Il demeurera le marginal du cinéma francais d'alors, écumant les scènes avant gardistes qu'il assombrit de sa maigreur et de son regard fievreux éclaircissant un visage d'ange
. Personnage christique, fou comme seuls les artistes peuvent l'être, il sera à jamais cet être nevrosé à l'instar des rôles qu'il aimait interpréter, une vie jonchée de tragédies aux couleurs de l'Enfer dans lesquels il s'est trop souvent perdu.. Voici un nouveau Top sex symbol consacré à PIERRE CLEMENTI!
Né à Paris en 1942 d'un père inconnu et d'une mère corse, Pierre, abrège très tôt sa scolarité et son stage de télégraphiste pour suivre les cours d'art dramatique du Vieux-Colombier aprés avoir été repéré par le futur cinéate André Almuro.
Pour payer ses études il est groom d'hôtel, tailleur de pierres...
C'est à cette époque, nous sommes au début des années 60, qu'il se lie d'amitié avec deux débutants aussi passionnés que lui: Bulle Ogier et Jean-Pierre Kalfon.
Ils vont dés lors formés un trio d'amis qu'une toute jeune Valerie Lagrange va rejoindre. Ils partagent le même appartement et les mêmes passions pour les paradis artificiels et leur soif de liberté.
La vie est dure, les galères au quotidien qu'on oublie dans des volutes de fumées interdites ou de substances illicites entre deux fêtes.
Pierre est un être marginal, qui a ses idées bien à lui et un caractère de corse, ses coleres sont violentes et sa vie dissolue de marginal et de poète accentue ses états.
C'est Yves Allegret qui lui offre sa 1ere chance au cinéma en 1960 dans un court rôle pour CHIEN DE PIQUE.
Pierre va ainsi aller de petits roles en petits roles jusqu'au jour où Visconti le remarque et lui offre un premier vrai même s'il est assez court dans LE GUEPARD.
C'est Bunuel qui lancera réellement sa carrière avec BELLE DE JOUR où il est l'amant sadique maltraitant Catherine Deneuve. Sa carrière cinéphilique est lancée et Pierre enchaine les films: L'homme qui rit, Un homme de trop ou Cent briques et des tuiles.
Son visage d'ange juvénile, son regard sombre, son corps émacié en font la parfaite incranation du marginal et c'est dans ces roles qu'il va exceller et se specialiser.
Personnages nevrosés, nevrotiques, rebelles et libres, il les collectionne, se cantonnant dans des oeuvres avant gardistes dont il devient le chef de file. On le voit chez le maitre Pasolini pour le très metaphysique PORCHERIE avec le prince de l'avant gardisme Jean Pierre Leaud, BENJAMIN OU LES MEMOIRES D'UN PUCEAU de Deville où il est le puceau du titre, LAMIEL, LES IDOLES...
Pierre represente l'ambivalence de ce cinéma moderne lumineux et sombre, le cinéma de la beauté et de la dégradation, de la célébrité et de la clandestinité.
Dés lors Pierre, fidèle à ses principes ne participera plus qu'à des films d'auteur, intimistes, souvent dur d'accés.
Parallèlement il mène une vie theatrale, le theatre experimental, le théatre de l'image.
Tout pourrait être parfait si Pierre ne se détruisait pas. Outre ses colères noires, il use et abuse de drogues de toutes sortes, les acides coulent dans ses veines se mélangeant à l'alcool.
Dans ses délires, il se sent de plus en plus investi d'une mission divine. Son état se déteriore et plus le temps passe plus Pierre se prend pour le Christ. Un jour il sera arreté par la police, déambulant nu dans les rues de Paris, se prenant pour le Messie.
Pierre est un mystique, il cherche sans cesse le but de la vie, de sa vie. Il se perd dans ses philosophies, il fait partie de ses artsites à fleur de peau dont tout le talent provient de leur folie interieure et de leur mal être.
Ses amis de toujours Kalfon, Bulle Ogier et valerie Lagrange avec qui il partage souvent l'affiche, sont à ses cotés, partageant sa vie, ses folies avec sa femme et son fils.
