Pour ne pas tourner autour du pot, il faut dire d’emblee qu’evaluer Sheitan comme un "film" jouera completement en defaveur du metrage.
En effet, quelque soit l’approche suivie, on ne peut qu’arriver a la conclusion que Sheitan n’est rien d’autre qu’un court, voire moyen-metrage "tire en longueur" pour atteindre la duree raisonnablement attendue d’un "long"-metrage.
Le realisateur, Kim Chapiron, issu du milileu du « court », semble ainsi avoir mis en oeuvre tout un savoir—non denue d’interet—au service, non pas d’une intrigue, mais d’un « pitch ». Un pitch qui ferait ainsi un sympathique petit metrage de 20-30 minutes, mais qui, dilue dans 94 minutes, tourne quand meme facheusement en rond pour finir par des faux "rebondissements" et quelques scenes qui de nouveau, emporteraient une certaine sympathie dans un court / moyen, mais passent plus pour du remplissage "artsy" et plutot vain(!) dans un long-metrage.
Au niveau des bons points, l’on notera que les "graines de voyous" ne sont globalement pas aussi mauvais, car finalement plus "turbulents" et "mal-eleves" que vraiment les "cailleras" auquel le cinoche nous a generalement habitue et restent au final assez credibles. Les acteurs quant a eux, sont "convaincants", sans plus.
Au niveau des acteurs "connus", l’on notera Vincent Cassel(!), dans un role completement decalle, et qui se limite a rouler des yeux fous dans un style qui ferait quand meme bien rire Jack Nicholson dans "Shining", et qui semble assez s’inspirer d’un (tres mauvais) Billy-Bob Thornton dans (un pas fameux) War of the Worlds (2005). A noter aussi, la femme de Cassell, Monica Bellucci dans une role plus de figuration assez grotesque, a croire que le realisateur avait presque quelques "comptes a regler" avec eux…
Au niveau de l’atmosphere, celle-ci reste assez interessante, decidant de rester dans un registre de l’ "inquietant" au final assez interessant pendant 90% du metrage avant de se re-orienter (et de sombrer) dans le violent assez tartignole…et au final plutot inutile.
Les decors, notamment les interieurs de la maison, font leur petit effet et generent un malaise diffus plutot reussi. Malheureusement, au final le metrage reste "bancal". Bancal au niveau de l’interpretation (les "djeunz" irritants—mais encore credibles face a un Cassel qui ne l’est pas du tout), bancal au niveau de l’idee (idee potentielle ( ?) une mise en abime de l’inquietude generee par les "djeunz de banlieue" vs l’inquietude que ces derniers—normaux au final, ressentent eux-meme dans un autre environnement), de l’atmosphere (un malaise assez mal identifiable vs un final sanglant (digne d’ un final pseudo-satanico-slasher du pauvre ), et qui au fond, n’a pas raison d’etre. Bancal de par un deroulement qui se decalle par rapport a lui-meme (une realisation lente et maitrisee qui vers la fin, s’arrete, re-demarre, re-s’arrete, re-re-demarre pour finir…n’importe comment

Au final, si Sheitan avait fait 1 heure de moins (quand meme !), avait ete presente dans le cadre d’un festival de court / moyens metrages, il aurait pu facilement trouver son public. Mais, lance dans le circuite des salles en tant que « film », et coutant au bas mot dans les 10 euros la sceance, l’initiative ne peut que laisser perplexe


Quand au realisateur, si ce dernier ne parvient pas a re-centrer ses intrigues ou sa realisation pour satisfaire le format de « long »-metrages, il devrait peut-etre se concentrer sur les courts, univers, ou il serait peut-etre capable de mieux.
Pas vraiment a voir dans sa forme « longue », et au final tres anecdotique et sans grand fondement ou reelle raison d’etre—en tout cas dans une salle obscure.
Sheitan : 2.0 / 5