Les années 50. L'OTAN trouve enfin l'occasion de neutraliser Le Chiffre, un escroc d'envergure internationale aux origines inconnues (il prétend être amnésique) en marge avec les services secrets soviétiques. L'homme, ruiné, est incapable de rembourser la somme détournée aux services secrets russes, qui ne se doutent encore de rien. Cette somme était censée lui permettre de mettre sur pied un réseau de prostitution, mais 3 mois après l'ouverture de ses bordels, la France interdisait le proxénétisme... Sa seule chance : se refaire en une nuit. Joueur de poker hors pair, le plus grand bluffeur du monde, il organise une sorte de tournoi au casino Royale, en France.
Les services secrets britanniques, prévenus, comprennent qu'il s'agit là d'une occasion en or pour neutraliser Le Chiffre sans le tuer, et sans en faire un martyr aux yeux des services secrets russes, qui chercheraient sinon à le venger. Leur solution : le battre au poker pour le ruiner, l'empêcher de rembourser sa dette, et laisser les Russes l'éliminer. Pour cela, M (un homme, pas comme dans les films) choisit un double 0, pas forcément le meilleur, mais le plus doué au poker et aux nerfs d'acier. Bond. James Bond.
CASINO ROYALE est un livre surprenant. On s'attend volontiers à un roman de gare, de la littérature sitôt lue sitôt oubliée, or dès les premières lignes Fleming impose une ambiance, un style, et surtout un personnage. Nous sommes tout de suite plongés dans le casino Royale, quelques heures avant la partie, le coeur de l'intrigue. Après un retour sur les enjeux de la mission, les péripéties ne tardent pas. Il est d'ailleurs curieux de constater que ce qui passe aujourd'hui pour des clichés soient ici aussi bien amenés, peut-être grâce à l'expérience de Fleming en tant qu'agent secret et au réalisme du tout qui, véritablement, nous implique dans l'histoire de Bond.
Bond qui se montre tour à tour séducteur et froid avec Vesper, pour ne pas la laisser tomber amoureuse, Bond qui ne dit pas un mot sous la torture, Bond qui se moque de savoir Vesper violée ou tuée car, après tout, "elle connaissait les risques de la mission", Bond qui nous raconte comment il a obtenu un de ses deux 0, en tirant d'un immeuble à un autre dans la bouche d'un cryptologue japonais...
On a beaucoup parler d'un "retour à un Bond plus dur" vis-à-vis du film, et en effet, le Bond de Fleming est un dur, un psycho-rigide, plus proche de l'idée qu'on se fait d'un agent secret. On retrouve toutefois cette classe, ce goût pour le luxe largement exploité dans les films.
Il est aussi curieux de constater que le livre est quasiment un huit-clos, avec des aller-retours entre le casino et l'hôtel, là où les films font le tour du monde... Pourtant, Fleming reste dans la logique d'une mission dans un endroit précis, encore une fois de manière plus réaliste que dans les films...
Editions Bragelonne (un petit éditeur, donc en achetant le bouquin vous leur permettrez de gagner des brouzoufs pour éditer des auteurs inconnus), environ 10E (honnête vu le soin apporté au bouquin).
