Enfin vu cet aprèm au Max Linder ! Donc, je suppose que tout ce que je vais dire a certainement dû déjà être évoqué dans les pages précédentes, mais bon j'ai vraiment trop de mal à contenir mon enthousiasme, donc faudra faire avec les gars !
Ce film c'est un rêve de cinéphile devenu réalité ! Dès les premières secondes, je me trémoussais de plaisir sur mon fauteuil face au générique du film, décalque de la version de 1933. Peter Jackson prend d'ailleurs pendant tout le film un malin plaisir à faire une mise en abyme en reproduisant des séquences du film d'origine ou en les détournant (la tirade de Baxter sur le fait que les femmes portent malheur sur un navire, la danse rituelle des indigènes qui devient une pathétique chorégraphie à la Broadway lors de la représentation à New-York...) et puis l'allusion à Fay Wray (bien que j'espérais naïvement que Jackson avait pu la convaincre en 2003 de prêter sa voix ou même de faire une apparition pour la dernière réplique du film)... Bref, rien que pour ça, j'étais sur mon petit nuage, car j'étais conforté dans l'idée que Peter Jackson respectait et criait haut et fort son amour pour l'oeuvre originale.
Mais là où j'ai été encore plus bluffé, c'est par les développements et les remaniements en profondeur de l'intrigue. Les personnages secondaires n'y sont pas sacrifiés et certaines trouvailles scénaristiques sont vraiment très judicieuses : Denham poursuivi par la police, le Venture échoué et le meilleur, le matelot qui trouve un étrange écho à la situation vécue par l'équipage dans l'intrigue de "au coeur des ténèbres" qu'il dévore en cachette....
Et puis quel film d'aventure ! là, je suis à court de superlatifs, et dans les quelques messages précédents que j'ai parcouru, tout à été dit à ce sujet. Putain, quelle claque ! Quel bonheur ! Et la scène des araignées ! Elle est là cette scène mythique ! Mais amplifiée, versant dans la surenchère avec une délectation jubilatoire ! Insectes grouillants, mandibules à foison et rebondissements dignes des serials les plus déjantés !
Quant au roi Kong, c'est bien simple, les magiciens de Weta prouvent une nouvelle fois leur suprématie dans le domaine de l'animation en image de synthèse ! Ils n'oublient pas l'émotion et en utilisant la technique des capteurs, ils capturent à merveille les gestes humains rendus par Serkis qui font que Kong nous émeut, nous touche et... nous bouleverse ! J'aurais jamais cru ça en allant voir ce film, mais bon sang, j'ai failli à plusieurs reprises verser ma petite larme !
Je suis ressorti de ce film avec une banane pas possible !
L'année 2005 se finit donc en beauté avec un film qui redonne foi au Cinéma avec un grand C !
King Kong, c’est d’abord le rêve d’un enfant, qui découvre le cinéma avec ce film. C’est le désir de tenir une caméra qui se créé. C’est la naissance d’un cinéaste. Peter Jackson a mainte fois révélé cette anecdote, la vision du film de Cooper et Schoedsack lui a donné l’envie de devenir réalisateur. Après sa consécration pour avoir porté avec brio à l’écran le Seigneur des Anneaux, Peter Jackson a enfin la possibilité d’exhausser son rêve, de boucler une boucle. Après un premier projet avorté, le cinéaste Néo-Zélandais peut donner au monde sa propre vision du film qui a déclanché sa passion, en espérant sans doute secrètement qu’il parviendra lui aussi à cette même réussite.
King Kong est placé sous le sceau du gigantisme. Gigantisme des sensations, des émotions, de la reconstitution, des personnages, de la durée, de la compassion, de la cruauté, de la passion, de la générosité, gigantisme de la barbarie et de la tristesse, gigantisme de l’amour. Peter Jackson semble incapable de réfréner la moindre de ses pulsions. Il veut révéler au public cette passion qui l’anime, sans se soustraire, sans se restreindre. Comme un acte d’une charité effroyable, il présente sa version fleuve et gigantesque de King Kong. Alors il prend le temps. Le temps de présenter ce contexte d’une Amérique encore sous le joue de la grande dépression, où la misère côtoie l’entertainment. D’un New York qui tente tant bien que mal de survivre, où les acteurs tentent de distraire pour eux-mêmes survivre. En quelques plans, Peter Jackson installe une situation limpide, qui ne demande pas plus d’explication. On retrouve une actrice aux aboies, un cinéaste acculé dont la rencontre devait être écrite quelque part.
Le réalisateur tient avant tout à parfaitement cerner son contexte, les différentes motivations de ses personnages afin de mieux préparer la suite. Que les enjeux soient clairs lorsque l’action débutera. On s’attache rapidement aux personnages, que des acteurs impeccables campent avec persuasion. King Kong est la rencontre des hommes et d’une faune inconnue. Pour éviter que l’on sombre dans un banal et bête affrontement, il place méticuleusement les détails nécessaire pour créer l’implication des spectateurs.
