Retour en Normandie de Nicolas Philibert (2007)

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White Snake
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Retour en Normandie de Nicolas Philibert (2007)

Message par White Snake »

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Vu hier soir en avant-première en présence du réalisateur à la cinémathèque.

Résumé sur Allociné :

En 1975, alors jeune assistant, Nicolas Philibert participait à l'aventure exceptionnelle du film de René Allio, Moi, Pierre Rivière... Ce long métrage racontait l'histoire d'un fait divers survenu dans le bocage normand en 1835, selon lequel un jeune paysan de 20 ans avait égorgé à coups de serpe une partie de sa famille. Tourné non loin de l'endroit où le triple meurtre avait eu lieu, le film d'Allio allait devoir une grande part de sa singularité et de sa force au fait que la plupart des rôles avaient précisément été confiés à des paysans de la région.
30 ans ont passé. Aujourd'hui, Nicolas Philibert a décidé de les retrouver, aussi bien pour évoquer cette aventure partagée que pour les filmer dans leur présent.



Un documentaire qui fait aussitôt penser à Van Der Keuken dans son approche quasiment autobiographique. A l'heure où les making-offs consensuels se développent de plus en plus avec le support dvd, Nicolas Philibert nous livre une réflexion sur ce qu'un film peut entrainer comme répercussions sur la vie de ceux qui y sont impliqués. Bien plus qu'un film sur la mémoire, le documentaire propose un multiple temporalité pour une enquête, que dis-je une quête d'identités. Il y a déjà l'histoire de Rivière évoquée via le film d'Allio mais c'est aussi l'histoire d'Allio et le tournage de son film, c'est aussi celle de Nicolas Philibert alors jeune assistant, celles de paysans qu'on sollicitent pour un film.
Certains protagonistes de ce documentaires se confient devant la caméra qui ne cherche même pas à nier le processus de réalisation en laissant les passages que les dits intervenants voulaient voir couper et profite d'une complicité extraordinaire acquise du fait de cette expérience commune du film d'Allio pour capturer des moments d'une sensibilité étonnante.
Cinéaste humain qui use des sujets de ses films comme un moyen pour exorciser ses questions intérieurs, Philibert revient aussi sur une introspection personnelle quant à son rapport au père, au cinéma et à la vie qui s'écoule.
Au-delà de ces premières thématiques d'autres viennent se greffer sur un film construit comme une sorte de diamants aux multiples facettes que l'on fixe par le prisme d'un sujet prétexte et l'on découvre ainsi comment certains acteurs se sont fondus avec leurs personnages, ont été absorbés jusqu'à une quasi-identification des plus troublantes avec leur rôle. Aubert à qui l'on confie le rôle de Rivière guidé par Dieu pour tuer finira par revenir comme missionnaire cherchant à améliorer la vie des autres à Haïti, une femme se confie et regrette qu'on la nomme parfois en plaisantant la "méchante" car elle interprétait ce rôle dans le film d'Allio, une autre jouant le rôle de la fille Rivière ayant échappé au massacre s'emeut de découvrir dans des registres généalogiques que celle qu'elle incarnait n'a vécu que jusqu'à 23 ans... déçue que son alter ego n'est pas mieux réussie sa vie. Un autre encore se livrera quant à l'expérience formidable de ce film qui l'a ouvert au théâtre et lui a permit d'acquérir une famille lui qui n'en avait pas.

Ce documentaire tout entier dédié à l'individu constitue une rare leçon d'humanité en plus d'un bel hommage à la force du cinéma. A voir ABSOLUMENT

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Plisken
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Message par Plisken »

Je reviens de l'AVP de Genève en présence de Nicolas Philibert.

S'entrechoquent encore dans ma tête ces images de naissance et de mort qui imprègne tout ce film. C'est lent mais puissant, c'est destructuré mais limpide, c'est mélancolique, quelques touches d'humour viennent parsemer cette histoire qui raconte, en définitive le réalisateur qu'est devenu Nicolas Philibert. La filiation est peut être aussi le thème sous-jacent de cette belle histoire sordide pleine d'émotions.

Philibert nous a expliqué que les fils conducteurs (naissance, cochons, mort, maladie) sont arrivé par hasard et que tout c'est joué au montage... comme souvent.
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