Un lieutenant de police enquête sur un fabuleux hold-up survenu en plein coeur de San Francisco où 4 millions de dollars d'héroïnes ont été volés et un meurtre commis...

Troisième enquête cinématographique du détective Gibbs (Sidney Poitier, un peu moins coincé que d‘habitude, peut être parce qu’il commence à bien connaître le rôle), après In the heat of the night (souvenir très lointain d’un truc pas mal mais un peu lourdaud) et Call me Mister Tibbs (vu beaucoup plus récemment mais là, c’est le blackout, aucun souvenir de la chose), The Organization me semble être le meilleur opus de cette trilogie. Ca démarre pas mal du tout, sur un longue séquence prè-générique de cambriolage sans parole, façon Du Rififi chez les hommes (en moins marquant, bien sûr), accompagné au bout d’un petit moment par une très intéressante (une de plus) partition jazzy expérimentale de Gil Mellé (qui ici remplace Quincy Jones, compositeur des 2 premiers Tibbs). Puis notre représentant de l’ordre préféré rentre en scène avec le sérieux papal qu’on lui connaît et l’on s’installe confortablement dans une intrigue un chouia complexe mais relativement bien exposée par le scénariste James R. Webb. Pas vraiment un manchot d’ailleurs ce dernier puisqu’on lui doit tout de même les scripts de Vera Cruz et Apache d’Aldrich ainsi que celui du magistral Cape Fear de Lee Thompson.
L’intrigue est d’ailleurs très intéressante dans les dilemmes moraux qu’elle soulève, Tibbs se retrouvant ici à protéger à l’insu de ses collègues, qu’il soupçonne d’être corrompus, un groupe d’étudiants révolutionnaires parti en guerre contre la Mafia. Contestation de la jeunesse, trafique de drogue, flics plutôt faillibles : l’ensemble se veut donc dans l’air du temps d’alors et la réalisation du téléaste Don Medford (auteur du grâtiné Les Charognards) emboite assez bien le mouvement à cette ambiance morose pré-Dirty Harry / French connection. C’est filmé majoritairement en extérieur pour plus de réalisme, le montage est nerveux, la tension constante menant parfois à des séquences d’une violence froide qu’on ne cherche plus à masquer, violence non dénuée ici, pour le petit plus, d’une pointe de cruauté (cf. le portrait des tueurs de la mafia).
Autour de Sidney Poitier, que du bon avec quelques futures vedettes ciné (Raul Julia) et télé (Daniel J. Travanti, Bernie Hamilton, Max Gail), une futur star de la blaxpoitation (Ron O’Neal) et plusieurs solides seconds rôles (Sheree North, Allen Garfield, Graham Jarvis, Billy Green Bush).
Bref, pas un classique mais un excellent petit « street polar », comme ils disent sur Ciné Polar, là où je l’ai dégotté.