
Analyse-t-on trop les films ?
Modérateurs : Karen, savoy1, DeVilDead Team
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L'analyse est une chose, mais la branlette en est une autre qui s'en rapproche dangereusement
Ce genre de critique-branlette vieillit d'ailleurs très mal, il suffit de relire certains vieux articles dans "Arts", "Les Cahiers du Cinéma" (grand spécialiste en la matière, jadis...), ou "Télérama", ou encore "Libération" pour s'en rendre compte.
Même certains articles de "Midi-Minuit Fantastique" n'échappaient pas à ce travers, et je me souviens de l'ébahissement de réalisateurs comme Terence Fisher ou John Gilling lorsqu'on leur lisait des passages des articles en question. Celà dit, "MMF" défendait le cinéma fantastique, contrairement aux autres cités, donc on ne leur en gardera pas rancune !
En résumé, ces analyses - même faussées au départ - gardent une certaine force. Leur travers, c'est de vouloir à tout prix attribuer à un réalisateur ce qui n'est souvent que le résultat des aléas d'un tournage. Par la suite, bien entendu, George A. Romero a bien retenu la leçon, et appliqué la recette à ses films ultérieurs.

Ce genre de critique-branlette vieillit d'ailleurs très mal, il suffit de relire certains vieux articles dans "Arts", "Les Cahiers du Cinéma" (grand spécialiste en la matière, jadis...), ou "Télérama", ou encore "Libération" pour s'en rendre compte.
Même certains articles de "Midi-Minuit Fantastique" n'échappaient pas à ce travers, et je me souviens de l'ébahissement de réalisateurs comme Terence Fisher ou John Gilling lorsqu'on leur lisait des passages des articles en question. Celà dit, "MMF" défendait le cinéma fantastique, contrairement aux autres cités, donc on ne leur en gardera pas rancune !
Tu as à la fois la question et la réponse, Fatalis Rex. Qu'est-ce qu'on n'a pas pu lire comme élucubrations, dès la présentation du film à Paris, au Studio de l'Etoile en 1970, à propos de ce héros noir. Ca n'avait en fait rien à voir avec une quelconque arrière-pensée politique, c'était juste le fruit du hasard, il s'est trouvé que le regretté Duane Jones était un acteur exceptionnel, et il sembla donc logique de lui confier le rôle principal. Mais la meilleure preuve que ce n'était qu'un concours de circonstances, c'est que le scénario original du film ne mentionne à aucun moment la couleur de peau du héros... Tout ce qu'on a donc collé comme arrière-plan politique (sur ce sujet précis : la couleur de la peau ) était donc erroné, par contre, il est bien évident qu'un arrière-plan politique est présent dans tout le film, que le racisme y est évoqué... mais çà n'a pas de rapport avec Duane Jones (même si celà ajoute à la force du film).Ben par exemple, le fait que Leatherface porte une cravate, et que ses proies soient des hippies, le fait que le héros de LA NUIT DES MORTS VIVANTS soit Noir, que le film ait été tourné en pleines émeutes raciales
En résumé, ces analyses - même faussées au départ - gardent une certaine force. Leur travers, c'est de vouloir à tout prix attribuer à un réalisateur ce qui n'est souvent que le résultat des aléas d'un tournage. Par la suite, bien entendu, George A. Romero a bien retenu la leçon, et appliqué la recette à ses films ultérieurs.
Oui les coïncidences qui deviennent des manifestes politiques, c'est assez rigolo. Je vais encore sortir mon exemple du placard, mais tout le monde s'est gargarisé sur le fait que l'héroïne de Ghosts of Mars se droguait pour se libérer de l'emprise d'un esprit, y voyant la main frondeuse et provoc de Carpenter, or notre papy bien aimé explique dans le commentaire audio que c'était une idée comme une autre qu'il trouvait "cool", sans y prêter plus d'attention. Même chose pour la société matriarcale, qu'il a utilisé uniquement pour proposer un peu de changement. Ca montre bien la limite entre la critique, l'analyse, et les intentions initiales.
