

Voir et parler de La croce dalle sette pietre restera encore longtemps pour le bissophile un réel bonheur, véritable gemme de série Z nullissime mais O combien jubilatoire pour son n'importe quoi et ses effets éculés qui en feront pleurer de rire plus d'un.
Ce n'est pas pour rien que ce film entretient sa réputation du film le plus incroyablement mauvais du Bis italien.
Réalisé par Marco Antonio Adolfi qui en est également le scénariste et l'acteur principal- rien que ça

Rien de très original donc mais à la lecture de ce scénario confetti on est loin d'imaginer le film en lui même.
Ce sont déjà les invraisemblances qui se multiplient sur 90 minutes à croire qu'Adolfi a eu bien des absences lors de son ecriture.
Venu de Naples, Marco rejoint Rome pour voir sa cousine qu'il n'a plus vu depuis 20 ans suite à une lettre écrite par la meilleure amie de celle. Mais à la gare, il n'y a ni cousine ni meilleure amie mais une inconnue se faisant passer pour la cousine en question.
De ces gens on n'entendra plus parler alors, Adolfi les raie de son histoire. C'est une prostituée au grand coeur qui remplacera ses personnages invisibles servant juste de base à cette abracadabrante aventure. Et la catin a l'esprit très ouvert puisqu'elle accepte tout sans sourciller y compris que Marco soit un lycanthrope.
On ne compte plus les personnages qui disparaissent sans raison, les scènes inutiles qui servent de remplissage et surtout les incohérences, atteignant des sommets d'aberration lors des séquences de flashes-back qui parsèment le film.
Si on subit les mêmes images à répetition, on se perd dans le labyrinthe du temps. Ainsi, le gourou de la secte appartient au passé mais pourquoi Diable pourchasse t'il sans raison notre héros dans le présent?
A quoi servent ces scènes où on voit la mère du heros copuler avec le Diable, mère qui n'appporte rien au scénario?
Pourquoi ces orgies devant l'autel comme si Adolfi s'était dit qu'il fallait absolumment des séquences de sexe dans un film de lycanthropie et en avait donc intégré sans aucune autre raison?
On pourrait en enumérer des tas d'autres mais par compassion pour Adolfi on les passera sous silence sans toutefois oublier de mentionner cette hallucinante trouvaille scénaristique: A cours d'idée, notre pauvre héros va aller trouver le chef de la camorra en personne afin de voir s'il n'a pas récuperer son précieux bijou!!!
On ne mentionnera pas les dialogues d'une niaiserie à faire pleurer de rire un mourant ni le jeu catastrophique des acteurs.
Ce qu'on ne peut ignorer cependant ce sont les effets spéciaux digne de Meliès.
Ainsi le Diable est ici une irresistible et molassonne réplique naine de Chewbacca, clodiquant à travers un couloir, ses splendides yeux rouges clignotant, soit deux ampoules de Noël insérées dans son masque, avant qu'il ne disparaisse soudainement grâce à un splendide effet qu'on n'avait plus vu depuis le cinéma muet.
Mais le plus hallucinant ici est notre loup garou. Portant une paire de gants MAPA digne d'un costume pour train fantome, Adolfi s'est simplement recouvert le visage d'un splendide masque trop grand qui ne lui cache que les yeux, rapellant sans effort ces masques si judicieusement nommés « Loup » que l'on porte lors des bals costumés.
Ce magnifique masque est surmonté d'une perruque dans le plus pur style Keoma du plus bel effet mais le minuscule budget du film n'ayant pu supporter plus de frais, notre lycanthrope est totalement imberbe et se promène nu, les fesses à l'air, un petit mouchoir vert olive collé sur le pubis lui servant de cache sexe

Si on s'etonnera d'une telle métamorphose, on ne cherchera pas à comprendre pourquoi il arbore une dentition digne d'un spot publicitaire ni pourquoi une fois redevenu humain, il se retrouve habillé, ses manches déchirées, un peu comme Hulk, mais sans chaussures. Etrangement, une fois la malédiction levée, lors de son ultime métamorphose il se retrouvera cette fois nu dans les bras de l'heroine.

Adolfi se laisse aller à quelques plans qui se veulent gore, soit un délicieux visage qui fond en fondus enchainés comme au bon vieux temps du cinéma des années 50 et une magnifique explosion de poitrine soit une baudruche en plastique gonflée au gaz et remplie de boyaux.
L'ensemble est d'une laideur qui n'a d'égal que celle des décors. La secte, soit 4 ou 5 figurants qu'harrangue notre gourou en lévitation ( en fait monté sur une estrade mal dissimulée), se retrouvent coincés dans un minuscule coin de studio en carton, les séquences d'orgie soit 2 couples nus, sont aussi molles que la chair flasque des sbires ventripotentes qui les fouettent de façon anémique.
On ne compte pas les faux raccords, le plus beau étant celui où notre héros se prend un coup de poing au visage mais tombe deux secondes plus tard en se projetant lui même contre le mur!


Puisqu'il fallait une fin, Adolfi fait soudainement réapparaitre sans raison comme un cheveu sur la soupe le voleur du pendatif dans la chambre d'une pauvre medium subissant les assauts du loup garou qui bavent du.. yaourt



Quoi de plus normal qu'il lui rende son pendatif sans sourciller et s'en aille afin que notre pauvre loup redevienne humain dans les bras de la prostituée qui elle aussi est arrivée comme le mot FIN.
La croce delle sette pietre ne fut jamais distribué en salles en Italie, les distributeurs ayant toujours refiusé de le sortir au vu de son incommensurable médiocrité.
Aux cotés d'Adolfi, le pauvre Gordon Mitchell en gourou apparaît et disparait au bon gré du réalisateur.
Le film fut le dernier que tourna une Annie Belle en fin de parcours, incarnant notre prostituée, la Belle méconnaissable et bouffie qui aujourd'hui n'a aucun souvenir d'avoir un jour tourné cette plaisanterie, trop dépendante alors de l'alcool dit elle. Cela vaut peut être mieux pour elle de ne pas s'en souvenir.

Si on pensait avoir atteint avec Horror ou Werewolf le fond du panier du film de lycanthrope, La croce dalle sette pietre les dépasse aisément et de loin. Un joyau de n'importe quoi qu'on a honte de regarder et surtout d'apprécier d'un plaisir coupable!
Le corbeau qui croque les soirs de pleine lune les jeunes loups!
