Will McKenna organise une sympathique partie de pêche qu'il espère divertissante, mais le poisson ne veut décidément pas se montrer. Le fait est assez étrange : le coin qu'il a choisi est d'habitude très poissonneux. Alors qu'il s'interroge, son embarcation est attaquée par un animal de grande taille, sûrement un amphibien. Il tente d'alerter les autorités, mais personne ne veut l'écouter. Il se confie à une biologiste, qui accepte de mener l'enquête. Pendant ce temps, la fille de Will et un de ses amis se retrouvent assiégés dans une maison par d'autres amphibiens monstrueux, très certainement venus du fond des âges.
En schématisant un peu, vous trouvez chez Paul Ziller deux grands courants d’inspiration : d’un côté les travaux obéissant prioritairement aux règles du « disaster movies », parfois renforcés d’une petite touche fantastique, de l’autre les essais plus ouvertement horrifiques, avec pour certains d’entre eux une pincée de cinéma catastrophe à connotation écologique. S’inscrivant dans cette dernière catégorie, Troglodyte s’avère une excellente pioche Zillerienne.
Evidemment, je ne nie pas que le scénario manque drastiquement de crédibilité et d’épaisseur. Parmi les petites bricoles qui n’aident pas à prendre l’intrigue toujours très au sérieux, on relèvera le relatif détachement dont font preuve les personnages principaux face aux premiers méfaits de nos troglodytes. L’éminence du danger collectif que représentent la découverte de victimes pourtant littéralement mises en pièces ne semble en effet guère les inciter à davantage de prudence, comme d’ailleurs les pousser à se tourner vers des autorités plus compétentes pour éradiquer le problème. Et même la vision de l’une de ces bestioles, croisée dans les bois par l’un des jeunes protagonistes du film, semble à peine le surprendre. Surréaliste ! Enfin, dans le même registre, on peut trouver curieux que les troglodytes n’utilisent qu’aussi parcimonieusement leur pourtant redoutablement efficace venin mortel, ne les réservant qu’aux victimes « secondaires » du récit. Par conséquent, mieux vaut ne pas regarder le script d’un peu trop près, même si, pour être franc, à ce seul niveau, on a déjà vu bien pire.
Là où Troglodyte donne pleinement satisfaction, c’est dans le rythme qu’il applique à son récit. Un sens du timing impeccable, avec exposition soignée, ni bâclée, ni trop longue, une petite partie enquête bien troussée, menée de front avec une sous-intrigue impliquant la fille du héros, et un dernier tiers plus musclé, réservé au dégommage de troglodytes devenus soudainement beaucoup moins fortiches qu’on ne le pensait. Bref, une absence de temps mort qui fait en parti oublier les imperfections du script.
Venant mettre un peu de sel dans tout ça, Troglodyte propose par ailleurs quelques mises à morts un brin plus vicieuses que la moyenne, les prédateurs-titres commençant en effet par paralyser leurs victimes avant de les dévorer. Le film se montre en outre assez généreux en visions goresques de cadavres déchiquetés. Les amateurs apprécieront !
Niveau effets spéciaux/visuel, ça m’a semblé là encore un chouia supérieur en ambitions à ce que l’on a l’habitude de voir chez Ziller et consort. Au programme : pas mal de CGI bien sûr, mais aussi quelques prothèses à l’ancienne. Qu’il s’agisse de la séquence de tempête qui ouvre le film ou de tout ce qui touche aux troglodytes et à leurs déplacements, le résultat s’avère donc des plus décents.
Enfin, côté interprétation, si sur le papier l’idée de faire jouer les vieux loups de mer à Corin Nemec (qui a des petits airs de Michael Beck ici) pouvait paraître discutable, je trouve au final que cela ne fonctionne pas si mal que ça. Bon, évidemment, Nemec ce n’est pas Robert Shaw, mais, à défaut, son contre-emploi sort un peu le film de l’attendu.
Vu sur la copie VF diffusée récemment sur Syfy sous le titre Carnage en haute mer. Titre au demeurant trompeur car 90% de l’action se déroule au sol. Connu également sous l’appellation Sea Beast.