Oui enfin en même temps, y'a plein de films excellents qui se terminent par un suicide "héroïque". C'est le cas par exemple du très bon LE DERNIER DES GEANTS avec John Wayne ou du mémorable RETURN OF THE KICKFIGHTER avec Richard Norton. Concernant ce second film, je tempère tout de même par unrusty james a écrit :Je cautionne pas trop cette espèce de vision glauque de la vie qui est donnée et qui se conclue par une forme de suicide, et un suicide qu'on valorise comme un dernier acte fort. Mouai bof...
The Wrestler - 2008 - Darren Aronofsky
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Re: The Wrestler - 2008 - Darren Aronofsky
Re: The Wrestler - 2008 - Darren Aronofsky
Tel Atlas portant le monde sur ses massives épaules, l’acteur Mickey Rourke paraît complètement soutenir ici un film qui, de ce fait, nous offre une interprétation intéressante de la fonction généralement attribuée au comédien par notre septième art. Spectacle souvent attendrissant d’un mythe dont l’humanisation s’effectuera tant sur le plan psychologique (relation père / fille, par exemple) que corporel (images du corps meurtri) pour obtenir la réconciliation des personnages / comédiens, fiction / réel, voire même du signifiant avec le signifié. La métaphore disparaîtra ainsi au bénéfice de l’image pure, façon de consacrer l’intransitivité d’une prestation ne renvoyant plus qu’à elle-même comme manifestation de l’énergie vitale qui, pour Aronofsky, se trouve à l’origine du talent.
Linéaire, le scénario affiche une sobriété chargée de revaloriser l’immense charisme d’un acteur dont la “valeur” dépend non pas du jeu en tant que tel mais davantage d’une “présence” à l’écran. Que l’on partage ou non cette conception dudit métier, "The Wrestler" possède toujours le mérite d’en établir une démonstration somme toute fort convaincante.
Linéaire, le scénario affiche une sobriété chargée de revaloriser l’immense charisme d’un acteur dont la “valeur” dépend non pas du jeu en tant que tel mais davantage d’une “présence” à l’écran. Que l’on partage ou non cette conception dudit métier, "The Wrestler" possède toujours le mérite d’en établir une démonstration somme toute fort convaincante.
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savoy1
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Re: The Wrestler - 2008 - Darren Aronofsky
Au-delà de ce désespoir qui transpire littéralement de l’écran, à s'en serrer la gorge, personne n’a abordé ici le parti-pris de mise en scène maintes fois convoqué par Aronofsky tout au long de son métrage ?
Soit ces plans séquences (pour)suivant le héros de dos, à la « Elephant » de Gus Van Sant. De nombreuses séquences dans lesquelles ce n’est donc pas le jeu de Mickey Rourke qui est important, mais bien la seule présence d’une silhouette en perpétuelle demande, d’un public, d’un interlocuteur, qu’il soit son proprio ou un proche. Ce qui nous vaut une formidable scène : celle où le catcheur se dirige, dans le supermarché, de son vestiaire vers le rayon traiteur, suivi donc tel le sportif vers le ring, et dans laquelle le son étouffé de supporters se subtilise subtilement aux bruits de la chaufferie du magasin.
Le travail sur la bande son ajoute encore à la mise en scène qui est finalement loin d’être transparente, même si délaissée par les avis au profit de la prestation de l’acteur.
Soit ces plans séquences (pour)suivant le héros de dos, à la « Elephant » de Gus Van Sant. De nombreuses séquences dans lesquelles ce n’est donc pas le jeu de Mickey Rourke qui est important, mais bien la seule présence d’une silhouette en perpétuelle demande, d’un public, d’un interlocuteur, qu’il soit son proprio ou un proche. Ce qui nous vaut une formidable scène : celle où le catcheur se dirige, dans le supermarché, de son vestiaire vers le rayon traiteur, suivi donc tel le sportif vers le ring, et dans laquelle le son étouffé de supporters se subtilise subtilement aux bruits de la chaufferie du magasin.
Le travail sur la bande son ajoute encore à la mise en scène qui est finalement loin d’être transparente, même si délaissée par les avis au profit de la prestation de l’acteur.
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dario carpenter
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Re: The Wrestler - 2008 - Darren Aronofsky
c'est pas vraiment la meilleure scène du film,qui se calque d'ailleurs un peu trop peut être sur le monologue d'Ellen Burstyn dans "Requiem".dog a écrit :voir Mickey pleurer à chaude larme en parlant à sa fille... pas des masses envie
sinon le film est pas mal,peut être trop classique et attendu dans sa narration et mise en scène,moins viscéral qu'un" Requiem",mais c'est à voir quand même pour la prestation de Mickey Rourke.
