Un justicier dans la ville ( Michael Winner , 1974 )
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Couteau, pas couteau... c'est un niveau de détail appréciable mais qui ne change rien à ce qu'est le film. Un polar urbain glauque aux relents nauséabonds. Bronson est parfait, c'est un peu l'archétype de ses interprétations futures - il en sera prisonnier pour les 25 années suivantes (hormis peut etre le Messager de la Mort et Indian Runner)-.
On voit très rarement au cinéma le chemin inverse : des républicains adeptes de la loi du talion devenir un démocrate contre la peine capitale et l'auto-défense (justifiée de quelque manière qu'il soit). Comme il est extrêmement rare de montrer un croyant pur jus devenir athée (par contre l'inverse est légion -arf-). C'est une idéologie droitière qui trouve sa justification dans un scénario là aussi très ambigu, qui va donner au personnage de Bronson toutes les justifications pour poursuivre sa croisade personnelle. Mais de toute façon, les années 70 allaient donner à cette autojustice toutes leurs "lettres de noblesse", qui allait ensuite se déverser en Italie.
D'un point de vue visuel, le film possède une force indéniable. D'un point de vue sociologique et des idées développées, le film est trop ambigu pour ne pas donner la nausée. Je l'ai, en tous les cas, qu'il s'agisse de ce premier opus - ou des autres qui s'enfonceront dans la caricature tout aussi puante. Qu'il soit plus reconnu aujourd'hui, ce n'est pas étonnant en soi car il y a un travail de mémoire qui est effectué aujourd'hui sur un certain cinéma "de genre" qui ont influencé pas mal de nouveaux cinéastes. Quant à l'idéologie, ce n'est pas étonnant non plus que des excuses lui soient trouvées, c'est un peu dans l'air du temps de revenir à, disons, une certaine moralité de la juste punition. Quitte à reprendre le couplet "puisque la justice ne peut/ne veut rien faire..."
C'est aussi en cela que je rejoins l'avis de Manolito concernant l'analyse faite sur la violence dans Les Chiens de paille.
On voit très rarement au cinéma le chemin inverse : des républicains adeptes de la loi du talion devenir un démocrate contre la peine capitale et l'auto-défense (justifiée de quelque manière qu'il soit). Comme il est extrêmement rare de montrer un croyant pur jus devenir athée (par contre l'inverse est légion -arf-). C'est une idéologie droitière qui trouve sa justification dans un scénario là aussi très ambigu, qui va donner au personnage de Bronson toutes les justifications pour poursuivre sa croisade personnelle. Mais de toute façon, les années 70 allaient donner à cette autojustice toutes leurs "lettres de noblesse", qui allait ensuite se déverser en Italie.
D'un point de vue visuel, le film possède une force indéniable. D'un point de vue sociologique et des idées développées, le film est trop ambigu pour ne pas donner la nausée. Je l'ai, en tous les cas, qu'il s'agisse de ce premier opus - ou des autres qui s'enfonceront dans la caricature tout aussi puante. Qu'il soit plus reconnu aujourd'hui, ce n'est pas étonnant en soi car il y a un travail de mémoire qui est effectué aujourd'hui sur un certain cinéma "de genre" qui ont influencé pas mal de nouveaux cinéastes. Quant à l'idéologie, ce n'est pas étonnant non plus que des excuses lui soient trouvées, c'est un peu dans l'air du temps de revenir à, disons, une certaine moralité de la juste punition. Quitte à reprendre le couplet "puisque la justice ne peut/ne veut rien faire..."
C'est aussi en cela que je rejoins l'avis de Manolito concernant l'analyse faite sur la violence dans Les Chiens de paille.
Oh really? Well then I'm sure you wouldn't mind giving us a detailed account of exactly how you concocted this miracle glue, would you ?
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Dans cette optique, je trouve que les INSPECTEUR HARRY sont, dans ce cas-là, aussi "nauséabonds". On y regrette une police et une justice bureaucratiques en pronant un retour à la loi du shériff qui était à la foi police, justice et bourreau ; Harry expose son flingue à tout bout de champ comme un phalus en érection... UN JUSTICIER DANS LA VILLE est plus sobre et fouilli dans l'escalade de la violence, car Bronson n'est pas une machine : il doute, hésite, est influençable (le redneck), a un drame familial sur la conscience... Harry est juste un inquisiteur moderne par contre.
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Si je me souviens bien :
L'arrêt sur image à la fin laisse franchement planer une ambigüité :
Kersey qui sourit en pointant du doigt (comme un flingue) les malfrats de la gare ou il vient d'arriver.
On dirait qu'il commence à prendre du plaisir et que la violence est une solution. Tout le contraire de "Death sentence" si je dois comparer.
L'arrêt sur image à la fin laisse franchement planer une ambigüité :
Kersey qui sourit en pointant du doigt (comme un flingue) les malfrats de la gare ou il vient d'arriver.
