout écrit dans une langue forte, riche, puissante qui parle de Naple non pas à coup de statistique et de rapport de police mais vu du bas de l'échelle par une enquète de terrain qui ressemble en soit à une vie. Saviano s'est fait engagé sur le port, a vécu la vie des petites mains qui vident les millions de tonnes de marchandise qui se déversent par Naple sur toute l'Europe, il connait ce monde et il l'aime à sa manière. Vous ne lirez pas ici les exploits de la mafia comme ils sont vendus ailleurs, par le côté abstrait, spectaculaire et forfieri fascinant, c'est anti spectaculaire et en même temps c'est énorme comme la Gomorre du titre, et accessoirement une hyperbole de l'hypercapitalisme comme il est vendu aujourd'hui : système merveilleux créateur de richesse, au demeurant les mafiosi ont parfaitement compris le capitalisme et ont 10 ans d'avance sur les industriels. Bref en dehors du sujet porteur un des livres les plus puissant que j'ai lu depuis un moment, on comprend que ça soit devenu un film.

[Superwonderscope]

Quelle gifle! En effet, un livre puissant, une écriture brute (la description des meurtres et autres tortures infligées y est presque nauséeuse), les références précises... et qui plus est, i sait s'affranchir de son côté documentaire en le rendant aussi passionnant qu'une fiction. Rythmé et tranchant, le livre fait très mal lors de sa lecture. Pluie de détails, pas de fioriture et ni de glamourisation des armes et des actes. Le "système" est dépecé morceau par morceau et surtout, il fait froid dans le dos (voir la description du port de Naples livré aux chinois, entre autres).
Comme le dit le post ci-dessu, il y a un refus du spectaculaire qui le rend encore plus percutant, car l'écriture (tout du moins la traduction lue)ne se départ jamais d'une linéarité dans ses propos, tout en maintenant la pression des détails terribles qui égrènent le récit.
Très, très remuant et impératif.

A noter d'ailleurs aujourd'hui dans Libé que Saviano (29 ans, quand même) est toujours traqué par la Camorra depuis la sortie du livre et que l'un des nombreux hommes qu'il dénonce dans son livre (Carmine Schiavone, aujourd'hui "repenti") a indiqué que Saviano aurait du mourir comme le Juge Falcone : un attentat à la bombe sur le passage de lui et son escorte entre Rome et Naples. L'auteur indique par ailleurs ne pas savoir s'il était prêt à refaire son enquête s'il devait tout recommencer.

[Shinji]

Il veut partir d'Italie car la mafia a promis de lui faire la peau avant Noël.