Fatalis rex a écrit :Il y a un discours assez vieux con quand même, où les sales niakoués vindicatifs nous envoient leurs goldoraks, où le gentil personnage cartoonesque très Disney commande des hordes de super-héros clonés complètement débiles... En effet, il serait temps qu'il arrête.
Farpaitement!!! Ce serait un euphémisme trop doux qu'il est peu subtil dans son... **ahem** "message".
En clair, Uderzo dit:
"Les japanims et mangas avec vos Goldorak à la con c'est de la dreum de sales niaks, rien ne vaut les Disney avec Mickey et les comics Superman et Green Lantern!!"
Il a oublié que l'on est en 2005?
De Hemisphair.net :
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Le ciel lui tombe sur la tête, ou “Astérix et les mangas” : une charge gratuite contre la culture populaire japonaise
Dans Désoeuvré, Lewis Trondheim avait le mérite de s’interroger sur le problème du vieillissement de l’auteur de bandes dessinées. Il y écrivait :
“Car il faut que ce soit clairement dit : les auteurs de B.D. vieillissent mal.“
Si certains doutaient encore de la validité d’un tel jugement, Albert Uderzo vient de nous en apporter une confirmation éclatante.
C’est en ce vendredi 14 octobre que paraissait le 33e opus d’Astérix. On n’en savait pas grand chose. A la manière d’un Houellebecq, Uderzo et les éditions Albert René avaient peaufiné leur plan de communication et choisi de taire le contenu de l’album. Les seuls éléments dévoilés jusqu’alors étaient le titre (Le ciel lui tombe sur la tête) et la couverture (montrant Astérix en train de frapper une boule de feu). Celle-ci ne m’avait d’ailleurs pas franchement convaincu. Mais j’étais encore loin d’imaginer la stupeur qui allait me saisir quand j’allais ouvrir l’album.
J’avais pourtant reçu un sérieux avertissement : un ami m’avait envoyé un message ce matin pour me faire partager ses premières impressions. A vrai dire, pendant trois minutes, j’ai cru que le portrait qu’il me dressait de la nouvelle aventure d’Astérix dans son courriel n’était qu’un fake. L’effet de surprise passé, il m’a toutefois fallu me rendre à l’évidence : tout cela était probablement vrai.
Une fois l’album en mains, il n’y a plus qu’à constater. L’histoire débute alors qu’une énorme sphère jaune apparaît au-dessus du village gaulois. Il en sort un être violet, Toune, qui déclare être un Tadsylwien (anagramme de Walt Disney), venu d’une étoile lointaine à bord de son vaisseau intersidéral. Ses premiers mots :
“Oh ! Excusez-moi, j’avais oublié de traduire dans votre langue avec mon ordinateru … pardon ! Mon ordinateur !“. Il est accompagné d’un clone (Michel, es-tu là ?) habillé tel Superman.
Après une brève panique parmi les villageois (pensez-vous, le ciel leur est tombé sur la tête !), Toune explique les raisons de sa présence : avertir les Gaulois du danger véritable qui les menace, les Nagmas (anagramme de “mangas”),
“gens sans scrupules” qui souhaitent dérober une soi-disant arme secrète qu’Astérix et ses amis posséderaient.
Pendant ce temps, au campement romain, atterrit une fusée au look de Goldorak. Son pilote, en armure, entame la discussion en demandant simplement “Qui chef ici ?“. Obélix croise d’ailleurs bientôt sa route et découvre que le Nagma en question possède un style de combat atypique (Dragon Ball, nous voilà !). Et le village ne tarde pas à être attaqué par les Nagmas et leurs Goelderas. Heureusement, Toune, ses superclones et la potion magique sont là pour repousser les extra-terrestres belliqueux.
Soyons clair : Le ciel lui tombe sur la tête dépasse l’entendement. Je n’aurais jamais cru que la bande-dessinée franco-belge puisse encore produire pareil album de nos jours. Dans la dédicace figurant à la fin d’album, Albert Uderzo explique avoir voulu rendre hommage au “grand Walt Disney”. Un objectif louable s’il n’était pas entaché de la caricature simpliste du marché actuel de la bande-dessinée qui caractérise ce nouvel Astérix. Même en mettant de côté cet aspect, que penser de l’opposition entre les gentils Tadsylwien et les méchants Nagmas ? Ce n’est pas en attisant l’opposition
entre les cultures qu’on favorise la tolérance et l’ouverture d’esprit.
Uderzo n’a décidément rien compris. Il n’a pas vu que la culture populaire japonaise tirait justement sa force de l’absence de ce manichéisme qui a si longtemps marqué la bande-dessinée franco-belge et les comics. Il ne voit pas ce que cette influence japonaise apporte à tout un pan de la création culturelle francophone. Il est aveuglé par une peur primaire. Il est resté enfermé dans son village gaulois sans voir qu’à l’extérieur, le monde bougeait et se mélangeait.
Cette nouvelle aventure marquera l’histoire de la bande dessinée à un seul titre : elle résume et cristallise tout le malentendu et l’incompréhension dont les mangas et l’animation japonaise font l’objet depuis 25 ans en France. Et ce n’est pas à la gloire du petit Gaulois et de son dessinateur (et scénariste depuis la mort du regretté Goscinny).
Ce soir, je suis triste pour Astérix, ce monument de la bande-dessinée qui m’a fait vibrer étant enfant.