- rusty james
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Re: The Wrestler - 2008 - Darren Aronofsky
Pour moi il s'agit justement d'un refus du réel, tu as pointé exactement ce qui me dérangeait dans le film mercredi. Il n'y a pas réconciliation entre réel et fiction, puisque le catcheur se réfugie, se blottie dans son rêve, déniant la réalité... et à force de faire fie de cette réalité bein on finit comme Mickey Rourke dans le film... à la morgue. De la pure moral chrétienne comme on les aime tant tartinée, en grande pompe sous de faux airs de dénuement (limite ascétique) / de réalisme (bein ouai il n'y a pas suicide au sens propre, donc tout va bien, on va pas se froisser avec les cieux / la fiction tant rêvée d'un monde autre et pouvoir s'y jeter à corps perdu).
C'est décidé je déteste ce film
(même s'il se regarde paradoxalement plutôt bien)
C'est décidé je déteste ce film
Re: The Wrestler - 2008 - Darren Aronofsky
Alors là, je vois pas du tout où est la "morale chrétienne" dans le fait de se réfugier dans le rêve.
Re: The Wrestler - 2008 - Darren Aronofsky
Je viens d'apprendre que BRAZIL est un film à la morale chrétienne !Cosmodog a écrit :![]()
Alors là, je vois pas du tout où est la "morale chrétienne" dans le fait de se réfugier dans le rêve.
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- rusty james
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Re: The Wrestler - 2008 - Darren Aronofsky
Je parlais du monde imaginaire qui est ici associé à la mort... et pour moi bein le paradis tout çà c'est du rêve, du vent, du pipo... dans Brazil il la choisi pas la mort (idem dans Ouvres les yeux pour prendre un autre exemple) ...enfin bref 
Re: The Wrestler - 2008 - Darren Aronofsky
Dans ton texte, tu dis que le mec refuse la réalité, pas qu'il se suicide. Dans BRAZIL, Sam Lowry refuse la réalité justement car il s'agit de la seule échappatoire, il se refugie dans son rêve, dans son imaginaire, dans le monde dans lequel il aimerait vivre. D'après les infos que tu donnes ci-dessus, c'est un peu la même chose ou alors tu t'es très mal exprimé.rusty james a écrit :Je parlais du monde imaginaire qui est ici associé à la mort... et pour moi bein le paradis tout çà c'est du rêve, du vent, du pipo... dans Brazil il la choisi pas la mort (idem dans Ouvres les yeux pour prendre un autre exemple) ...enfin bref
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- rusty james
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Re: The Wrestler - 2008 - Darren Aronofsky
Bein ouai mais si t'as vu le film c'est induit...Dans ton texte, tu dis que le mec refuse la réalité, pas qu'il se suicide.
Re: The Wrestler - 2008 - Darren Aronofsky
L'explication du procédé de mise en scène que tu avances me convainc totalement et pas seulement parce qu'elle confirme ma propre interprétation du filmsavoy1 a écrit : De nombreuses séquences dans lesquelles ce n’est donc pas le jeu de Mickey Rourke qui est important, mais bien la seule présence d’une silhouette en perpétuelle demande, d’un public, d’un interlocuteur, qu’il soit son proprio ou un proche. Ce qui nous vaut une formidable scène : celle où le catcheur se dirige, dans le supermarché .
Pour notre héros, le fameux réel se trouve dans l'espace du ring, lieu où le corps reprend ses droits. En ce sens, le réalisateur effectue un renversement des valeurs traditionnelles. Le spectacle se "naturalise" et la vie quotidienne perd consistance. Le mythe prend vie.rusty james a écrit :Pour moi il s'agit justement d'un refus du réel, tu as pointé exactement ce qui me dérangeait dans le film mercredi. Il n'y a pas réconciliation entre réel et fiction, puisque le catcheur se réfugie, se blottie dans son rêve, déniant la réalité
- rusty james
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Re: The Wrestler - 2008 - Darren Aronofsky
Je comprends bien ce que tu dis mais tu ne m'ôteras pas de l'idée que le mythe, même si comme tu le souligne Arononosky tente un retournement des valeurs (un peu comme le curé pour qui la vraie vie est ailleurs, on est seulement sur terre pour souffrir avant de mériter le paradis, tout çà... en lieu et place de profiter de ce que la vie nous donne tout simplement), çà reste du toc ! Il valorise du toc au point que celui-ci prend plus de valeur que la vie réelle. Tu pourras utiliser toutes les ruses intellectuelles que tu veux mais au fond çà reste... du toc.
