Senso - 1954 - Luchino Visconti

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arioch
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Re: Senso - 1954 - Luchino Visconti

Message par arioch »

DPG a écrit :Il va pt etre pleurer mais il en parlait 3 messages plus haut déjà ! :D
Le pire, c'est que j'avais vérifié, j'avais fait une recherche de "Blu", etc... Rien. Je suis un gros naze !
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dario carpenter
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Re: Senso - 1954 - Luchino Visconti

Message par dario carpenter »

Le remake est disponible en dvd chez LCJ!:

http://www.lcj-editions.com/index.php?l ... eetid=1529
Manolito
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Re: Senso - 1954 - Luchino Visconti

Message par Manolito »

Coup d'oeil sur les bluray Criterion et studiocanal :

http://www.dvdbeaver.com/film3/blu-ray_ ... lu-ray.htm
Manolito
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Re: Senso - 1954 - Luchino Visconti

Message par Manolito »

Après "Bellissima", Visconti tourne un sketch dans l'anthologie "Nous, les femmes", avec encore Anna Magnani, petit épisode charmant et sympathique sur la Rome des années 50. "Nous les femmes" a eu une édition intéressante en DVD en Italie, avec la VF, mais ce disque n'est plus disponible aujourd'hui sauf d'occasion à des prix inintéressants. Il existe d'autres édition en italien, mais aucune n'a des STA ou STF... Bref, je passe pour revoir celui-là, en attendant.

Visconti continue sur un terrain plus engagé en signant aussi une chronique d'actualités cinématographique sur un fait divers, dans une série qui se voulait une alternative engagée et indépendante aux habituelles bobines d'information diffusées alors en salle.

Mais c'est "Senso" en 1954, film à grand spectacle et gros budget qui apporte enfin à Luchino Visconti son succès commercial et public. Le théoricien du néoréalisme se tourne alors vers un cinéma plus personnel, bien que "Senso" soit aussi un métrage engagé sur une société italienne mal construite au XIXème siècle, ses élites militaires refusant de coopérer avec les partisans Garibaldiens (toutefois, cela a été coupé en grande partie par la censure pour des raisons idéologiques).

Dans "Senso", l'influence de l'Opéra est évidente, non seulement dans son ouverture tourné à la Fenice (l'opéra de Venise), mais aussi dans la mise en scène, les dialogues, leur déclamation, et l'emploi de la musique classique (un peu de Verdi, beaucoup de Bruckner).

On peut facilement voir "Senso" comme le premier des films "décadents" de Visconti, le chantre des "mondes qui se meurent" comme on le dit à son sujet ; c'en est presque un cliché. Ce thème était déjà présent, plus discrètement, dans "La terre tremble", bien qu'à l'autre bout de l'échelle sociale...

Cela reflète surtout tout le paradoxe viscontien, l'aristocrate marxiste, qui sait que le sens de l'histoire va dans la destruction de la classe sociale qu'il incarne ; et qui aspire par choix idéologique à la naissance de ce monde nouveau qui va balayer le sien.

Une chose est sûre, toute cette influence de l'opéra si prégnante dans le cinéma italien des années 60/70, d'Argento à Leone, de Zeffirelli à Fulci (qui a suivi les cours de cinéma de Visconti, tout comme Carlo Lizzani), cet emploi dramatique et omniprésent de la musique dans les moments les plus forts des métrage... Tout cela commence nettement avec "Senso".

C'est aussi le premier film italien en Technicolor (quelques semaines avant "Ulysse" de Camerini avec Kirk Douglas), et là aussi, le spectacle des couleurs à l'italienne ira souvent puiser sa source dans ce métrage.

Si la Nouvelle Vague française des années 60 a eu des rapports ambivalents avec le cinéma de Visconti, plus ou moins ambigus selon les réalisateurs (Chabrol le taclait comme étant un "cinéma d'antiquaire"), il a été nettement défendu et remis à l'honneur par le Nouvel Hollywood, en particulier les cinéastes d'origine italienne, comme Coppola, Michael Cimino et surtout Martin Scorsese qui s'est engagé fortement avec la cinémathèque de Bologne sur les restaurations récentes de "Le guépard", "Rocco et ses frères" et évidemment ce "Senso".

Scorsese a en effet déclaré sans ambiguité que la fin de "Taxi Driver", dans le bordel, est très influencée par celle tragique de "Senso", film qu'il met d'ailleurs à l'honneur comme une de ses grandes influences dans le documentaire cinéphile "Mon voyage en Italie".

J'ai revu "Senso" sur le bluray français Studiocanal, sorti il y a bientôt dix ans, et toujours disponible à un prix très raisonnable.

Comme tous les bluray de "Senso" au monde, il part de la restauration de l'immagine ritrovata, datée de la fin des années 2000.

"Senso" n'est pas un film facile, il a fallu, comme pour tout ces vieux films Technicolor, aligné aussi proprement que possible les 3 négatifs pourtant bien endommagés. Le résultat est souvent très bon, mais on regrette juste que les passages avec fondus enchaînés (assez fréquents quand même) soient un peu pâteux. Sans doute était-il difficile de faire mieux, et ce bluray reste très bon, à des années lumières des copies vidéos précédentes, voire celles 35mm archi-usées que j'ai vues dans les salles parisiennes ou à la cinémathèque autrefois.

Bref, un achat indispensable, un beau bluray avec VF et STF, des bonus (dont une interview de Francesco Rosi), tout ça pour moins de 10 €. Que demande le peuple ? :)

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