Au vu des films déjà cités, il y a de quoi être surpris de le trouver aux commandes, en tant que réalisateur et producteur, d'un film historique narrant l'ascension de Jesse Owens avec en parallèle les méandres de la participation des Etats-Unis aux Jeux Olympiques de 1936 à Berlin. Quoi qu'il en soit, sans être un chef d'oeuvre, LA COULEUR DE LA VICTOIRE expose sans ennui un sujet qui aurait pu être un peu laborieux. Evidemment, cela aborde la politique raciale de l'Allemagne nazie mais cela met aussi en parallèle la ségrégation aux Etats-Unis. On ne sera donc pas surpris à ce que le film soit en partie financé, d'un côté on expie les méfaits du nazisme et de l'autre, on rééquilibre l'air de rien pour dire que tout n'était par rose ailleurs. En soit, c'est en tout cas une bonne chose même si on peut se demander si Leni Riefensthal était si sympathique et bienveillante que ça dans la réalité. Car en dehors des nazis en uniforme, les rares personnages allemands ont tendance à nous dire que la politique raciale de leur pays n'est pas à leur goût ou bien qu'ils ne s'y intéressent pas réellement. Sur les deux figures présentées, la cinéaste et le sportif, c'est vrai mais cela donne un aspect biaisé avec d'un côté des dirigeants despotique et maléfique (l'arrivée de Goebbels) et de l'autre une population qui se plie sans avoir le choix. La réalité est certainement bien moins manichéenne.
Côté Etats-Unis, la ségrégation est évoquée mais cela s'adressera tout de même à des spectateurs qui savent un tant soit peu de quoi on parle. Cela dit, je l'ai vu avec ma fille de 13 ans qui venait de terminer le livre "Dans la peau d'un noir". Donc, pas de souci pour elle.
Si l'on peut émettre des objections, LA COULEUR DE LA VICTOIRE est tout de même un film réussi, ménageant le suspense, distillant quelques informations probablement méconnues et se terminant sur un constat assez lourd sur la bêtise du racisme. Les dernières minutes du film sont assez incroyables, tout comme les quelques textes évoquant le destin de Jesse Owens, ainsi que de son adversaire au saut en longueur, après les Jeux Olympiques de 1936.
Pour moi, ça valait le coup de le voir au cinéma même si le sport et les JO, je m'en fous un peu !