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Et d'ou provenaient ces fausses annalyses ? Et d'ou provenaient les rectifications de Carpenters (Presse, bonus DVD) ?Prodigy a écrit :Oui les coïncidences qui deviennent des manifestes politiques, c'est assez rigolo. Je vais encore sortir mon exemple du placard, mais tout le monde s'est gargarisé sur le fait que l'héroïne de Ghosts of Mars se droguait pour se libérer de l'emprise d'un esprit, y voyant la main frondeuse et provoc de Carpenter, or notre papy bien aimé explique dans le commentaire audio que c'était une idée comme une autre qu'il trouvait "cool", sans y prêter plus d'attention. Même chose pour la société matriarcale, qu'il a utilisé uniquement pour proposer un peu de changement. Ca montre bien la limite entre la critique, l'analyse, et les intentions initiales.
Le problèmes, c'est que même face au réal lui même, ilse trouvera toujours des gens pour t'expliquer que leur vision des choses est tout de même la bonne !

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Oui mais attend : Carpenter il dit aussi qu'il n'y a pas de message dans THEY LIVE !Prodigy a écrit :Oui les coïncidences qui deviennent des manifestes politiques, c'est assez rigolo. Je vais encore sortir mon exemple du placard, mais tout le monde s'est gargarisé sur le fait que l'héroïne de Ghosts of Mars se droguait pour se libérer de l'emprise d'un esprit, y voyant la main frondeuse et provoc de Carpenter, or notre papy bien aimé explique dans le commentaire audio que c'était une idée comme une autre qu'il trouvait "cool", sans y prêter plus d'attention. Même chose pour la société matriarcale, qu'il a utilisé uniquement pour proposer un peu de changement. Ca montre bien la limite entre la critique, l'analyse, et les intentions initiales.
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Vous trouverez toujours des films dont la critique était plus poussée ... J'ai lu les Starfix et Mad depuis 1984 ... et ca ressemble pas aux écris de ThoretFatalis rex a écrit :Si on ressort les critiques de Christophe Gans, notamment sur ZOMBI, on va voir si on ne peut pas parler d'analyse, voire de thèse universitaire

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Un des exemples assez anciens qui me revient en tête: la mort du prêtre guillotiné à la place de Peter Cushing au début de "La revanche de Frankenstein", en 1958. Du coup, pour une certaine critique, le film devenait une sorte de brûlot anti-papiste, alors que dans toute son oeuvre, Terence Fisher, s'il a souvent critiqué la bourgeoisie, s'est généralement montré assez cool avec les ecclésiastiques, personnages obligés de ses "Frankenstein" et "Dracula" ...
La seule réponse que pouvait objecter Fisher à ces affirmations, c'est que l'idée venait de Jimmy Sangster, et que çà lui avait paru une idée amusante, voilà tout. De là à le suspecter de vouloir mettre le feu aux églises...
La seule réponse que pouvait objecter Fisher à ces affirmations, c'est que l'idée venait de Jimmy Sangster, et que çà lui avait paru une idée amusante, voilà tout. De là à le suspecter de vouloir mettre le feu aux églises...
Je pense que tout est relatif; on devrait plus apprécier un film avec un bon scénario mais un petit budget, plutôt qu'un blockbuster insipide.
Sur les forums les gens sont très (trop?) durs, tandis que la "masse" avale sans broncher n'importe quelle soupe, n'ayant pas la possibilité de faire de comparaison ou ne voulant pas ouvrir son horizon par peur ou manque de motivation.
Ceux qui pensent que le cinema n'est rien d'autre qu'une machine à fric plutôt qu'un art sont, à mon sens, les premiers responsables de ces états d'esprit opposés et extrêmes.
