Vaste, mais intéressant débat ! Le travail d'un metteur en scène s'apprécie--il seulement par un travail de pur découpage ? Avec un tel point de vue, ne risque-t-on pas de verser dans le formalisme pur, et d'encenser les techniciens adroits aux dépends de vraies, fortes personnalités ? Ce n'est pas une discussion nouvelle du tout, Ado Kyrou en parlait déjà dans les années 50 dans "Le surréalisme au cinéma". Remarquant avec justesse les abérations de ce système : Wyler meilleur technicien que Chaplin, donc "meilleur" metteur en scène. Tout sur la forme, tant pis pour le fond.haxandreyer a écrit :Avec l'analyse filmique, on arrive quand même à voir si le cinéaste est un "faux" (donc qui fait de faux films, genre Michael Bay, qui n'a pas compris qu'un mouvement de caméra avait un sens narratif) ou un "vrai" (qui fait de vrais films, pas besoin de les citer, on les connaît tous). Le cinéma a une grammaire, qu'on fasse des films de gens qui s'ennuient ou des films de kung-fu, je ne fais pas de distinction, les qualités de cinéma à appréhender restent les mêmes.
Sans compter que le travail du metteur en scène est beaucoup, beaucoup plus vaste. C'est un chef d'équipe, qui doit tout superviser sur un tournage. La mise en scène, c'est aussi le choix et l'emploi des décors, la direction d'acteurs - extrêmement importante !, l'appréhension générale d'un projet aux multiples facettes techniques. Sur certains gros films, les intervenants sont multiples qui peuvent interférer sur le travail de découpage : seconde équipe, équipe de SFX, encadrement de la production, etc.
Enfin, on achoppe sur un problème qui avait été discuté il y a longtemps ici : l'analyse d'une oeuvre ne sert pas à dire si elle est "bonne" ou "mauvaise" dans l'absolu. C'est illusoire. Elle permet de décomposer sa mécanique, sa fabrication, ses éléments, comme on analyse, disons, les composants chimiques d'une boisson. Après si ces composants correspondent à ce qui est "bien" à l'instant "t" où a lieu l'analyse auprès d'une personne "x", tant mieux. Mais la définition d'une oeuvre d'artb qui est "bien" ou "mauvaise" reste une subjective : en fonction d'un contexte, d'un lieu, d'une formation intellectuelle, etc...
Maintenant, bien sur, la qualité d'un découpage et d'un montage est importante... Mais... elle n'est pas seule à faire la qualité d'une mise en scène, je pense.
D'ailleurs, sinon, à quoi bon parler des films fantastiques s'ils ne sont que des films comme les autres, si l'on considère qu'ils n'ont aucune spécificité particulière qui les différencie du reste des films ?