Les défauts plus que nombreux écrasent les qualités, je ne saurais pas vraiment par quoi commencer.
Déja, un détail, mais ma version ultime se situerait entre l'Unrated et le Theatrical cut, à cause de ce qu'ils ont fait à la scène de Wolf (le Predator) dans les égouts.
La scène était montrée d'un bloc dans le Theatrical, mais dans l'Unrated, les réalisateurs ont eu l'idée de génie de changer le montage et de couper cette intense scène en deux, la mêlant avec la romance à l'eau de rose entre Ricky et Jesse (je vérifie les prénoms sur IMDb, même après 17 visions je ne les retiens jamais). On a donc un ultra badass Predator qui prépare son attaque contre les aliens et hop on passe à un flirt entre deux ados, qui s'invitent à la piscine. On repassera pour l'intensité.

Passé ce détail, je trouve l'Unrated en tous points supérieure (à part aussi les horribles chestbursters de synthèse qui sortent du gamin), même si ça ne change absolument rien de fondamental et que les personnages sont tous toujours d'une fadeur désespérante.
Voilà pour moi le problème premier du film, les personnages. A la toute fin, quand on voit les survivants, on comprend l'intention de départ: mettre l'accent sur 1) la relation Dallas sorti de prison avec son frère petite frappe 2) la relation entre le soldat Kelly et sa fille Molly. Avec une union Kelly/Dallas, et, gravitant autour, le personnage d'Eddie le shérif.
Mais rien ne fonctionne, ou tellement peu. Les dialogues sont consternants (la mère dit trois phrases à sa fille à propos des jumelles nocturnes, Ricky répond à un jeune à coup de blague homophobe, le shérif tire une gueule pas possible et est juste capable de dire qu'il ne sait pas quoi faire, Ricky parle d'horloge, ne veut pas mettre de casquette, Jesse parle d'horloge etc). A la limite c'est la relation entre Dallas et son frère qui existe le plus, à travers deux trois dialogues dans les égouts pour aller chercher des clés.

Et puis les pauvres aliens pâtissent du ridicule des situations dans lesquelles ils sont montrés. Un alien qui se cache derrière un buisson, un alien dans une chambre d'enfant, un alien qui pousse les portes d'un restaurant... Les pauvres. Ils sont vraiment gérés n'importe comment, ne font jamais peur, sont dans des éléments complètement incongrus.
Et les incohérences du scénario... Mais pourquoi les clochards restent-ils dans les égouts alors que la police vient les déloger, et qu'en plus on découvre le bras putréfié, ce qui renforce encore plus la nécessité d'évacuer les lieux? Pourquoi???

Pourquoi les personnages ne cherchent pas un moyen de se casser de la ville, au lieu de retourner chercher des armes, en plein dans la gueule du loup? Il doit bien y avoir des chemins, ou des routes peu fréquentées que le shérif connait, bon sang.
Pourquoi Wolf pend le cadavre de Ray dans les bois, au risque d'attirer encore plus l'attention et donc de compromettre sa mission? On peut émettre plusieurs suppositions, mais ça reste quand même incohérent dans le contexte. Il a pu faire ça pour le sport, c'est dans sa nature, il a voulu s'amuser un peu, c'est plus fort que lui (ma théorie). Ou il a pu vouloir envoyer un signal fort du genre contrôle par la peur, ici c'est dangereux (... ça ne m'a jamais très convaincu).
Les réalisateurs eux-mêmes disent dans le commentaire audio qu'ils trouvaient ça juste cool.
Le gore dégueulasse est présent, même si très CGI, et on sent la volonté de choquer, de rompre avec AVP. Je ne peux dire grand chose de négatif là dessus (si le film était bon ce serait toujours un plus), mais en l'état c'est un peu l'essentiel de ce qu'on garde du métrage, et ça en devient presque triste, vain.
Pour parler technique, de gros problèmes à ce niveau là aussi. Le film est tellement sombre (défaut universellement exprimé) qu'il y a des parties ou soit on a énormément de mal à voir ce qui se passe, ou des moments où on ne voit carrément rien. Dans ma dernière vision (en DVD), je ne vois pas ce qui tue le pizza guy dans l’hôpital. Je vais me refaire une vision Blu-Ray.
Et puis au bout de dizaines de visions ça va mieux, mais il m'a vraiment fallu du temps pour comprendre certaines scènes à cause du montage. La scène dans les égouts par exemple, où Wolf chope les deux aliens par la gorge avant de se faire claquer par le Predalien a la politesse d'être ultra sombre et illisible. Un bordel sans nom. Le combat entre le Predator et le Predalien à la fin, mon dieu quelle bouillie.
Mais malgré tout, je l'aime bien cet AVP-R.

Tout ce qui touche à Wolf est pour moi ultra réussi et le fan en moi jubile. C'est mon Predator préféré de toute la saga: le nettoyeur, le vieux de la vieille, le baroudeur... Il est flippant, rappelle par son comportement ceux des deux premiers films (il est très agile, plein de ressources inattendues), fait le deuil de ses camarades, et il a le look le plus badass qui soit. Il a une gueule pas possible, balafré, il lui manque une mandibule, un regard ultra flippant (par rapport à l'humanisation voulue par Anderson dans AVP), il a deux canons, utilise l'un comme un flingue... Dès qu'il est à l'écran je suis à fond dedans et ça tombe bien, c'est la star du film (Seul tout petit truc, à sa première apparition sur son siège ça me gène toujours qu'une de ses mandibules bouge toute seule...).
L'idée principale et le scénario reposent sur des concepts intéressants. Le Predalien est réussi et parait inarrêtable. Les personnages n'apprennent jamais à quoi ils ont affaire. La dernière partie est bien tendue et bourrine, avec une bonne ambiance pluvieuse nocturne qui fonctionne. Retrouver Robert Joy est un plaisir (forever Amityville 3-D). Et le tout est quand même très sombre et ironique par sa conclusion sans pitié (pauvre shérif!

Je me rappelle avoir dit à Haribo après l'avoir vu 10 fois en screener horrible avant la sortie ciné "C'est génial, c'est comme un docu sur une invasion extraterrestre en pleine ville"! J'étais certes dans l'hyperbole et beaucoup trop fan pour être objectif, mais c'est toujours ce souvenir que je garde et qui me donne envie de le revoir régulièrement. Les personnages existent à peine, on ne se sent pas impliqué émotionnellement, mais on jubile quand même de voir le chaos brutal engendré par le choc des bestioles!