[PIFFF2017] du 5 au 10 décembre au Max Linder Panorama

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Omega
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Re: [PIFFF2017] du 5 au 10 décembre au Max Linder Panorama

Message par Omega » dim. déc. 10, 2017 4:26 pm

Je suis démasqué :mrgreen:

Manolito
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Re: [PIFFF2017] du 5 au 10 décembre au Max Linder Panorama

Message par Manolito » lun. déc. 11, 2017 11:43 am

J4 samedi, la journée la plus problématique à mon sens en terme de programmation, laquelle pose encore la question du cinéma de genre français...

"Revenge" de Coralie Fargeat. Une jeune femme passe une soirée dans une villa isolée au Mexique en compagnie de son riche amant. Mais des amis de celui-ci débarque pour une partie de chasses. L'un d'eux louche agressivement sur la jeune femme...

Bon, un rape and revenge réalisée par une femme, ça donne quoi ?

La différence entre "revenge" et un "I spit on your grave" ou un "Thriller", c'est une scène de viol qui refuse toute complaisance envers le spectateur masculin et sa lubricité présumée. Elle est courte, pratiquement hors champs. Mais le résultat, c'est que cette séquence a peu d'impact.

La violence physique non sexuelle lors de la fuite qui suit est en fait plus marquante et semble plus justifier la violence de Jen que le viol. D'ailleurs, je n'ai pas vu "Revenge" (vous apprécierez le titre super original...) comme un rape and revenge, mais plus comme un rape and survival. Jen ne cherche pas à se venger mais à sauver sa peau. En cela c'est très différent des deux titres précités où la femme victime prépare sa vengeance de façon très élaborée et méticuleuse.

Or le survival français, on en a beaucoup soupé quand même, et on reste ici dans les mêmes clous, dans un cinéma action/gore "dans ta gueule", ressassant les souvenirs de "Haute tension", "La colline a des yeux" version Aja et autres "Frontière(s)"... Du gore bourrin, du gros synthé en musique, des plans iconiques débiles, un scope "pour faire cinéma" souvent peu exploité... La vraisemblance est vite oubliée (effectivement, l'empalement...). Et on a en plus droit une scène de prise de mescal, dans laquelle il faut voir un renvoi à "Blueberry" ? Décidément, l'apologie du LSD et des champignons hallucinogènes à longueur d'interviews par Jodorowski a marqué les jeunes réalisateurs français !

Après, certaines scènes gore fonctionnent dans l'excès (le bout de verre dans le pied !), et la fin dans la villa est le passage le plus intéressant, avec son érotisation des deux personnages (l'homme et la femme) : ça c'est vraiment original et différent, la vulnérabilité impliquée par la nudité est ici partagée. Mais bon, il faut quand même supporter des plans frimes pénibles (le long plan à la steadicam qui part de la douche) et on constate une influence évidente d'"A l'intérieur".

Bref, du cinéma de genre à la français comme on en a beaucoup vu ces quinze dernières années, avec un sentiment de vide, de frime, de maladresse, de bêtise bourrine, qui laisse sur un sentiment mitigé. Pas le pire dans le genre, mais loin d'être le meilleur aussi, "Revenge" m'a paru très moyen. J'ai mis un gentil 3/5...

"Matar a Dios" de Caye Casas et Albert Pintó est une comédie noire espagnole à laquelle j'ai eu du mal à accrocher. La nuit de noël, une famille est rejointe par un étrange nain vagabond qui prétend être Dieu... Le film a pour lui un bon casting non traditionnel, avec des vrais trognes et personnages. On louche vers la comédie noire à l'italienne, vers les souvenirs décapants de Alex De La Iglesia... Mais bon, l'idée est celle d'un court-métrage très étirée, la mise en scène est statique, les 88 minutes sont vite longuettes et je n'ai vraiment pas accrochés à cette comédie frustrante qui m'a un peu fait penser à "Extraterrestrial" de Nacho Vigalondo - ce qui n'est pas un compliment pour moi... Le film s'essouffle vite, se répète. Je lui ai mis 2/5...