Sur les forums les gens sont très (trop?) durs, tandis que la "masse" avale sans broncher n'importe quelle soupe, n'ayant pas la possibilité de faire de comparaison ou ne voulant pas ouvrir son horizon par peur ou manque de motivation.
Ceux qui pensent que le cinema n'est rien d'autre qu'une machine à fric plutôt qu'un art sont, à mon sens, les premiers responsables de ces états d'esprit opposés et extrêmes.
Pour MMF, il faut voir que dans les années 60, les films d'horreur ou de SF dont ils parlaient étaient considérés comme des films pour débiles. King Kong ou Le cauchemar de Dracula, c'était du cinéma pour attardés. Quand MMF faisait des articles "analytiques", en sortant des références littéraires pour "faire sérieux", ils prenaient le contre-pied total de qui se disaient sur ces films. Et ils leur apportaient ainsi une crédibilité, un respect. Et c'est un travail qui a fini par payer fin années 60 - début années 70 - et qui a été prolongé par l'écran. D'ailleurs, ils ont fait la même chose avec la BD fantastique américaine avec "Giff Wiff" à une époque où c'était encore pire pour elle puisqu'elle était simplement interdite en France !
Bref, c'est une génération qui s'est battue pour que le "fantastique" soit pris au sérieux, aussi bien du point de vue thématique que du point de vue historique.
Dans les années 80, ça a un peu changé, avec l'arrivée des blockbuster. Il ne s'agissait plus de défendre des séries B qui passaient dans des salles spécialisées plus ou moins bien famées, mais de parler de films comme "Star Wars", "Indiana Jones" et cie qui de toutes façons et avaient en général de très bonne critique.
Ils pouvaient même faire la couv de mags généralistes comme Première et Studio - mais c'était encore rare. Mad s'est distingué en défendant le gore, plus vigoureusement que l'écran ; un créneau qui, lui, reste toujours infréquentable pour la presse ciné généraliste. Et encore aujourd'hui !
Aujourd'hui, on a un mag comme Cinélive, qui est celui qui vend le plus en France, et qui fait 9 couvertures sur 10 sur des films fantastiques. Ce n'est plus la même chose du tout ! Si on veut parler "sérieusement" de fantastique et de giallo dans un cadre universitaire, c'est aujourd'hui possible. Ca ne l'était pas vraiment il y 20 ans (n'est ce pas SWS
)
Enfin, bref, je ne pense pas que ce soit particulièrement héroïque d'analyser de façon sérieuse aujourd'hui des films fantastiques, SF, horreur...
Je pense que chaque film est un cas particulier. Il y en a qui sont faits pour être pris au premier degré ; d'autres pour être analysés de façons plus approfondis, mais en restant dans le domaine d'une construction intellectuelle qui tient debout.
Pour cela, les référénces aux déclarations des créateurs des oeuvres sont indispensables. Il faut un vrai travail de recherches préalable, sur le contexte de la création de l'ouevre, de son exploitation. Sinon, on part dans le travers très français du baratin pipo, de l'analyse creuse et des divagations vaseuses...
Plus généralement, ma position est la suivante : pourquoi est-ce que j'aime les films fantastiques ? Est-ce que j'aimais Star Wars parce que c'était la fusion de grands mythes ? Non. Est-ce que je lisais Spider-Man parce que sa dimension christique m'interpelait ? Heu non. Est-ce que j'aime les films de vampires pour leur contenu psychanalitique ? Non.
Tous ces titres sont des films ou des oeuvres prioritairement destinés à une consommation de divertissement populaire. Ce qui est une tâche noble, très noble à mon sens !! Je crois encore que c'est même l'essence même du cinéma depuis sa création. J'aime ces films parce qu'ils sont des portes ouvertes sur le rêve...
Bref, c'est une génération qui s'est battue pour que le "fantastique" soit pris au sérieux, aussi bien du point de vue thématique que du point de vue historique.
