J'achève à l'instant la lecture de cette intégrale Bragelonne et il convient de saluer à nouveau la qualité du travail effectué par Patrice Louinet.
Ayant découvert le personnage de Conan par l'intermédiaire des albums BD publiés par Lug dans la seconde moitié des années 70 (superbes dessins en noir et blanc du regretté John Buscema), j'ai immédiatement été fasciné par cet univers sombre et érotique (imaginez l'effet produit à l'époque sur un gamin d'une dizaine d'années) . Par la suite, j'ai apprécié le film de Milius et dévoré les bouquins disponibles, ceux publiés par J'ai Lu il y a environ 25 ans (avec les illustrations de Frazetta). Je possède aussi le Conan le conquérant publié chez J.C. Lattès (traduction de François Truchaud qui, ne l'oublions pas, fit beaucoup pour permettre au public français de découvrir l'oeuvre de Howard).
Cette nouvelle édition Bragelonne permettra ainsi aux puristes d'effectuer quelques comparaisons.
Par exemple, le " Rappeler à la vie
cette chose ? " du Conan le conquérant version Truchaud devient " Ramener cette chose
à la vie ? " dans L'Heure du dragon .
Et " Les falaises !
Elles s'écroulent ! " se transforme en " Les falaises ! Les falaises s'écroulent ! "
En ce qui concerne le contenu de ces 3 volumes, le premier est essentiellement constitué de nouvelles courtes dont certaines de mes préférées, à savoir La Fille du Géant du Gel, Le Dieu dans le sarcophage, La Reine de la Côte Noire ( mes favorites étant La Tour de l'Eléphant et Le Colosse Noir ).
Et Xuthal la crépusculaire demeure l'une des moins captivantes du lot.
Le second ne contient que trois longues nouvelles (hors appendices) et toutes trois sont remarquables, en particulier celle intitulée Le Peuple du Cercle noir ( la BD m'avait autrefois traumatisé ). Quant à L'Heure du dragon ( connue autrefois sous le titre de Conan le conquérant - Louinet expliquant ledit changement effectivement parfaitement justifié ), il s'agit d'une très longue nouvelle, ou plutôt d'un court roman, qui marque à mon sens l'apogée de Howard en raison du puissant souffle épique qu'il parvient à lui insuffler.
Le troisième tome me semble moins intéressant ( lassitude personnelle ?) dans la mesure où Les Dents de Gwalhur, Le Maraudeur noir et Les Clous rouges ne me semblent pas ajouter grand chose à un ensemble déjà très riche. En ce qui concerne Les Clous rouges, histoire assez laborieuse se déroulant à l'intérieur d'une ville maudite et labyrinthique dans laquelle s'affrontent à mort deux clans aussi cruels l'un que l'autre, je ne pense pas qu'il s'agisse du chef-d'oeuvre de l'auteur. A vrai dire, sa lecture m'a même plutôt ennuyé.
La seule nouvelle de ce troisième tome à m'avoir un tant soit peu accroché s'intitule Les Mangeurs d'hommes de Zamboula ( peut-être parce que j'adore les histoires de cannibales

).
Quoi qu'il en soit, cette édition constitue un véritable événement et se révélera indispensable à tous les amateurs de Robert E. Howard.
In girum imus nocte et consumimur igni...