"Leatherface" d'Alexandre Bustillo et Julien Maury. Un beau ratage effectivement, je rejoins l'avis d'Omega sur de nombreux points, en particulier sur l'incohérence par rapport à la série.
Spoiler : :
Leatherface qui n'a pas du tout le physique du film de Hooper ; et puis, cette famille déjà repérée par la police, avec des policiers qui disparaissent alors qu'ils enquêtent sur eux : et ils décorent leur maison de restes humains ??? Il n'y a pas eu d'enquête ensuite, alors que la police e bien identifié Jed comme appartenant à cette famille ??? Comment la famille a-t-elle pu continuer ses méfaits dans ces conditions et ne pas être envoyée en taule ??
Il faut reconnaître que "Leatherface" essaie de ne pas rester dans les clous classiques de la série, part dans une autre direction, avec une bonne partie du métrage qui est plutôt un film de cavales, tendance "La ballade sauvage", "Bonnie and Clyde"... Le souci, c'est qu'on a beaucoup de mal à connecter toute cette partie avec la saga "Massacre à la tronçonneuse" : le basculement final du personnage n'est pas clair. La plupart des exactions (parfois bien gratuites, comme la scène de nécrophilie, le massacre dans le resto) sont le fait d'un personnage sans rapport avec la saga. Enfin, bref, tout ça est bien confus et frustrant, et malgré la volonté de faire "autre chose", "Leatherface" laisse sur une impression de frustration.

Ensuite, je n'ai pas compris la présentation des réalisateurs. Le film a été retiré de leurs mains, tronqués de 30 minutes, la fin et le début changés, pour des raisons mauvaises selon leurs propres mots. Ils disent ne pas renier le film, et pourtant ils n'ont pas eu un mot pour vraiment le défendre. Le discours était défensif pour eux en tant que réalisateurs ("on n'est pas des yes man"). Et pourtant ils viennent présenter à un festival un film qui ne correspond pas à leur vision. Un peu comme si Terry Gilliam ou Orson Welles venaient présenter à Cannes leur version massacrée de respectivement "Brazil" ou "La splendeur des Amberson"... Je pense que si on se rend dans un festival de passionnés, c'est pour présenter et défendre une oeuvre dont on est fiers, où au moins d'où on reconnaît la paternité clairement et on assume le résultat. Bref...

"Downrange" de Ryuei Kitamura a heureusement remonté la barre de ce samedi qualitativement difficile ! Plusieurs jeunes gens envoiture crèvent un pneu dans un vallon isolé. Ils sont alors pris pour cible par un sniper invisible. Kitamura signe ici un excellent film de genre, ce tueur invisible impitoyable et sadique, dont les motivations ne seront jamais éclaircies, nous renvoie aux souvenirs de "Duel" ou "Déviation mortelle", le tout avec une mise en forme impeccable, une excellente maîtrise du rythme et du suspens, une vraie place laissée aux personnages pour exister, et un dénouement particulièrement cinglant. Ca valait vraiment le coup de se coucher tard pour cette séance de minuit !

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Re: [PIFFF2017] du 5 au 10 décembre au Max Linder Panorama

Message par dario carpenter » lun. déc. 11, 2017 12:00 pm

Des sorties cinéma (ou Blu Ray/Dvd..) prévues pour "Tigers are not afraid" et "Downrange"?

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Re: [PIFFF2017] du 5 au 10 décembre au Max Linder Panorama

Message par Manolito » lun. déc. 11, 2017 12:14 pm

"Tigers are not afraid", je ne me rappelle plus s'ils ont parlé d'une sortie salles, je ne me rappelle plus...

"Downrange", c'est direct en dvd chez wild side cette année...

J'ai vu plus de bons films fantastiques en une semaine au PIFFF qu'en une année au cinéma traditionnel (bon, j'ai été moyennement assidu quand même). Et la plupart d'entre eux ne sortiront pas en salles, voire pas en France.

Il y a quand même un problème, les distributeurs et les exploitants ne font pas leur travail...

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Re: [PIFFF2017] du 5 au 10 décembre au Max Linder Panorama

Message par Manolito » lun. déc. 11, 2017 1:30 pm

J5 avec là, attention, 5 films... 8)

"Survival family" de Shinobu Yaguchi est une comédie/drame fantastique : le Japon est frappé d'un gigantesque blackout, plus aucun dispositif électrique ou électronique ne fonctionne. Une famille citadine doit alors s'adapter. Mais comme les jours passent, le manque de nourriture et d'eau potable les pousse à quitter la ville pour rejoindre le grand-père, pêcheur dans une zone rurale... Séance de 11h00 la tête un peu dans le cul après m'être couché à 3h00 la veille, mais avec le soutien de monsieur savoy1 ! Et une belle réussite de fantastique.