Cependant, le cinéaste semble se perdre dans des effets sursignifiant, comme ce ralenti cauchemardesque lors de l’évocation de Skull Island, ou bien l’apparition des indigènes. Mais le regard de PJ est à la fois mêlé de sa vision actuelle et des souvenirs qu’il avait étant enfant, il tente de reproduire cette sensation de peur, avec des moyens un peu puéril mais qui ne gâchent pas l’ensemble toutefois.
King Kong est à l’image de Peter Jackson. Un concentré d’émotions primaires. Il possède ce regard innocent qui semble s’extasier devant le simple spectacle burlesque de Ann qui chute. L’émerveillement dans son regard est perceptible, son sourire, son rire est une magnifique invitation à l’humanité du personnage. Alors que sa première apparition nous l’avait présenté monstrueux, on apprend tout comme Ann à le connaître et à ressentir pour lui une compassion et un amour sans limite. Bien qu’il soit capable de cruauté, on ne peut s’empêcher de lui trouver les excuses que sa condition impose. Peter Jackson évoque cette relation respectueuse et passionnelle avec le plus grand sérieux, la plus grande considération. Ainsi, jamais cette relation ne sombre dans l’improbable et le ridicule. Cette humanisation exacerbé du gorille invite le spectateur à une identification incroyable et une réel implication émotionnelle dans le rapport qui les unit.
Dès lors, quand le gorille se dresse pour protéger sa bien aimé, on est soufflé par ce noble sentiment de courage irréfléchie, où seule la notion de protection rentre en compte. Kong impose sa force dans une scène au souffle épique mémorable qui le voit affronter avec une rage quasi désespérée trois T-rex. Le combat est violent, primaire, barbare, il témoigne une colère qui détruit tout sur son passage. Les yeux rivés à l’écran, les mains accrochés aux accoudoirs, la représentation de cette lutte sans merci ne laisse guère respirer. Les effets spéciaux participent à ce concert de louange, jamais ils ne défaillent, la représentation est parfaite. Ce qui se passe à l’écran est réel, et l’on est subjugué. Le métrage, par l’intermédiaire de cette scène gagne une force brute insurpassable. Rarement des émotions aussi animales n’auront trouvé une telle illustration à l’écran.
Tout le passage sur l’île semble témoigner de la fission qui s’opère entre les hommes et la bête. Les rôles, petit à petit s’échangent et la conclusion amènera inévitablement à un basculement évident concernant l’identification émotionnelle.
Le retour à la civilisation est douloureux, amère. Le monstre n’est plus celui que l’on croit. Jackson nous avait présenté le personnage de Denham comme un cinéaste roublard et désabusé, qui, animé de son envie de faire du cinéma et donc de l’argent, était capable de se mettre dans des situations inextricables. Le personnage exaspérait, mais présentait toutefois une facette attachante. Au fur et à mesure que le cinéaste déroule son film, il va déconstruire ce côté sympathique du rôle, au profit d’une noirceur nourri par un appât du gain et la reconnaissance. Il perd son humanité quand Kong la gagne. Le rôle de la bête a changé, et celui qui porte les chaînes ne sera pas le monstre. Le côté vénal de Denham le rend haïssable, son inhumanité presque choquante. Jack Black parvient à retranscrire parfaitement cette évolution du personnage, à perdre cette candeur qui l’habitait pour devenir sombre, dangereux. Le personnage de Driscoll utilise un chemin inverse, quoique bien moins prononcé. D’une personne froide et un peu arrogante, va naître, au contact de Ann, une chaleur, un peu à l’image du gorille. Adrian Brody semble en retrait dans son interprétation. On finit par avoir du mal à comprendre ses élans héroïques, à trouver une justification dans son jeu. En revanche, il apporte une fragilité à son personnage qui le rend de suite attachant.
Toutes cette partie citadine invite à ressentir à nouveau toutes les émotions qui ont parcourues le métrage. La folie et la rage désespérée du gorille qui recherche sa bien aimée, la joie de la retrouver, cette passion qui semble les animer, la joie simple et burlesque d’une rencontre sur la glace et l’horreur des hommes, la peur et le chagrin, la douleur, la folie humaine dans son expression la plus barbare, faute de compréhension. Dans King Kong, les êtres humains sont primaires lorsque le gorille est évolué. Le duel en haut de l’Empire State Building est une douleur sans nom. Une mise à mort. Des matadors volants qui exécutent un animal meurtri. La détresse qui unit Kong et Ann est poignante. Dans un dernier élan de compassion et d’amour, la perte n’en est que plus terrible. Le retour du roi est ici déchu.
King Kong est un film immense. Trop peut-être. A tant vouloir gonfler son métrage de toutes ses visions, ses envies, PJ finit par trop en faire. On peut excuser cet écueil à cause d’une passion immodérée et dévorante. Il faut avouer que l’on aime se perdre dans ce déluge de situations. Une course poursuite contre des dinosaures, un affrontement avec Kong, un repli, un second affrontement, une victoire, on ne parvient plus à retrouver son souffle. Mais la joie de découvrir un florilège de scènes toutes plus spectaculaires les unes que les autres, la sensation de voir un divertissement qui dépasse la raison, participent à l’allégresse qui nous gagne à chaque minute.