On dirait qu'il commence à prendre du plaisir et que la violence est une solution. Tout le contraire de "Death sentence" si je dois comparer.

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Oui c'est clairement ça. Au début c'est un exhutoire, un exorcisme pour faire éclater une frustration face à une injustice, puis il y prend goût, il se sent investi d'une mission, et ça va encore plus loin que ça dans le 2 où le flic, finalement, approuve son choix et se range de son côté en lui donnant en quelque sorte sa bénédiction (je crois même qu'il accepte de le couvrir).
spoilers...
Les flics le couvrent à la demande de l'dministration de new york, pour qu'ils ne deviennent pas un héros, un martyr, ce qui arriverait s'il y avait un procès. Ils ne lui donnent pas vraiment leur bénédiction, donc... Ils le laissent s'installer dans un autre ville s'il renonce à la violence. La toute fin montre que Kersey risque fort de recommencer...
Les flics le couvrent à la demande de l'dministration de new york, pour qu'ils ne deviennent pas un héros, un martyr, ce qui arriverait s'il y avait un procès. Ils ne lui donnent pas vraiment leur bénédiction, donc... Ils le laissent s'installer dans un autre ville s'il renonce à la violence. La toute fin montre que Kersey risque fort de recommencer...
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SPOILER
Dans mes souvenirs, mais j'ai tendance à mélanger le 1 et le 2, le flic qui traque Kersey meurt après une fusillade provoquée par une vente d'armes entre gangs. Et en mourant, je crois qu'il admet que Kersey avait raison...
Dans mes souvenirs, mais j'ai tendance à mélanger le 1 et le 2, le flic qui traque Kersey meurt après une fusillade provoquée par une vente d'armes entre gangs. Et en mourant, je crois qu'il admet que Kersey avait raison...
Modifié en dernier par Fatalis rex le ven. janv. 04, 2008 12:38 pm, modifié 1 fois.
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En fait, à lire ce qui se dit, on a l'impression qu'"un justicier dans la ville" c'est effacé de la mémoire des gens au profit de ses suites, bien plus décomplexées et violentes visuellement. Or le premier est un film plutôt sobre qui ne fait que donner les bases d'un problème, celui de la violence face à la violence. Bronson "sombre" clairement et opte bien évidemment pour une démarche "agressive" mais nous sommes très très loin de ce qui nous sera dévoilé dans les différentes suites ! En réalité, si une phrase marrante, une scène trash ou une impression de n'importe quoi vous revient à l'esprit, c'est que vous n'êtes pas en train de penser à "Un justicier dans la ville" !
Ce film souffre un peu du même syndrôme que "Rambo". A savoir que quand on pense Rambo, on pense tout de suite à un mec avec les muscles bandés qui bute des tas de communistes (ne faisons pas de distinctions !). Ben "un justicier dans la ville", c'est pareil. On pense à un Bronson vieillisant avec une mitrailleuse entre les mains partant buter des punks parce qu'on lui a bouffé son casse-dalle !
A mon sens, ce premier film est ce qui se fait de mieux dans le genre. Justement parce que tout y est très sobre. Pas de folles courses poursuites, pas d'effets gores, pas de méchant groteques... bref, pas de folie. Juste un film urbain traitant d'un sujet délicat avec une subtilité présente mais toute relative. Relative parce que Bronson est Bronson et que sa "gueule" et son jeu limité n'en font pas un saint. On sait par avance qu'il va choisir la voie de la violence, on ne se pose même pas la question. Reste que malgré ça, le basculement est progressif et très bien amené. L'acteur parvient même à être très juste, notament lors la première fois où il s'en prend à un salopard et qu'il rentre chez lui tremblant...
Bref, un très bon film, instigateur d'un genre qui est bien vite parti en sucette pour nous offrir quelques monuments de violence expéditive plutôt funs du reste.

Ce film souffre un peu du même syndrôme que "Rambo". A savoir que quand on pense Rambo, on pense tout de suite à un mec avec les muscles bandés qui bute des tas de communistes (ne faisons pas de distinctions !). Ben "un justicier dans la ville", c'est pareil. On pense à un Bronson vieillisant avec une mitrailleuse entre les mains partant buter des punks parce qu'on lui a bouffé son casse-dalle !
A mon sens, ce premier film est ce qui se fait de mieux dans le genre. Justement parce que tout y est très sobre. Pas de folles courses poursuites, pas d'effets gores, pas de méchant groteques... bref, pas de folie. Juste un film urbain traitant d'un sujet délicat avec une subtilité présente mais toute relative. Relative parce que Bronson est Bronson et que sa "gueule" et son jeu limité n'en font pas un saint. On sait par avance qu'il va choisir la voie de la violence, on ne se pose même pas la question. Reste que malgré ça, le basculement est progressif et très bien amené. L'acteur parvient même à être très juste, notament lors la première fois où il s'en prend à un salopard et qu'il rentre chez lui tremblant...
