ben j'en profite pour me dénoncer:F-des-Bois a écrit :Je l'ai loué suite aux avis positifs lus ici (de personnes que je ne citerais pas mais qui se reconnaitront )
je pense tout pareil qu'Humungus,menace2society,Haribo,Nadia et Filou...
Modérateurs : Karen, savoy1, DeVilDead Team
ben j'en profite pour me dénoncer:F-des-Bois a écrit :Je l'ai loué suite aux avis positifs lus ici (de personnes que je ne citerais pas mais qui se reconnaitront )
Je pense que ça résume assez bien ce que je pense du film : sujet brûlant, réa bateau.Ca ne serait pas précisé en gros sur le générique que ça n'aurait probablement pas échappé aux habitués de son oeuvre : Dark Blue est tiré d'une histoire de James Ellroy, et ça se voit. Pas de rédemption possible, avec ce gars là, empereur des pourris, des corrompus, des racistes, des carriéristes. Autant de vies vouées à la compromission, à l'obtention de la forme la plus totalitaire de pouvoir. Comment l'avoir, comment le garder. Le fait de situer son intrigue sur fond d'émeutes raciales n'est pas non plus anodin, et là encore coutumier du romancier (cf Le Dalhia Noir). Dark Blue débute par le passage à tabac de Rodney King en 1991, et le destin de ses protagonistes ne tient qu'à un fil, ou plutôt à un trait de poudre. Une mèche bien vite embrasée par le verdict d'un procès, et qui donnera les résultats que l'on sait : émeutes, pillages, meurtres. Autant dire qu'avec un sujet pareil, par un auteur pareil, on s'attendait au coup de crosse dans le menton, à un Training Day avec des tripes, sans pardon moralisateur. Hélas, Dark Blue a un handicap de taille : son réalisateur.
Ron Shelton, un paquet de films au compteur mais franchement aucun chef-d'oeuvre, c'est l'homme de Tin Cup, l'homme de Hollywood Homicide, un gars pas foncièrement mauvais (sauf quand il écrit le script de Bad Boys II), mais qui cherche un peu ses repères, entre cinéma de grande consommation et films plus personnels. Malheureusement, Ron Shelton c'est aussi le pouvoir évocateur d'un téléfilm, la puissance et le rythme d'un épisode de Hooker : une mise en scène molle et sans génie qui ne parvient pas à valoriser des acteurs excellents, Kurt Russell en tête. Crédible dans son rôle de flic beauf et violent, le meilleur pote de Carpenter remballe ses biscotos et affute ses plus beaux arguments de vieux facho, dans un speech final que l'on imagine pas très loin des ses convictions politiques réelles. La droite tendance bleu frigorifiant, la droite "Dark Blue". Une ambiguité qui sert le personnage tout autant que l'intrigue, finalement assez convenue, pur qui a vu Narc récemment, mais qui puise dans ces racines du mal autant de sève pour nourrir des scènes parfois très tendues.
Aidé par un twist qui le secoue un peu dans son dernier quart d'heure, Dark Blue a tout du film pétri de bonnes intentions qui n'aurait jamais dû atterrir dans les mains d'un faiseur aussi peu inspiré que Shelton. Ses plans sont moches, le montage n'a aucun dynamisme, et ce qui aurait dû être un vrai brûlot ambigu et contestataire, un Dirty Harry des nineties, n'est finalement qu'un petit polar de fonctionnaire, pas foncièrement déplaisant, mais pas beaucoup plus excitant qu'un paquet de séries B qui n'ont pas la chance de passer par la case cinoche. Il y parfois a un vrai talent et une effronterie dans le petit budget de vidéo club qui font totalement défaut à ce Dark Blue bien trop pépère. Heureusement qu'il y a ces personnages vachards et carriéristes, qui se bouffent par intérêt et se jettent par jeu. Même s'ils en font tous des tonnes, Russell et ses compères sauvent le film de leurs petits bras costauds, malgré une fin trop gentiment moralisatrice pour être la claque nihiliste souhaitée par son auteur. Le vrai, le seul : Ellroy. La puissance de son écriture et des sujets qu'il aborde a parfois le don de faire les carrières de cinéastes médiocres. Hélas, Dark Blue ne sera pas le L.A. Confidential de Ron Shelton.