Paris est un immense squat et mai 68 brule la capitale.
Pierre incarne en 68 toute cette jeunesse bordée de rêves, il est un symbole et un sex symbol mais pourtant il a toujours refusé ce statut, s'habillant de guenilles et crachant sur une carrière à la Depardieu.
Il refuse d'etre dans le Satyricon de Fellini pour jouer un film fauché avec Garrel, Le lit de la vierge.
Pierre aligne les films de plus en plus difficiles voire radicaux. Il est à l'affiche de LES CANNIBALES de Liliana Cavani où il apparaît nu
un tiers du metrage aux cotés de la Ekland, PARTNER de Bertolucci, ET SI ON FAISAIT L'AMOUR, le scabreux SWEET MOVIE avec Carole Laure mais surtout LA VOIE LACTEE de Bunuel, LE CONFORMISTE.Il devient l'ami et l'ombre de Garrel pour ses experiences cinématographiques extremes et radicales avec LE LIT DE LA VIERGE de Garrel et LA CICATRICE INTERIEURE.
En 1972 il refuse Les valseuses qu'il juge trop commercial mais se retrouve en prison à Rome pour 17 mois pour detention de drogues. C'est là qu'il écrit son livre « Quelques messages personnels ».
Cet emprisonnement qui l'affecte encore plus le renforce dans sa marginalisation et son radicalisme. La presse mobilisée, il est libéré pour insuffisance de preuve et Pierre crie que son arrestation est due a ses idées politiques d'extreme gauche.
Pierre trouve dans le cinéma l'occasion d'exprimer le meilleur de lui-même, sous le signe de la violence, de la révolte, de l'onirisme, de l'introspection où même du cannibalisme.
Avec l'avenement des nouveaux courants venus de Hongrie, d'Amerique du Sud ou de l'Ibérie, Pierre va experimenter d'autres genres.
Il poursuit sonc son chemin erratique avec des films de plus en plus hermetiques dont JUPITER, LA LECON DE CHOSE de Lagrange ou NECROPOLIS avec Tina Aumont.
On le voit aux cotés de Tomas Milian dans le magnifique VICTIME DESIGNEE de Maurizio Lucidi. On citera aussi parmi ses films les connus, LA PACIFISTE de Miklos Jancso, LE FILS D'AMR EST MORT de J.J Andrien, LA PASSION de Lagrange, LA FAMILLE, BERCEAU DE CRISTAL avec la chanteuse Nico.
En 1978 il est le protagoniste principal du trés controversé et osé LA GAMINE, jouant un soldat à jamais traumatisé par la guerre vivant une relation amoureuse avec une fillette de 12 ans à qui il fait l'amour, le réalisateur, Mimmo Cattarinich, aimant filmer nue la toute jeune Katya berger, sa camera glissant sous ses jupes pour visiter son entre jambe dans des flous artistiques somptueux.
Pierre continue son chemin avec entre autre QUARTET d'Ivry, CANICULE de Boisset, CLASH de Delpart, LE PONT DU NORD de Rivette, LA CHUTE DE LA MAISON USHER pour feue FR3, IL EST DIFFICILE D'ETRE UN DIEU, LA CHANSON DE ROLAND...
Pierre réalisera aussi des courts metrages trés underground, borderline et introspectifs, veritables dérives poetiques prenant souvent Paris comme theme dont La révolution continue, Visa de censure X, Ce n'est qu'un début, Soleil...
Pierre decedera en 1999 d'un cancer du foie à 57 ans.
Pierre Clémenti est à jamais le comédien de la démesure, de la contestation et d'un cinéma volontairement dérangeant, un cinéma undrerground et hermetique auquel sa personnalité nevrosée a donné toute sa force, un illuminé de l'esprit qui illumina la toile de tout son mal être. Il était aussi lumineux que mysterieux et c'est dans la tombe qu'il a emporté son mystère.
Un regard charbon semblant percer une âme aussi tortueuse que ses oeuvres..
Pierre, la fragile beauté de la nevrose.. sex symbol desincarné, Pierre, la froide lumière de la beauté mystère..
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