Je comprends fort bien cette fidélité, mais pour ce film précis, il serait intéressant de tenter ce "très gros travail numérique", ne serait-ce que pour voir ce qu'on obtient.Mais qu'ils n'ont pas cherché à effacer les rayures et à affuter la définition... Ce qui aurait été en partie possible avec un très, très gros travail numérique. Peut-être aussi une telle intervention aurait été "éthiquement" discutable pour un institut de restauration très à cheval sur la fidélité à la source argentique...
La bonne idée de la restauration Murnau, c'est aussi de placer ces images, venues d'une copie 16mm, dans le cadre de ce qu'aurait donné une image intégrale 35mm, avec pour résultat des bords noirs. Ca a le mérite, même si l'image évidemment reste tronquée, de garder les proportions des personnages par rapport à un écran donné pour l'ensemble du film. "Zoomer" sur ces image aurait faussé la perspective. Par ailleurs, on peut aussi imaginer qu'avec un autre gros, très très gros (!) travail numérique, on pourrait aussi remplir ces bandes noires en imaginant ce que pouvait être le reste de l'image. Pas très éthique, sans doute... mais qui sait, après tout, quand on restaure un monument, certains pierres ne sont plus utilisables, on les remplace par d'autres certes semblables, mais pas authentiques... Ce qui compte, c'est l'impression d'ensemble. Non ?
En tout cas, l'immense mérite de cette restauration, encore incomplète certes, c'est de rendre au film son souffle et sa puissance.
J'ai sans doute été trop sévère pour cette transmission Arte, ayant un peu perdu de vue que le film devait sortir en Blu-Ray, il est évident que je vais l'acheter. Et j'espère aussi, même s'il reste peu de chances, qu'on trouvera encore des copies contenant des scènes perdues, voire les mêmes que sur cette copie 16mm, mais mieux conservées. Le pire, si j'ai bien compris ce qui est dit dans le commentaire du docu, c'est que le transfert de la copie nitrate vers une copie 16 a été effectuée au milieu des années 70. Or, c'est en 1972 qu'avait eu lieu une des précédentes restaurations, j'avais d'ailleurs revu le film en cette occasion. Quel dommage que l'on n'ait pas eu connaissance de cette copie 35, car on peut penser qu'à cette époque elle était encore très utilisable (surtout en 35), sans parler de l'image intégrale qu'elle offrait... Mais l'Argentine ne fait déjà pas grand-chose pour préserver son propre héritage cinématographique - je parle ici du gouvernement argentin, bien entendu, pas des personnes de la Cinémathèque de Buenos-Aires - il suffit de voir en quel état sont les copies de classiques argentins, bien moins anciens que "Metropolis" !!!