Ce film glisse doucement dans le post-apocalyptique, mais il évite les poncifs du genre (pas de pillards iroquois façon Max Max 2, ni de querelles ultra-violentes entre survivants tendance "The Walking Dead"). Il s'agit d'une fable assez drôle au début, avec cette vie quotidienne qui bascule dans l'absurde ; puis on part de plus en plus dans le tragique.

Certes, le petit couplet "retour à la vraie vie à la campagne" de la fin manque de finesse, mais "Survival family" est tout de même une vraie réussite, un film fantastique de belle qualité, une traversée du Japon intelligente, touchante et très bien filmée et racontée. Mon film préféré du festival avec "Sicilian Ghost Story"....

"Mutafukaz" est une collaboration entre l'auteur de BD français Ren et le japonais Shôjirô Nishimi pour le studio d'animation nippon Studio 4°C. Un jeune orphelin survit en livrant des pizzas dans une quartier sinistre de New Los Angeles. Il devient le centre d'attention d'une bande de tueurs et d'agents secrets...

Je ne suis pas hyper client de l'esthétique manga hip hop dont se revendique "Mutafukaz" et je n'avais d'ailleurs pas trop aimé "Amer béton" un peu dans le même genre, du Studio 4°C aussi.

J'ai par contre vraiment bien aimé ce "Mutafukaz" où on sent un gros, gros effort créatif investi, avec des multitudes de décors hyper détaillés, une animation soignée et inventive, un rythme soutenu, des scènes bien folles (la poursuite automobile). L'histoire est balisée (nostalgie années 80 entre "Invasion Los Angeles" et "Akira"), certains passages sont un peu faibles (dans la base du méchant), le personnage féminin est vraiment fonctionnel. Mais "Mutafukaz" sent la passion, l'envie de faire bien et l'inédit.

Bien aimé. Bonne musique de Toxic Avenger aussi, complètement en symbiose avec le film. Je préfère nettement cela à la musique électro-disco post-Moroder bien usée entendue dans "Revenge"...

Revu "36 15 père Noël" de René Manzor sur grand écran, en séance culte. Je l'avais vu sur une copie très moyenne sur cinéfx il y a longtemps. La copie ici est très bien, très propre, à part deux ou trois poussières franchement négligeables. Le film reste égal à lui-même. Certes, l'enfant est parfois insupportable dans son rôle de petit surdoué en tout. Oui, le métrage est inégal, avec des séquences qui tombent à plat, des décors qui sentent le carton... Pourtant, c'est aussi un film qui sent l'envie de faire du cinéma, d'essayer plein de choses, d'expérimenter des techniques de trucages et de montage rares dans le cinéma français (surtout en 1990). Et puis "36 15 père noël" reste original, même presque 30 ans après sa conception. Ce voyage d'un enfant de la violence du jeu vers celle de la réalité reste assez unique et étonnant, malgré les imperfections qu'on y trouve à droite à gauche...

"Mayhem" de Joe Lynch. Dans un immeuble de bureau, un virus désinhibant les pulsions de violence se répand. Le building est rapidement mis en quarantaine, mais les salariés doivent rester enfermés huit heures dans cette ambiance pour le moins périlleuse.

La bande-annonce de "Mayhem" faisait craindre une resucée bas de gamme de "Shaun of the dead" dans le milieu de travail. Heureusement, ce film est plus malin que ça. Il repose sur le fait juridique que quel que soit les actes (meurtres, viols, etc) qui vont être commis dans l'immeuble dans les 8 heures à venir, ils seront mis sur le compte de la maladie, et ne pourront pas être reprochés par la justice aux coupables ! Résultat, les règlements de compte se déchainent dans cette comédie noire sympathique, amusante. Comme "68 kills" ou "Tragedy girls", c'est un petit film sympa et bien fait, qui ne révolutionne pas le cinéma, mais passe bien dans le cadre d'un festival.

