


Tonya (Maria isabel Lopez) enseigne la religion dans un village de bord de mer aux Philippines. Son ancienne copine Selda (Sarsi Emmanuelle) revient au village avec son fiancé américain. Mais toutes sont tournés vers Simon qui affole le compteur de toutes les nanas alentours. Les deux amies vont cristalliser la haine des villageois pour filer une gentille apocalypse sanglante.
Résumer Silip tient un peu de la gageure, tant les sous-intrigues sont nombreuses. Et pour le caractériser, on va dire qu'il s'agit d'un sexploitation philippin mâtiné de critique de la religion catholique -sans pour autant prôner le contraire-, le tout baignant dans une atmosphère parfois surréaliste digne de certaines sorties de route à la Bunuel où à la Jodorowsky.
Le film commence (assez atrocement) par le massacre d'un buffle de la part du personnage de Simon. Attention, il s'agit d'un véritable meurtre d'animal, donc âmes sensibles, appuyer sur la touche "fast forward" (comme moi, en somme, je n'ai pas pu supporter la vision assez longue de la mise à mort de la pauvre bete - une chose que je cautionne d'aucune manière). Ensuite, les deux femmes s'affrontent sur le terrain de la morale :Tonya est chaste, se défend de céder au démon (= le sexe, bien sûr!) alors que Selda s'envoie joyeusement en l'air malgré les réticences du village.
En fait, sur les 126 minutes du métrage, on assiste à une succession de scènes olé olé dont deux frolent le hard vers la fin. Mais curieusement, ce n'est pas là l'attrait du film. Il reste assez inclassable au final. Attention, on est bien sur le terrain de l'exploitation sexy, mais la tonalité du propos (une vraie charge contre l'hypocrisie religieuse et l'emprise des dogmes sur la population) étonne. Une sorte d'équilibre entre la sexploitation et le film art et essai.
Une fin très dure, avec décapitation, massacre, viols en réunion, jeunes filles pré-pubère aux désirs exacerbés (et nettoyée à grand coup de sable projeté), frustration sexuelle, et le pire étant probablement la scène finale :
Spoiler : :
L'interprétation oscille entre le risible et le très sérieux, y compris la manière de filmer. On sent le réalisateur tirailler entre donner au spectateur ce qu'il espère (du cul) et la réflexion menée sur les ravages des superstitions et autres jalousies maladives, propres au système philippin et l'irruption des interprétations religieuses que chacun se fait de la bible - pour son propre compte. Naïf, exploitatif, un peu long mais curieusement intéressant malgré ses défaits permanents.
On m'avait soufflé que le film qui a remporté le Grand prix du festival de Gérardmer 2011 s'en inspirait plus ou moins, il y a de ça, en effet...
L'édition Mondo Macabro est assez luxueuse. 2 disques:
1. edition uncut du film en langue tagalog avec sta (+ version doublée US assez hilarante). 1;85:1 et 16/9e. Son un peu étouffé, une copie aux couleurs lumineuses mais dont on sent que le transfert a été effectué d'un matériau qui laisse parfois apparaitre de longues traces jaunatres sur les scènes d'exterieur...
2. les bonus, avec des interviews de Maria Isabel Lopez et d'Elwood perez, des films annonce MM, un point sur le cinéma philippin (hélas en écrit)...