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par Manolito » sam. juil. 01, 2023 8:36 pm
Arrivé à ce point de sa carrière, Robert Aldrich ne cherche plus à être un créateur indépendant et il s'agglomère à des projets de producteurs, comme "L'empereur du Nord", film basé sur sur une série de textes de Jack London et qui a été un moment prévu pour être réalisé par Sam Peckinpah. Aldrich y retrouve deux vieux complices : Lee Marvin, vedette d'"Attaque" et surtout des "Douze salopards" ; et Ernest Borgnine, second rôle récurrent dans ses métrages, lui aussi présent dans "Les douze salopards". Ils sont rejoints notamment par Keith Caradine.
Les films rétro sur la grande dépression sont à la mode alors, suite aux succès de "Bonnie & Clyde" et d'"On achève bien les chevaux", ce dernier mettant en avant la peinture sociale de l'époque. Aldrich s'était déjà frotté à cette période peu avant avec "Pas d'orchidées pour Miss Blandish"
"L'empereur du Nord" est donc un film d'aventures placé dans un cadre social fort, celui des vagabonds durant la grande dépression américaine, qui voyage de ville en ville en faisant les passagers clandestins à bord des trains de marchandises qui parcourent les USA. Film d'aventures, le métrage a aussi la particularité d'être tourné dans les paysages naturels de l'Orégon avec des vrais trains anciens. Pas de maquettes, pas d'effets optiques, que du live et beaucoup d'extérieurs, ce qui donne à "L'empereur du nord" un caractère spectaculaire, avec de nombreuses cascades franchement risquées, notamment de la part d'Ernest Borgnine, à l'interprétation ici très physique. Très original dans le fond et la forme, "L'empereur du Nord" a pourtant reçu un accueil tiède, les personnages sont jugés trop caricaturaux, les éléments de comédie burlesques sont jugés à côté de la plaque...
Pourtant, il s'agit d'une très belle réussite d'Aldrich. Outre son caractère très cinématographique et spectaculaire, il dépeint tout un mode de vie étonnant, un sens de l'honneur très particulier, l'anti-rêve américain. La valeur d'un homme ne se mesure pas à ce qu'il accumule, mais au chemin qu'il a littéralement parcouru à la liberté qu'il conquiert contre l'autorité brutale du système. La liberté de circuler à travers le monde pour les plus pauvres : un sujet sacrément d'actualité en fait !
Visuellement superbe, formidablement interprété par ses deux vedettes, Borgnine signant un méchant particulièrement mémorable, se concluant sur un affrontement mémorable, "L'empereur du Nord" est un des tous meilleurs films d'Aldrich, un joyau de sa fin de carrière.
Vu sur le DVD UK Momentum - avec 3 secondes coupées par le BBFC pour "cruauté" envers un poulet !