Dans les années 80, ça a un peu changé, avec l'arrivée des blockbuster. Il ne s'agissait plus de défendre des séries B qui passaient dans des salles spécialisées plus ou moins bien famées, mais de parler de films comme "Star Wars", "Indiana Jones" et cie qui de toutes façons et avaient en général de très bonne critique.
Ils pouvaient même faire la couv de mags généralistes comme Première et Studio - mais c'était encore rare. Mad s'est distingué en défendant le gore, plus vigoureusement que l'écran ; un créneau qui, lui, reste toujours infréquentable pour la presse ciné généraliste. Et encore aujourd'hui !
Aujourd'hui, on a un mag comme Cinélive, qui est celui qui vend le plus en France, et qui fait 9 couvertures sur 10 sur des films fantastiques. Ce n'est plus la même chose du tout ! Si on veut parler "sérieusement" de fantastique et de giallo dans un cadre universitaire, c'est aujourd'hui possible. Ca ne l'était pas vraiment il y 20 ans (n'est ce pas SWS

Enfin, bref, je ne pense pas que ce soit particulièrement héroïque d'analyser de façon sérieuse aujourd'hui des films fantastiques, SF, horreur...
Je pense que chaque film est un cas particulier. Il y en a qui sont faits pour être pris au premier degré ; d'autres pour être analysés de façons plus approfondis, mais en restant dans le domaine d'une construction intellectuelle qui tient debout.
Pour cela, les référénces aux déclarations des créateurs des oeuvres sont indispensables. Il faut un vrai travail de recherches préalable, sur le contexte de la création de l'ouevre, de son exploitation. Sinon, on part dans le travers très français du baratin pipo, de l'analyse creuse et des divagations vaseuses...
Plus généralement, ma position est la suivante : pourquoi est-ce que j'aime les films fantastiques ? Est-ce que j'aimais Star Wars parce que c'était la fusion de grands mythes ? Non. Est-ce que je lisais Spider-Man parce que sa dimension christique m'interpelait ? Heu non. Est-ce que j'aime les films de vampires pour leur contenu psychanalitique ? Non.
Tous ces titres sont des films ou des oeuvres prioritairement destinés à une consommation de divertissement populaire. Ce qui est une tâche noble, très noble à mon sens !! Je crois encore que c'est même l'essence même du cinéma depuis sa création. J'aime ces films parce qu'ils sont des portes ouvertes sur le rêve...
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Bien d'acccord avec le Manolito sur ce point et puis y'en a marre de tout le temps justifier le fait qu'on aime un film fantastique par la ritournelleTous ces titres sont des films ou des oeuvres prioritairement destinés à une consommation de divertissement populaire. Ce qui est une tâche noble, très noble à mon sens !! Je crois encore que c'est même l'essence même du cinéma depuis sa création. J'aime ces films parce qu'ils sont des portes ouvertes sur le rêve...
mais tu sais, c'est pas qu'un simple film de zombie , y'a un contexte social-politique et blablablabla..... .
Je sais pas pour vous, mais ce genre de phrase qui excuse presque le fait qu'on aime un film pour ce qu'il est, je les sorti pas mal de fois à l'époque à mon entourage.
aujourd'hui
j'aime un film de zombie parce qu'il y a des zombies

Faux, suffit de relire son interview dans le Mad (ou Impact) de l'époque. Il est revenu sur le film des années plus tard. Là il s'agit d'un commentaire audio "dans le feu de l'action" si je puis dire.Fatalis rex a écrit :Oui mais attend : Carpenter il dit aussi qu'il n'y a pas de message dans THEY LIVE !
Et je rejoins Maxcrom, moi j'aime avant tout un film comme Zombie parce que y'a des zombies, des maquillages dégueus, de l'action, des personnages que j'adore et une ambiance unique

Modifié en dernier par Prodigy le mar. juil. 18, 2006 5:41 pm, modifié 2 fois.