"FRANKENSTEIN" de James Whale ( 1931 )

[MadXav]

Le film, ainsi que "Bride...", est ressorti dans 3 salles parisiennes cette semaine (dont le Mac Mahon), dans des copies "restaurees". Quelqu'un a-t-il eu l'occasion de se rendre compte de l'etat du film ?

J'espère que mon cinéma de quartier va les diffuser. Je meurs d'envie de redécouvrir ces films en salle et depuis que j'ai vu la couverture du Pariscope, je croise les doigts !

[Superwonderscope]

ben... ils sont ou les amateurs de cinéma fantastique de d'horreur? Pas au cinéma en tous cas, pour voir Frankenstein et sa fiancée en copies neuves sur grand écran. 56 entrées sur deux salles le premier jour et 29 le deuxième.

[fantomas 2]

Quelqu'un sait-il si une affiche (ou plusieurs) a été imprimée pour cette enième ressortie française ?
Et c'est amusant de voir le Mac-Mahon programmer ces films, car c'est dans cette même salle que fut présenté "Le fils de Frankenstein", en 1939 - quelques semaines avant la seconde guerre mondiale.
Non, ce ne sont pas des souvenirs personnels, n'en rajoutez pas !

[bluesoul]

Frankenstein (1931) – James Whale

Dans son laboratoire, le dr. Frankenstein est sur le point de parachever son oeuvre et de donner la vie a sa creature artificielle. Ce qu’il ignore, est que son serviteur l’a par erreur approvisionne avec le cerveau d’un criminel...

Si Tod Browning aimait les « monstres », et leur a dedie un film maudit (Freaks), James Whale plus que les « monstres », declare son affection pour les etres « autres » et depeint leurs deboires avec les « normaux » dans Frankenstein. Pour Whale, homosexuel, dont la sexualite allait a long terme marquer la fin de la carriere, ce film devait revetir une importance toute personnelle.

En 1931, cependant, il est a l’apogee de son oeuvre commerciale et creative. En cela, il est seconde par un excellent casting—Colin Clive et Boris Karloff en tete, de superbes sets maints fois copies, re-utilises ou parodies, mais jamais egales, et les magnifiques maquillages de Jack P. Pierce qui ont fait de Boris Karloff LE Frankenstein de reference.

Si le Dracula de Lugosi presentait une facette symbolique du comte, la momie selon Karloff ne sera malheureusement plus une inspiration pour les version a venir, l’homme-loup de Chaney sera une inspiration majeure pour le genre, le Frankenstein de Whale marquera le cinema fantastique dans plusieurs genre / stereotypes a venir.

D’abord, le personnage de Colin Clive represente le savant fou par excellence, celui qui leve son poing au ciel en defi a Dieu ou aux Dieux. Celui qui croit en sa superiorite ou celle de l’homme face a son destin, mais egalement celui qui de part sa vanite va causer sa perte, et celle de bien d’autres.

Ensuite, le laboratoire du savant ou la demesure est etalon-metre. La aussi, souvent copie, jamais egale. A ce titre, l’idee du laboratoire en hauteur, permettant aux specimens d’etre exposes a la fureur (colere) du ciel, renforce l’idee de ce defi de l’homme (de sciences) aux forces de l’au-dela, a ces forces qui nous gouvernent d’en-haut.

Et finalement, le monstre, dans toute sa tragedie, celle de ses victimes, et la sienne. Un monstre condamne d’avance par son apparence, apparence qui le mettra a jamais a l’ecart des hommes. Condamne ensuite par son ame (cerveau), qui soit par son passe criminelle, soit par son incapacite a trancher entre le bien et le mal, poussera son possesseur aux pires exactions. Condamne finalement a la non-vie, car rappelle a une parodie de vie par des experiences « blasphematoires ». Ainsi, le « monstre » porte le triple stigmate de l’absence de l’apparence, de l’ame et de la vie. Horrible a voir, il suscite la peur, sans conscience, ses actions genereront la haine et sans vie, personne n’aura de scrupules a vouloir le detruire.

A ce niveau, la performance de Karloff est exemplaire. Loin du stereotype du pesonnage a la gestuelle saccadee et robotique, il apporte au monstre la touchante naivete du nouveau-ne, lui donne un esprit non pas sans ame, mais avec une limitation d’envergure, celle de ne pas reconnaitre le « bien » du « mal ». Son interpretation sera celle d’une creature haie des la naissance, qui n’aura d’autre choix que d’utiliser sa force herculeenne pour survivre et causer au passage encore plus de souffrances et de tragedies.

Tant de choses pourraient etre dites et re-dites sur ce film, mais il est plus simple de les resumer en un qualificatif : un « classique » du cinema.

A voir, point barre !

