
Shangaï Joe arrive de Chine en Amérique pour devenir cowboy. Mais il se heurte aux quolibets et moqueries de tous. Sauf que Joe fait tout mieux que les Américains : monter à cheval, planter des clous du plat de la main, jouer au poker, se battre... Après quelques aventures, il découvre qu'un rancher sans scrupule se livre à un trafic d'esclaves à la frontière mexicaine. Ce rancher lance aux trousses de Joe des chasseurs de prime...
En 1973, le western spaghetti est sur la pente descendante tandis que les films d'arts martiaux gagnent en popularités. Les deux filons se croisent alors, notamment avec ce "Shangaï Joe" de Mario Caiano. Significativement, l'affiche française ci-dessus cherche plus ou moins à masquer le lien du film avec le western italien, ne mentionnant comme acteur que Chen Lee !
Comme dans un récent "Ip Man 4", Joe découvre que l'Amérique est peuplé à 95 pour cent de blancs racistes et ricanants. L'argument anti-raciste pourrait être sympathique, mais il est asséné ici avec tant de lourdeur qu'il lasse. Surtout, le scénario est d'une rare minceur, le film semblant plus un alignement de scénettes collées les unes aux autres sans trop de souci de cohérence ou de logique. Déjà, on ne comprend pas très bien ce que veut Shangaï Joe. Au début du film, il a l'air de vouloir devenir cowboy à tout prix et travailler dans un ranch, mais à la fin, il semble que son objectif a toujours été d'être un justicier errant... Il ne faut pas trop chercher à comprendre...
Le moment le plus réussi du métrage est sans doute, dans une veine bissarde, ses confrontations successives avec 4 chasseurs de prime haut en couleurs : un cannibale, un croque-mort (Gordon Mitchell), un tricheur (Giacomo Rossi Stuart) et un maniaque scalpeur (Klaus Kinski, qui dévore l'écran, coiffé d'un Fedora trop grand lui ramenant les oreilles en avant !).
Mais bon, ça ne rachète pas le manque de charisme et de talent dramatique de Chen Lee, un de ces multiples clones de Bruce dont la carrière sera d'ailleurs courte, "Shangaï Joe" restant son seul grand rôle. Ni la niaiserie croquignolesque des dialogues. Ni une captation maladroite des scènes d'action (ralentis mal à propos, sauts à l'envers façon "L'homme qui valait 3 milliards")... Surnagent quelques touches de gore rigolotes (dont un bel arrachage d'yeux !), un filmage western en général assez bon, mettant bien en valeur une certaine diversité de décors, et puis une belle musique de Bruno Nicolai, qui est sans doute ce que film bancal et brouillon a de meilleur à offrir. Dans le même mini sous-genre, je lui préfère donc "La brute, le colt et le karaté" de Margheriti sorti l'année suivante et qui tient mieux la route.
Vu sur Mycanal/Action.