Bref, un très bon film, instigateur d'un genre qui est bien vite parti en sucette pour nous offrir quelques monuments de violence expéditive plutôt funs du reste.
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D'accord avec toi. Je viens de le revoir avec un grand plaisir.Fatalis rex a écrit :Oui c'est clairement ça. Au début c'est un exhutoire, un exorcisme pour faire éclater une frustration face à une injustice, puis il y prend goût, il se sent investi d'une mission, et ça va encore plus loin que ça dans le 2 où le flic, finalement, approuve son choix et se range de son côté en lui donnant en quelque sorte sa bénédiction (je crois même qu'il accepte de le couvrir).
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J'aime les gens qui disent du bien de RAMBO...
Dans LE JUSITICIER, en fait, ce qui fait sortir le film de la caricature, c'est que Kersey est Monsieur tout le monde. Je crois qu'il a fait un passage à l'Armée, mais c'est tout. Il est architecte, petit bourgeois, pas du genre à se bastonner, bref c'est pas Schwarzy dans COMMANDO.
Et là boum, le drame, les viols, le tag sur le cul de sa fille, tout ça. La scène est très éprouvante sur le spectateur qui, s'il a un peu de maturité, est forcément écoeuré. A ce moment-là, le réalisateur prend le spectateur à partie en lui demandant "Et si ça VOUS arrivait ?".
Donc logiquement, Kersey se tourne vers la police et la justice, qui ne répondent pas à ses attentes. Et là il rentre dans une logique d'extémiste pour obtenir justice. Il se croit donc légitime dans ce rôle-là, mais il devient un outlaw.
Il faut aussi remettre tout cela dans un contexte de violence urbaine croissante où, précisément, les petits bourgeois craignaient pour leur sécurité dans les grandes villes. La solution du réalisateur ? Le retour aux valeurs qui ont construit l'Amérique. Un petit détour par le Texas et le grand air pour que notre petit bourgeois devienne un véritable Américain capable de défendre sa famille seul. Bref, un retour au far-west, autrement dit : une régression.
Mais il est difficile de dire si le réalisateur approuve ce choix. Kersey trouve toujours un nouveau loubard sur sa route, et il devient vite évident qu'il ne peut pas "nettoyer" le pays à lui seul, d'autant qu'il se fait de plus en plus méchament blesser. En outre, cela devient chez lui un besoin, une drogue, un paliatif à sa vie sociale, affective et sexuelle (le coup manqué avec la journaliste est très parlant).
En gros, je ne crois pas que le film nous dise que le choix de Kersey est la solution.
Dans LE JUSITICIER, en fait, ce qui fait sortir le film de la caricature, c'est que Kersey est Monsieur tout le monde. Je crois qu'il a fait un passage à l'Armée, mais c'est tout. Il est architecte, petit bourgeois, pas du genre à se bastonner, bref c'est pas Schwarzy dans COMMANDO.
Et là boum, le drame, les viols, le tag sur le cul de sa fille, tout ça. La scène est très éprouvante sur le spectateur qui, s'il a un peu de maturité, est forcément écoeuré. A ce moment-là, le réalisateur prend le spectateur à partie en lui demandant "Et si ça VOUS arrivait ?".
Donc logiquement, Kersey se tourne vers la police et la justice, qui ne répondent pas à ses attentes. Et là il rentre dans une logique d'extémiste pour obtenir justice. Il se croit donc légitime dans ce rôle-là, mais il devient un outlaw.
Il faut aussi remettre tout cela dans un contexte de violence urbaine croissante où, précisément, les petits bourgeois craignaient pour leur sécurité dans les grandes villes. La solution du réalisateur ? Le retour aux valeurs qui ont construit l'Amérique. Un petit détour par le Texas et le grand air pour que notre petit bourgeois devienne un véritable Américain capable de défendre sa famille seul. Bref, un retour au far-west, autrement dit : une régression.
Mais il est difficile de dire si le réalisateur approuve ce choix. Kersey trouve toujours un nouveau loubard sur sa route, et il devient vite évident qu'il ne peut pas "nettoyer" le pays à lui seul, d'autant qu'il se fait de plus en plus méchament blesser. En outre, cela devient chez lui un besoin, une drogue, un paliatif à sa vie sociale, affective et sexuelle (le coup manqué avec la journaliste est très parlant).
En gros, je ne crois pas que le film nous dise que le choix de Kersey est la solution.
Le regard sur le far west est ambigue. Il y a cette mascarade de western bidon, ridicule, qui est montrée aux touristes : le regard que porte le cinéaste là-dessus paraît démystificateur. Mais Kersey voit quelque chose qui lui plait... Ensuite, l'homme d'affaires texan est montré comme quelqu'un de plutôt positif quelque part, d'anti-"ville" avec son projet qui respecte la nature et l'espace de chacun. Mais le film ne tranche à aucun moment vraiment. Il ne prend pas de position claire... ce qui paraît au fond un peu trop facile...