Et enfin le fameux "Shin Godzilla" de Hideaki Anno, le crû 2016 du fameux lézard atomique ! Vendu avec force enthousiasme par Allan Theo et Humungus (bah oui, c'est leurs pseudos du forum ! :D ), ce nouveau Godzilla s'avère une relecture hyper sérieuse du mythe. Le ton est très docu-fiction, traitant la crise frappant Tokyo comme dans "La bataille d'Alger", ou "Point limite" de Lumet par exemple, avec beaucoup de sobriété dans le ton. Il reste aussi très proche du "Godzilla" 1954, avec son absence de personnages vraiment individualisés : seul le collectif compte. Les effets spéciaux sont hallucinants, certaines scènes sont époustouflantes (la naissance du feu atomique, soufflante dans tous les sens du terme !), le spectacle fait énorme...

Mais il y a aussi des faiblesses à mon sens. Beaucoup de palabres, parfois peu constructives (dans la seconde moitié, on sent un le remplissage). Les marottes de la SF japonaise nous sont resservies (politiciens véreux et méchants américains bourrins : rien de neuf depuis "Akira"...). L'émotion est moins forte que dans le film de 1954.

La comparaison me semble inévitable, car "Shin Godzilla" colle à ce modèle par de nombreux aspects. "Godzilla" 1954 est vraiment une oeuvre de deuil et de détresse terrible, poignante, le cinéma de SF y était le porte-voix d'un peuple abasourdi par le mal nucléaire inoui qui s'est abattu sur lui 9 ans avant.

"Shin Godzilla" est sérieux, mais moins tragique : pas de scène avec les conséquences des radiations sur les réfugiés, comme on en voyait dans le "Godzilla" 1954.
Spoiler : :
On nous explique d'ailleurs que les radiations du nouveau Godzilla vont se dissiper en quelques semaines !
Bref, un film bien, sérieux, mais ce qu'il gagne en qualité technique, il le perd en émotion par rapport à son modèle des années 50. Cela dit, "Shin Godzilla" est un bon Godzilla, parmi les meilleurs c'est sûr.

Et voilà, une belle moisson de films, c'est sûr, où le bon l'emporte nettement sur le mauvais. Dans une salle de rêve en plus, ça va être dur de retourner à son petit plasma après une semaine a enquillé les projections parfaites (aucun incident réel à rapporter) sur un écran de 20 mètres de base !

J'ai croisé (trop) vite fait un Cyril toujours au taquet, Superfly, et bien sûr monsieur et madame Savoy1. J'aurais été content de croiser Omega, peut-être l'année prochaine. D'après le forum zonebis, il y avait aussi DPG et F des bois, ça m'aurait fait plaisir de les voir... Mais bon...

J'ai adoré faire le PIFFF cette année, ça m'a même bien remonté le moral qui était un peu en berne, je ne regrette pas d'avoir grillé une semaine de congés payés pour y aller... Franchement, c'est moins cher qu'une semaine au ski et tellement plus marrant pour moi ! J'espère que l'année prochaine je pourrai encore mieux m'organiser pour ne rien rater (j'ai quand même vu en 6 jours : 15 films au PIFFF + 2 films aux halles + un concert !).

Merci à tous ceux qui font le PIFFF (pour pas un rond, rappelons-le) et à l'année prochaine sans faute !

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Re: [PIFFF2017] du 5 au 10 décembre au Max Linder Panorama

Message par Omega » lun. déc. 11, 2017 1:39 pm

ça aurait été un plaisir d'échanger avec toi ! Malheureusement, nous étions un peu perdus parmi la foule (et Paris), et nous avons été à l'essentiel (projections & restos). Je n'ai croisé personne comme cela devait être le cas malheureusement :( Nous y reviendrons normalement à nouveau l'année prochaine !

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Re: [PIFFF2017] du 5 au 10 décembre au Max Linder Panorama

Message par Allan Theo » lun. déc. 11, 2017 10:31 pm

Merci bien Manu, comme je te le disais j'ai adoré lire tes comptes rendu journalier toute la semaine, c'était mon petit plaisir pendant le festival.

Et comme toi, (Godzilla à part, car il est hors catégorie), Survival Family est je pense mon film préféré du festival. 8))
"Comme disait mon ami Richard Nixon, mieux vaut une petite tâche sur la conscience qu'une grosse sur l'honneur. Allez en vous remerciant bonsoir."

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