
San Francisco, le futur. Une guerre nucléaire a contraint les terriens à fuir leur planète pour les colonies de Mars : la retombée des cendres cachant constamment le soleil, et les radiations provoquant toutes sortes de maladies, seuls les arriérés mentaux et les plus pauvres choisissent de rester dans la solitude d'une Terre dépeuplée.
Les animaux ont tous disparus. Ici, le fait de posséder un animal naturel constitue une marque de richesse et d'avancée sociale. Mais pourquoi "naturel" ? Hé bien parce que androïdes d'apparence parfaite se substituent aux animaux, et aussi aux humains. Ces derniers, utilisés pour les taches ingrates, sont vendus ou offerts aux colons pour les assister dans leur nouvelle vie sur Mars. Dépourvus d'empathie, et à la suite de plusieurs accidents, ils ont été interdits de se rendre sur Terre, où ils sont inexorablement mis hors service. C'est ici qu'interviennent les Blade Runners...
Deckert est un Blade Runner, un chasseur d'androïdes. Il ne possède qu'un mouton électrique en guise d'animal, signe de sa précarité en cette société. Mais un jour, son supérieur lui apprend qu'un groupe de 6 androïdes se sont enfuis sur Terre... De quoi, avec les primes, s'acheter une véritable autruche !
LES ANDROIDES..., qui inspira BLADE RUNNER à Ridley Scott est, on le sait, bien éloigné du film, même si on y retrouve sa trame principale. Le but de Dick est de montrer des machines qui essayent de s'humaniser quand son héros, lui, se comporte en machine à tuer. D'ailleurs, les mises hors service des androides sont étonnantes de briéveté et de sobriété, point de longue poursuite comme dans le film ici : Deckert ouvre la porte, annonce à l'androide qu'il vient l'abattre, et tire. Les androides, fatalistes, le laissent souvent faire.
La puissance d'évocation du livre est terrible : le film aidant, on imagine sans peine ce fonctionnaire à imper fripé se promener avec sa valise dans une ville abandonnée pour traquer des androides qui ne demandent qu'à vivre normalement ; un fonctionnaire du crime, en somme. Mais le livre touche au génie lors d'une incroyable mise en abîme, quand on en vient à s'interroger sur tout le monde, même sur le héros : qui est un androide, et qui ne l'est pas ?