Vu hier au MK2 Bibliothèque où le film a deux grandes salles simultanément, les deux faisant apparemment complets tous les soirs ! Tarantino a toujours son public en France...
Pas de Maggie Cheung ni le plan du soldat courant en tirant à la mitrailleuse mitrailleuse.
Avec "Inglorious Basterds", Tarantino signe un film pour le moins curieux, et bizarrement vendu comme un film de guerre du genre "Douze salopards", alors que le commando mené par Brad Pitt n'a définitivement pas un rôle central. L'intrigue est beaucoup plus centré sur le personnage de Mélanie Laurent qui est certainement le fil conducteur. La construction du métrage est néanmoins fragmentée d'une façon rappelant "Pulp Fiction" : on passe d'une histoire à une autre, en oubliant certaines intrigues durant un bon moment avant d'y revenir. L'action est rare et, à part le final, est vive et intense après de longs moment de calme, un peu à la manière d'un "Rio Bravo".
Mais nous sommes avant dans un drame historique, quelque part entre "La nuit des généraux", "Le grand fusil" et "Papy fait de la résistance", que dans une vraie descendance du western ou du film de guerre au sens strict... A nouveau, le personnage féminin est très valorisé, nous ne sommes pas si loin de "Kill Bill" que cela. Les hommages et renvois au cinéma pop agacent encore par leur artifice et leur abondance, mais c'est là le style de Tarantino et il ne se refera pas. Parfois, c'est quand même irritant, j'ai trouvé (la chanson de Bowie et Moroder), ou inutile et gratuit (Rod taylor monstrueux en Churchill marmonnant)... Le film a déjà du mal à avancer, et on perd encore du temps dans ces enfantillages...
Nous avons effectivement un film tourné avant tout vers les dialogue, mais, cette fois, ce sont des vrais dialogues inscrits dans l'action et dans l'histoire, pas des divagations sur tel film, telle chanson de Madonna ou comment les français nomment leurs hamburgers. Il n'empêche que Tarantino s'y prend quand même les pieds avec des scènes dialoguées interminables, parfois gratuites. La scène de la taverne, qui ne sert à peu près à rien, à part à réunir un impressionnant casting de vedettes germanophones, est sans doute la plus symptomatique de cette tendance. Ce n'est pas qu'elle soit mal faite, mais on aimerait bien que le film commence au bout d'un moment, un film, qui nettoyé de sa graisse très abondante durerait environ 60 minutes !
Malgré ses grandes inégalités, je ne nierais pas les qualités réelles de "Inglorious Basterds", son point de vue original, ses audaces, son excellente distribution européenne, son charme et sa singularité de production cosmopolite, ne choisissant pas la facilité. Je reste quand même sur l'impression d'un film trop long, parfois maladroit.