I Ladri - Lucio Fulci (1959)

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manuma
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I Ladri - Lucio Fulci (1959)

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Expulsé par les autorités américaines, le célèbre gangster Joe Castagnato débarque par bateau à Naples avec, dans ses bagages, planquée dans des conserves de marmelade d’ananas, la recette de son dernier larcin.

Image
www.luciofulci.fr


I Ladri est la première réalisation de Lucio Fulci. Le futur maître de l’épouvante à l’italienne en est également l’un des 6 (!!) scénaristes, aux côtés de quelques pointures à venir de la comédie italienne – chacun dans des univers différents – comme Ottavio Jemma, collaborateur de plusieurs très bons films de Festa-Campanile des années 70, Marino Onorati, qui se spécialisera par la suite dans les exploits sexy-comiques de Gloria Guida et Edwige Fenech, ou encore Nanni Loy, réalisateur d’ambitieuses tragi-comédies sociales au style semi-documentaire telles que Detenuto in attesa di giudizio, Sistemo l'America e torno ou Café Express.

Une jolie réunion de talents en germe donc, au service d’une œuvre très attachante même si incontestablement mineure pour la grande comédie all’italiana comme pour Fulci lui-même, qui signera nombre de films plus originaux et marquants au cours de sa carrière. Il n’empêche : pour un produit dérivé picorant dans la gamelle du Pigeon de Monicelli, I Ladri possède sa propre petite personnalité, fruit sans nul doute de la grande variété de styles comiques engagés du côté de l’écriture.

Déjà le film se démarque de son illustre modèle en proposant une intrigue policière plus élaborée. Si la recherche d’effets comiques et de bons mots demeure évidemment prioritaire, on mise donc également sur l’instauration d’un petit suspense, avec ici et là quelques amusants rebondissements fantaisistes éloignant le film de la ligne néo-réaliste du Pigeon. Ajoutons à cela une inutile séquence cabaret coquine adroitement placée en milieu de métrage et, d’une façon plus générale, des moyens financiers que l’on sent limités, perceptibles notamment à travers la pauvreté de certains décors (pauvreté fort heureusement appropriée en la circonstance) et on obtient au final une œuvre nettement plus ancrée dans le cinéma de genre et d’exploitation au sein duquel se distinguera Fulci ultérieurement qu’une pure comédie italienne dans la tradition des Germi, Risi et Monicelli. Certes, en s’attardant un peu dans sa première partie sur la vie misérable de Vincenzo Scognamiglio et sa petite famille (sans doute l’apport de Nanni Loy au scénario), I Ladri reste très ancré dans la veine socio réaliste du cinéma italien de son époque. Mais on ne sort malgré tout jamais vraiment d’une certaine forme de bis ici, à la diffèrence par exemple d’un Hold-up à la Milanaise, la très honnête suite du Pigeon exécutée l’année suivante par Nanni Loy lui-même.

L’interprétation n’a sans doute rien de mémorable mais elle ne déçoit pas non plus. On y retrouve la mignonne Giovanna Ralli, future héroïne de La Polizia chiede aiuto de Dallamano, ainsi que le toujours succulent Toto, en commissaire de police irascible et faussement naïf. Crédité au générique comme participant exceptionnel au film, son temps de présence à l’écran s’avère au final étrangement aussi important que celui de Giovanna Ralli et Armando Calvo, les deux vedettes du film.

Un charmant premier film donc que ce I Ladri, à côté duquel on aurait tort de passer en s'imaginant un simple ersatz un peu fauché du Pigeon.
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