Pour moi tout çà c'est dans la tête et c'est des conneries (et valoriser ce mode de pensée c'est pas terrible en ce qui me concerne... et je ne remets évidemment pas en cause l'imagination, brut de décoffrage, et les plaisirs dérivatifs qu'elle peut parfois apporter sinon bein faut que j'arrête de regarder des films ^^ ) ! S'il y avait pas eu ce côté naturaliste / réaliste çà aurait pu marché, le cercle aurait été bouclé comme un clin d'oeil, la fiction renvoyant à la fiction (comme dans Incassable... ou Brazil qui prend acte dans un monde fantasmé style SF).
Pour moi tout çà c'est dans la tête et c'est des conneries (et valoriser ce mode de pensée c'est pas terrible en ce qui me concerne... et je ne remets évidemment pas en cause l'imagination, brut de décoffrage, et les plaisirs dérivatifs qu'elle peut parfois apporter sinon bein faut que j'arrête de regarder des films ^^ ) ! S'il y avait pas eu ce côté naturaliste / réaliste çà aurait pu marché, le cercle aurait été bouclé comme un clin d'oeil, la fiction renvoyant à la fiction (comme dans Incassable... ou Brazil qui prend acte dans un monde fantasmé style SF).
Re: The Wrestler - 2008 - Darren Aronofsky
rusty james a écrit : Il valorise du toc au point que celui-ci prend plus de valeur que la vie réelle. Tu pourras utiliser toutes les ruses intellectuelles que tu veux mais au fond çà reste... du toc.
Pour moi tout çà c'est dans la tête et c'est des conneries (et valoriser ce mode de pensée c'est pas terrible en ce qui me concerne...
Ce parti pris n'est pas précisément judéo chrétien mais constitue un archétype universel (à ce qu'il me semble). La remise en cause du réel (communément admis comme tel) via ce renversement de valeur ordonne un de mes mythes préférés, celui de Pygmalion. S'offusquer de cela revient à contester le bien fondé d'une bonne part de la littérature française, par exemple (du roman courtois médiéval aux "fureurs" de la Pléiade en passant par le Parnasse). Si je partage ta conception épicurienne de l'existence, j'éprouve également une réelle fascination pour l'idéalisme.
Si la fable, l'allégorie, la fantasy s'avèrent a priori plus rassurantes (car usant de la métaphore) pour le spectateur, le propos demeure souvent le même. L'imaginaire prend le relais d'un réel qui, différent du nôtre mais VRAISEMBLABLE, repose, pour le héros, sur un principe équivalent. La logique reste donc identique.rusty james a écrit : S'il y avait pas eu ce côté naturaliste / réaliste çà aurait pu marché, le cercle aurait été bouclé comme un clin d'oeil, la fiction renvoyant à la fiction (comme dans Incassable... ou Brazil qui prend acte dans un monde fantasmé style SF).
- rusty james
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Re: The Wrestler - 2008 - Darren Aronofsky
Ce qui est marrant c'est qu'avec renversement des valeurs tu emploies quasiment des mots Nietzschéens (même si on traduit souvent plutôt par "transvalution" des valeurs), et on connaît le goût du bonhomme pour la morale judéo-chrétienne (et ses valeurs)

Enfin bref il ne s'agit pas de remettre en cause les poèmes épiques ou la mythologie (j'ai pas ton bagage culturel, donc je m'abstiendrais bien volontiers de parler des mouvements que tu cites... même si en gros... bein, le classicisme, c'est cool justement
), les tragédies ou les fins qui tournent mal plus généralement, mais simplement de dire que j'avais l'impression que dans ce film on tirait bien au contraire plus vers un constat romantique justement, idéalisé (à l'opposé a priori des petits gars de la pleiade), enveloppant la mort dans de faux apparats. Il met en scène sa mort mais çà ne fait pas oublier pour moi qu'il fuit la vie et se suicide...
PS: ah oui et je bois trop de bière pour être épicurien, malheureusement
(par contre l'idéalisme trop peu pour moi, çà me donne mal à la tête ces bricolages de maboules
)
Enfin bref il ne s'agit pas de remettre en cause les poèmes épiques ou la mythologie (j'ai pas ton bagage culturel, donc je m'abstiendrais bien volontiers de parler des mouvements que tu cites... même si en gros... bein, le classicisme, c'est cool justement
PS: ah oui et je bois trop de bière pour être épicurien, malheureusement
Re: The Wrestler - 2008 - Darren Aronofsky
C'est moi ou ce thread, c'est spoilerland ? 




