Hé bien moi, c'était le 50 avec "Les maîtres de l'univers" en couverture. Film qui ne m'intéressait pas trop et que je n'ai vu que plus tard en vidéo. C'est surtout la quatrième de couverture qui m'a parlé, avec son affiche dégoulinante de "Maximum Overdrive" ! Car "Mad Movies", surtout à cette période, détonnait dans les kiosques, avec quelques unes de ses couvertures les plus dégueux : en particulier "House", "From beyond"... On ne pouvait pas les rater ou les ignorer !
Certes, avant, je m'achetais des "Ecran fantastique" ou des "Starfix" en fonction de l'actualité. Mais "Mad Movies", c'était autre chose ! Moins consensuel et plus rebelle, avec une ligne critique bien nette et identifiée, ce qui a souvent fait défaut à "L'écran fantastique". Je dévore ce numéro 50 de la première à la dernière page et devient accro à "Mad Movies". L'humour sarcastique, les avis critiques tranchés, le mythique tableau des notations, le courrier des lecteurs, les choix de photos percussifs, l'ambiance "bande de potes", l'impression de proximité et de complicité... Je suis emballé.
A l'époque, on est un peu à la fin d'une époque en terme de cinéma d'horreur US (qui fait alors l'essentiel du contenu de "Mad Movies"). Le milieu de la décennie a vu quelques très beaux succès du cinéma Gore : "La mouche", "Evil Dead 2", "Freddy 3" ou "Re-animator" ont bien rempli les salles. Mais cela va être plus dur pour les films suivants.
Néanmoins, en salle on se régale encore. Je sèche soigneusement les cours de gym pour savourer les petits films d'horreur qui sortent chaque semaine, en particulier à l'UGC Montparnasse et l'UGC Convention : "Prison", "Elmer le remue-méninges", "Bad taste", "Amsterdamned", "The Blob", "Phantasm II", "Maximum Overdrive", "L'emprise des ténèbres", "Les prédateurs de la nuit", "Le Blob", "Adrénaline"... Seul "Vendredi 13 VII" réussit à me déplaire dans ce que je vois ! Il y a aussi quelques films d'actions violents, comme "Terminator", "Prédator", "Robocop" (que je vois au moins deux fois en une semaine)... Toute une période.
A la fin des années 80, les petits films d'horreur se raréfie peu à peu dans les salles parisiennes. Comme on le voit quand on avance dans les couvertures de "Mad Movies", le Gore cède la place à des blockbusters fantastiques moins violents comme "Batman", "Terminator 2" et autres "Jurassic Park".
Mais JPP a le coup de génie des Craignos Monsters. Collection de photos de film d'horreurs et fantastique vintage, essentiellement piochées dans la SF des années 50 mais pas que, elle redonne vie sous couvert de rigolade à une cinéphilie rétro. Ce qui va aboutir aux bibles de JPP, ses chef d'oeuvres : les 3 "Craignos Monsters" en livre, avec des articles thématiques élaborés et magnifiquement illustrés, redonnant vie à la Universal, à la Hammer, à la SF japonaise et autres catcheurs mexicains. Cette réussite influence des nouvelles initiatives de la même période comme les séances Cinéma Bis de la Cinémathèque Française, encore d'actualité aujourd'hui, ou des rééditions en vidéo de titres improbables comme "Plan 9 from outer space" ou "Le cerveau de la planète Arous"... L'air de rien, JPP aura été le plus influent et les plus efficace des pédagogues de sa génération en terme d'histoire du cinéma fantastique. Et ce juste en ayant l'air de faire des blagues !
J'avoue avoir décroché après son départ au numéro 130. Le passage à une fréquence mensuelle en a fait un magazine plus classique, je me reconnais moins dans les goûts des nouveaux rédacteurs qui me paraissent moins branchés fantastique/horreur et plus cinéma d'action et hollywoodien traditionnel...
Mais ma collection de "Mad Movies" classique reste précieusement avec moi jusqu'à ce jour. Comme le relève plus haut Arioch, je ponds au début des années 2000 un index du 22 au 130 (en partie une synthèse d'index déjà parus dans le magazine je crois) qui va notamment être le premier qu'on va proposer sur DevilDead avant d'autres (Midi Minuit Fantastique, Fantastyka), à une époque où sur internet il n'y a rien de semblable. Je n'abandonne pas l'espoir de compléter celui-ci avec les numéros du début manquants... Un jour peut-être !
Je n'ai jamais mis les pieds à Movies 2000 avant le départ de JPP de "Mad Movies" et n'ai jamais discuté avec lui, même si j'ai bien dû le croiser quelque fois, notamment au début de la boutique Métaluna. Il reste le maître d'oeuvre d'un magazine dont je guettais la sortie avec impatience dans les rayonnages de mes librairies, à une période qui était pour moi celle de la jeunesse et de l'insouciance. Il va sans dire que sans l'influence sur moi de "Mad Movies" dans mes années de formation, je ne me serai jamais mis à écrire sur le cinéma fantastique !
Comme certains ici, je lui acheté quelques "Mad Movies" rares qui me manquaient, et il a eu la gentillesse d'y faire une petite dédicace que je vous partage ! De mémoire, il avait aussi posté deux ou trois messages sur le forum devildead il y a longtemps.