Frankenstein : 5 / 5

[Manolito]

Un beau classique fantastique, à l'ambiance presque épurée, au ton grave et prenant, avec un Karloff absolument magistral. Un grand classique du cinéma gothique, un des sommets de l'âge d'or du fantastique hollywoodien...

[fantomas 2]

J'ai toujours pensé que la firme Universal, après avoir déjà tourné les versions espagnoles de The Cat Creeps (La voluntád del muerto, réalisé par George Melford) et Dracula (Drácula, par le même) avait produit inévitablement une version hispanique de FRANKENSTEIN.

Et vous savez quoi? Eh bien, j'avais - presque - raison.

Je n'étais pas loin de la vérité, en effet, sauf que cette fois il s'agissait d'une version française et non espagnole, tout comme pour The Big House (par un autre studio), qui a eu sa propre version dans notre bel idiome, avec Charles Boyer et réalisé par Paul Fejos, qui a également tourné une version allemande en même temps, avec encore d'autres acteurs.

Et non seulement cette version alternative française de "Frankenstein" a bien été faite, mais elle vient d'être retrouvée, et est actuellement disponible en DVD chez Amazon.com.

Ce n'est plus cette fois James Whale qui dirige, avec le talent que l'on sait, mais notre compatriote Julien Duvivier, alors en apprentissage à Hollywood comme Jacques Feyder et quelques autres.

Et ce n'est plus Colin Clive qui incarne le démiurge, mais Gino Cervi, alors à l'aube d'une belle carrière. En ce qui concerne le monstre, c'est assez surprenant, mais le visage douloureux de Boris Karloff a été remplacé par celui de Fernandel, ce qui ne surprendra que ceux qui ne l'ont pas vu dans "Angèle", "Meurtres", et bien d'autres rôles dramatiques.

Le même duo fut ensuite de la distribution de la version en français de "La fiancée de Frankenstein", sous la houlette d'un autre réalisateur, Carmine Gallone - film également retrouvé!

Et si vous pensez que c'est une blague, ce qui serait surprenant de ma part, allez donc voir sur le site Amazon:

http://www.amazon.fr/Frankenstein-Bride ... 6&sr=1-125

[arioch]

J'avais entendu parler de cette histoire et du fait que le fim avait été distribué en Belgique sous le titre de LE PETIT MONDE DE DON FRANKENSTEIN mais je n'avais jamais trouvé de preuve. Merci Fantomas, grâce à toi, je vais enfin pouvoir découvrir ces deux raretés.

[bluesoul]

Euh...Je veux y croire aussi, mais j'ai beau chercher une confirmatino ailleurs que sur Mazon.fr, je ne trouve que des references a Karloff / Clive / Whale pour le box en question... Quelqu'un a un lien vers une version corroborant Mazon.fr?

Ajout: Les seuls sites que je trouve sont francophones et semblent reprendre tels quels les infos de Mazon.fr, tandis que les anglophones font l'impasse...

Si c'est reellement Fernandel, c'est une vraie decouverte!!!

[MadXav]

J'avais lu que le choix de Fernandel avait été dicté par sa dentition qui permettait à l'écran de palier sa faible carrure. Les électrodes situées sur les côtés du cou on également été oubliés, au profit des grandes oreilles de l'acteur. Le tube "Simplet" de Fernandel sert en outre de bande-originale au film.

[bluesoul]

Dit comme ca, ca fait un peu peur. Mais, ca reste une decouverte!!!!

[arioch]

Bon, avant qu'une personne n'achète malencontreusement le bidule, évidemment, c'est un gag... Je dis ça parce que le Bluesoul, il a l'air tout retourné !

[fantomas 2]

Cela dit et blague à part, Fernandel a quand même tourné à la même époque "Le jugement de minuit", réalisé par Alexandre Esway et André Charlot, version française du film "The Ringer" de Walter Forde, tourné en même temps en allemand par Carl Lamac sous le titre "Der Hexer", ces trois versions parallèles ayant pour base une pièce, "The Ringer", adaptée du roman d'Edgar Wallace "The Gaunt Stranger" - Fernandel dans un Edgar Wallace, je rêve de voir ça, mais le film semble inaccessible comme d'autres de la même époque.

Et si la dentition de Fernandel est un atout naturel, on peut penser que la Universal a aussi tourné une version française de DRACULA avec lui... et Gino Cervi en Van Helsing, bien entendu.

[bluesoul]

Je continue a y croire! Ca et le cross-over Mazinger vs Louis de Funes et je peux mourir heureux!

[orco]

Arf j'y avais cru aussi , on n'est pas le 1er avril pourtant.

[fantomas 2]

Aux hommes de peu de foi...
A ceux qui pensent que je débigoche!
Cette preuve irréfutable, retrouvée par notre ami "Valor" dans des archives européennes...



Etonnez-vous après ça qu'il ait fallu prévoir des infirmières dans la salle à la sortie du film en France, en 1932!