Dick Kanipsia, ancienne vedette des terrains de football, sort de prison, où il vient de passer deux ans pour vol de voiture. Sur la côte californienne, il retrouve un ancien codétenu, Harry Moss. Peu après, ce dernier est froidement abattu. Mais avant de mourir, il a le temps de confier à Dick un secret : s'il va trouver un certain Barry Fenaka, Dick pourra mettre la main sur un important butin. Rien moins que trois cent mille dollars, jadis dérobés, et à présent judicieusement confiés à un avocat chargé de les faire prospérer

Ecrit par WD Richter, futur réalisateur des Aventures de Buckaroo Banzaï (et scénariste du Stealth de Rob Cohen) Slither marque les débuts de Howard Zieff à la mise en scène. Placée quasi exclusivement sous le signe de la comédie, la courte carrière de ce dernier – 9 films en tout – alternera à part à peu près égale le bon (Hearts of the west, évocation douce-amère d’Hollywood au temps du muet avec Jeff Bridges en cow-boy d’opérette, House calls), le moyen (Private Benjamin et My Girl) et le pas bon (Unfaithfully yours), mais aucun de ces films ne me parait atteindre le niveau d’excellence de ce savoureux road movie, adroit mélange d'étude de caractère et de suspense nonchalant.
Premier atout de Slither : sa galerie de personnages comique croquée avec beaucoup de tendresse par Richter. Soit une belle équipe de bras cassés évidemment mal assortie, réunissant James Caan en ex-joueur de foot passé par la case prison un peu benêt et un peu trouillard (un rôle qui rappelle par moment celui de qu’il tenait dans le très bon The Rain People de Coppola), Sally Kellerman en douce-dingue pot de colle qui n’arrête pas de causer, Peter Boyle en animateur de soirée ringard flanqué de sa petite femme toute effacée. Des gentils paumés et gens simples qui traversent une Amérique rurale ensoleillée et un peu fauchée à la recherche d’un magot apparaissant au fil de l’histoire de plus en plus hypothétique. L’intrigue vagabonde, tout en maintenant avec ce qu’il faut d’humour un brin de tension via l’omniprésence de ce mystérieux van noir qui suit partout nos sympathiques anti-héros. On sent bien à travers les dialogues, bourrés d’ironie, la mise en scène malicieusement effacée de Zieff et la drôle de partition musicale de Tom McIntosh, entre jazz old school et pop seventies, que cette aventure ne va pas nous mener bien loin. Mais ça, on s’en moque car le plus important ici n’est évidemment pas la progression de l’intrigue policière ni son dénouement, mais le plaisir que l'on prend à se ballader, voire à tourner en rond, avec tout ce petit monde. Ce qui n’empêche pas Zieff de nous offrir une courte mais remarquable séquence d’action automobile en fin de métrage.
A retenir également une très belle photographie sans artifice de Laszlo Kovacs, dans la lignée de ses précédents travaux sur Easy rider et le Targets de Bogdanovich, que l'on peut pleinement apprécier sur la copie remasterisée du film que propose actuellement TCM.
A voir peut-être comme le versant comique de L’épouvantail de Schatzberg.