Peter Jackson ne s’est rien refusé (ou presque). Et l’impression que l’on a vue pour toute une vie de spectacle est immense. Des combats homériques où l’émotion semble à fleur de peau. Une passion qui existe par delà la réalité. La belle et la bête transposé avec une grâce qui touche au génie. Jamais un animal n’aura été aussi expressif dans son regard. Kong, le temps d’une rencontre avec Ann est devenu un ange gardien. Mais un ange déchu sous la cruauté humaine. Alors, pour éviter que la colère et les larmes ne nous montent aux yeux, nous garderont que ces instants magiques où le temps était donné à Ann et Kong, où leur relation pouvait s’épanouir. Naomi Watts n’a jamais été aussi belle et convaincante. Si Kong nous apparaît aussi réaliste, c’est avant tout parce qu’il existe dans son regard. Elle lui apporte une présence, une inexistence qui ne laisse aucun doute quant à sa présence à côté d’elle.
Parfois, le cinéma c’est un instant magique. Un instant dénué de raison ou de logique, où la simple rencontre d’un gorille et d’une femme sur un lac gelé suffit à provoquer l’émoi, où la découverte de la glace témoigne une innocence exacerbé qui touche davantage. Malgré la tension qui animait cette fuite, le cinéaste a pris le temps d’imposer cette scène. Parce qu’il avait confiance en lui, en sa vision. Parce que les émotions qu’il essaie de faire partager sont finalement bien plus importantes qu’une scène d’action.
Peter Jackson est un cinéaste généreux, qui tente d’apporter à son public la passion qui l’habite. Alors parfois, sur certaines personnes, cela ne fonctionne pas. Et les autres sont alors désolés pour eux, désolés qu’ils ne peuvent ressentir ce bonheur qui nous habite trois heures durant, cette passion que l’on retrouve dans chaque instant.
Aujourd’hui, j’ai partagé un film. Aujourd’hui, j’ai partagé une passion. Aujourd’hui, j’ai vu King Kong de Peter Jackson…
Maxcrom a écrit :
Aprés que l'on dise , "ouha ça c'est impossible, comment y font pour........", on pourrait ce posait la même question pour les India Jones , qui regorgent en pagaille de scénes remettant en cause la crédulité du spectateur.Genre, la premiére scéne avec Le rocher qui déboule sur Indy . Aujourd'hui , Indy est considéré comme l'archétype du sérial fun divertissant, et la question de réalisme n'est jamias remise en cause, l'a t' elle déja été par le passé ( pas de souvenir trop jeune ) ? , tout ça pour dire que pour moi , les arguments du type "pas possible" ne peuvent tenir la route sur un tel film
Pour Indiana Jones, il y avait la séquence du sous-marin qui avait suscité une mini-polémique dans Mad Movies (sur plusieurs numéros tout de même). Comment Indy avait-il bien pu pénétrer à l'intérieur ? Je cherche encore la réponse...
helel ben sahar, ta critique est magnifique, juste et emprunte d'un tres grand respect. Les mots sont soigneusement choisis, le francais est beau. Vraiment je te remercie.
Nul doute que nous ayons aime le film de la meme maniere, mais tu as pris le temps de coucher sur le clavier tes sensations et tes sentiments, choses que je n'ai pas eu le temps/le courage de faire.
RNO a écrit :helel ben sahar, ta critique est magnifique, juste et emprunte d'un tres grand respect. Les mots sont soigneusement choisis, le francais est beau. Vraiment je te remercie.
Nul doute que nous ayons aime le film de la meme maniere, mais tu as pris le temps de coucher sur le clavier tes sensations et tes sentiments, choses que je n'ai pas eu le temps/le courage de faire.
Tout à fait d'accord. Y'a eu plusieurs jolies critiques d'ailleurs, tout au long de ces 15 pages.
Merci à ceux qui en sont à l'origine
mais je suis désolé, je ne vais pas voir ce film si les sfx ne sont pas parfaits !!!
D'ailleurs je voulais aussi savoir si on voyait les couilles de Kong ? Parce que putain ca doit se voir ses couilles !! Et comment sont elles faitent ?
Superfly a écrit :mais je suis désolé, je ne vais pas voir ce film si les sfx ne sont pas parfaits !!!
D'ailleurs je voulais aussi savoir si on voyait les couilles de Kong ? Parce que putain ca doit se voir ses couilles !! Et comment sont elles faitent ?
Oui on les voit, c'est même grâce à elles qu'ils arrivent à le capturer. Mais je n'en dis pas plus pour ne pas poiler...
Bon j'vais pas lire les 15 pages maintenant et je vais etre rapide.
Ce film est une claque qui fait du bien pendant 3h. Le genre de film qui te dit "tu fermes ta gueule, tu remballes tes pop corn et tu regardes".