Pitchblack a écrit :Comme certains l'ont déjà dit, un film que je considère un peu comme "les Affranchis 2".
Eblouissant de maîtrise et d'élégance, et d'une grande densité, mais moins accessible que les Affranchis : il m'aura fallu plus de temps pour y adhérer complètement.
Il reste d'ailleurs difficile pour moi de le voir plusieurs fois dans un court intervalle : un film qui se "digère".
Ahh ! On sent bien le cinéphile gastronome, qui nous fait quelques fois des indégistions
Toi t'est un flic..? Non j'uis un con. Snake Plisken Escape from NY
Je viens de revoir casino et je réalise avec peine combien ce film est immense chant du cygne :
dernier grand film de Scorsese,
dernier grand rôle pour De Niro
dernière collaboration Scorsese / de Niro,
dernier grand rôle pour Joe Pesci,
dernier vrai rôle de Sharon Stone avant qu'elle devienne une jet setteuse ronflant sur ses lauriers.
Avis aux nouveaux forumers, il est parfaitement normal voir de santé publique d'envoyer chier manolito au moins une fois.
J'avais decouvert le film a la TV fin des annees 90s (Tele 21 belge en VOstF si je me rappelle bien). J'avais adore.
Bizarrement, je n'ai jamais recroise le film depuis. Deuxieme visionnage une trentaine d'annees plus tard. Bilan: j'adore toujours autant!
Je suis assez d'avis que c'est le dernier grand "coup" des boys: Scorses, DeNiro, Pesci (et aussi de Stone, quand meme).
Ca fait partie des grande chroniques criminelles: Once Upon a Time in America, The Godfather I, II, III, Scarface, etc.
Je vois par contre aussi le pourquoi des critiques de Manolito, meme si je suis d'un avis diametralement oppose.
La violence? C'est pas des enfants de coeur, quand meme. Leur monde est un monde de violence. C'est un anti-monde ou toutes les regles de notre monde n'ont pas cours. C'est un monde de violence ou la violence est la seule reponse appropriee et c'est donc le plus violent qui remporte la main (meme si dans Casino, il y a l'idee d'une variante ou d'une exception a la regle).
Je ne sens pas une fascination de Scorsese pour la violence en soi. Il a cotoye des voyous a New York etant gosse, voulait devenir pretre avant de repondre a l'appel de la sainte camera. Il laisse les persos vivre leurs vie devant sa camera, qu'ils soient des inconnus en quete de celebrite mortifere (Taxi Driver, King of Comedy), des brutes aimees pour leur violence (Raging Bull), des fous qui vivent dans une culture folle et sans limites (Wolf of Wall Street), des normaux dans un monde ou la violence est la seule culture et la seule "normalite" (Gangs of New York), des vivants dans un monde de morts (Bringing out the Dead) ou un mort qui pretend etre vivant (The Aviator). La religion n'est jamais trop loin dans la carriere de Scorsese non plus (The last Temptation of Christ, Kundun, Silence). Scorsese est un narrateur de toutes ces chroniques d'humanites (souvent) ratees, parfois en quete de redemption. Il n'est qu'un observateur, il ne juge pas, son cote "pretre rate", je suppose. Le public peut juger s'il le desire (ou pas).
Le cote fric & flouse, limite putassier? Vegas, baby! Hell, fucking A! Tout pour l'argent et toutes les conneries qu'on peut acheter avec meme si on n'aime pas ce qu'on achete au final. Oui, l'entree de De Niro en complete-veste rose-pink fait peur, mais c'est les annees 80s. Miami Vice, les choucroute en guise de tignasse (que le film evite au passage, on lui en est gre), la zique soupe de radio, les bagnoles moches, Et surtout, ce sont des gangsters, pas des intellos ou des gens "de gout".
Un cote peut-etre parodique ou second-degre? Plus un cynisme assume. Par contre, le film vient apres plein (d'autres) chef-d'oeuvres ou marqueurs de leurs epoques: The Godfather I, II, III, Scarface, The Untouchables, Miami Vice TV (1984), Wise Guy TV (1987), etc. Cynisme + film-somme pourrait effectivement faire penser a du second degre, mais non, pas ici.
Le film me rappelle beaucoup Scarface auquel il se pose par moment en contre-point. Pacino detruit la femme qu'il aime a cause d'une jalousie maladive. De Niro aimait un peu trop la sienne pour que ca marche. Pacino est un impulsif, plus dans le moule du perso de Pesci. De Niro est un calculateur et un perso "equilibre" (dans son monde de gangsters, on se comprend, hein). La violence de Pacino est folle et viscerale, celle de De Niro est froide et methodique. L'exhuberence est tout autour de De Niro dans Casino, dans Scarface Pacino EST l'exhuberence. La fin epique et "explosive" de Scarface vs la fin plutot anti-climatique de Casino.
Marrant aussi de voir que pour des generations de voyous latinos Scarface est un "modele" de "reussite sociale". Pour des generations de voyous italiens, The Godfather est un "classique" de "(success?) story". Casino avec ses quadra/quinqua juifs et italiens dont l'action de passe pendant la decennie precedente la sortie du film met le public a plus de distance du sujet et (a mon sens) empeche l'identification. Meme chose avec Goodfellas et Gangs of New York.
Scorsese reussi aussi a utiliser la (en fait; les) voix off(s) sans que ca m'irrite (souvent le cas dans les autres films).
Bref, un grand Scorsese en ce qui me concerne, l'un des derniers (voire le dernier!), la chronique d'une decadence violente et morale somme toute tres americaine.
Un classique du cinema, du film de "chronique", du film de gangsters, de chronique de film de gangsters. Must.