Le cannibalisme au cinéma bien avant la vague italienne avait déjà été utilisé dans quelques oeuvres le plus souvent marginales ou underground et ce Terror at red wolf inn en fait partie. Son sujet n'est pas nouveau et Townsend n'innove en rien mais plus qu'un film d'horreur, c'est surtout ici une comédie horrifique dont il s'agit.
Et fort heureusement d'ailleurs car cette Auberge ne se prend jamais au sérieux et c'est peut être ce qui fait son charme, un charme parfois grinçant.
De suspens le film en est totalement dénué. Dés les dix premières minutes on devine ce qui se passe derrière les murs de cette délicieuse petite auberge tenue par de si charmants vieillards, si humbles et altruistes.
Il est fort dommage pour cette pauvre Regina qu'elle mette une heure à comprendre ce que nous avons tous compris en quelques minutes mais Townsend fait tenir son scénario là dessus, donnant par instant un coté lassant à l'ensemble.
D'autant plus que si suspens il n'y a point, horreur et gore sont tout aussi absents si ce n'est par légères pointes en fin de bobine. Le film souffre donc de cet etirement inutile et le cabotinage et l'humour souvent noir des personnages ne suffisent pas toujours à relever l'ensemble.
Dommage car L'Auberge de la terreur possède de belles qualités dont quelques uns des personnages font partie. Ce couple de vieillards a son charme, leur dialogue à double sens, leur dévotion troublante, leur insouciance mais surtout cette folie qu'ils laissent éclater en toute fin de film, pleurant pour l'un ses malheureuses plantes écrasées comme s'il s'agissait d'enfants et pour l'autre le pauvre chien tué par Regina alors que durant tant d'années tout deux assassinent et consomment leur clientèle de la plus abominable façon.
On songe de suite au couple de Motel Hell quelques années plus tard tant dans le fond que la forme.
Le peersonnage de Bébé John est peut être le plus interessant, déchiré entre sa dévotion pour ses grands-parents et l'abomination des actes auxquels il voudrait enfin échapper mais quelque chose au fond lui l'en empêche, son amour soudain pour Regina compliquant sa situation et décuplant sa folie. Amour de la chair dans tous les sens du terme.
Ses coups de folie donnent par moment des sequences étonnantes de par leur comique et leur totale inutilité comme celle où, déchainé, il tue sans raison un requin en l'ecrasant telle une crepe contre une pierre avant de déclarer d'une voix penaude à une Regina éffarée: I love you!

Le problème est que le scenario ne s'encombre jamais de détails et tout est laissé à l'état de brouillon.
Les questions s'accumulent alors et plus rien n'est crédible. Qui est donc ce couple? Quelles sont leurs motivations? Comment peuvent ils depuis tant d'années s'affairer à leur petite cuisine sans souci? Pourquoi cette haine face à l'être humain, détonateur à leur folie cannibale? Quel est le passé de bébé John et quel est ce lien qui l'unit a ses grands-parents?
Sans parler de certains personnages fantomes comme le sheriff qui s'avère être le frère de Bébé John où les réactions de Regina totalement empotée et godiche face à la situation.
Les bonnes idées ne suffisent donc pas à soutenir l'interet de l'ensemble qui se laisse regarder distraitement d'autant plus que la réalisation de Townsend est terne et sans réel punch.
Niveau horreur, on retiendra le premier long repas où on insiste sur la nourriture croquée à pleine dents, de magnifiques cotelettes qu'on devine contrairement aux gourdasses qu'elles sont humaines, donnant à la séquence un coté totalement glauque.
La découverte de la chambre froide et des têtes dans le frigo restera un des rares moments d'horreur du film.
Reste une séquence étrange à la fois comique et perverse dans son sens profond, la punition de Bébé John s'étant enfui avec Regina.
Rattrappé par sa grand-mère, il recoit une bonne fessée à la ceinture aprés avoir du se déculotter


A elle seule, la séquence résume la soumission du jeune homme et le lien qui l'unit à ses grands-parents, son déchirement entre une vie normale et ce lien plus fort que tout contre lequel il ne peut lutter.
Superbe séquence qui mena Eric aux limite de l'extase, quoi de plus merveilleusement excitant que l'humiliation d'un bellatre se decullotant en public pour recevoir une bonne fessée, fessard offert!!


La version francaise semble avoir été amputée puisqu'il est fessé sur son petit slip blanc

Le final reservera une petite surprise même si mal emmenée et quelque peu incompréhensible, la belle trouvaille du film étant son générique de fin présenté comme un menu de restaurant.
Petit classique d'un certain cinéma de série B typiquement 70s, L'auberge de la terreur malgré son scénario sans surprise et au ras du sol niveau histoire reste assez plaisant et se laisse regarder gentillement en guise de hors d'oeuvre avant un vrai bon film cannibale.
Niveau distribution, Mary Jackson habituée aux roles de maratres et Arthur Space forment un petit couple délicieux.
Niveau chair fraiche, de la bonne viande à déguster saignante, de la pulpeuse faraude puisqu'au menu l'hetero gourmand aura de la blonde, la Wood, de la black à coupe afro, la Avery et en plat de résistance dans la peau de l'heroine peu degourdie et très nunuche, la Gillen.
Eric lui n'avait d'yeux que pour le jeune et blond John Nielson aujourd'hui décédé


Le corbeau carnassier mais non comestible qui adore donner la fessée!
