NEW YORK MINUTE (UNE JOURNEE A NEW YORK)
Deux soeurs jumelles de 17 ans, Jane et Roxy Ryan, vont passer une journée à New York. Jane, une étudiante modèle en économie, doit présenter un exposé oral pour gagner une bourse d'études à l'étranger. Roxy, une musicienne de rock, va présenter ses compétences à un groupe de musique. Pourtant, les deux soeurs devront apprendre à travailler ensemble quand elles seront mêlées dans une affaire criminelle.
Les célèbres soeurs jumelles Mary-Kate et Ashley Olsen fêteront leurs 18 ans ce dimanche. A l'occasion de cet évènement tant attendu par une brochette de pervers, j'ai jeté un oeil à leur dernier film au cinéma,
New York Minute.
Un film des soeurs Olsen, c'est désormais une mécanique bien huilée. Une formule renouvellée à l'infinie (deux soeurs jumelles différentes "dans-la-tête" vont vivre une journée - ou une semaine, c'est selon - extraordinaire et chaotique. A l'issue de celle-ci, elles se seront enfin mieux comprises, et malgré leurs différences, seront les soeurs les plus complices du monde), une intrigue ciblée pour leur fans les plus hardcores, marketée à l'extrême. Ça doit toujours bien durer 1h30, pas une minute de plus, prêt au recyclage télé (ça tombe bien, ça s'intégrera à merveille entre les coupures pubs), et doit remplir son quota de bons sentiments (toujours les mêmes, ça commence à être bien rodé), de scènes de flirts, de dialogues sur les fringues et autres produits à la mode. Ça c'était bon avant qu'elles aient 14-15 ans. A 17 ans, et pour leur retour au grand écran, on était en droit d'attendre le film de la maturité. Le résultat est disons... assez indescriptible.
Productrices exécutives de leur propres vidéos, films, séries, depuis l'âge de 12 ans, les jumelles sont à la tête d'une fortune colossale si on compte également les produits dérivés de l'image "Olsen Twins". Ce sont de véritables idoles aux Etats-Unis sans qu'on sache vraiment comment ça la sauce a pu prendre et continuer de se vendre aussi bien. Comme dans toute entreprise aussi bien rodée, y'a un cahier des charges à respecter. Et malheureusement la target audience pour ce film, c'est encore les pré-ados.
Moi qui rêvait désespérement d'un film transitoire entre période
Girls! Magazine et période
Hustler, je tombe de haut. A peine a t-on droit à une séquence fuite en serviette de bain en plein NY, ou alors ultime audace : le premier bisou
avec-la-langue de Mary-Kate dans un film. De qui se moque t-on franchement ?!

Tant d'innocence débordante, c'est quand même parfaitement hypocrite. Et tant qu'à faire, on a qu'à accompagner ce puritanisme d'une bonne dose de morale conservatrice, des clins d'oeils au parti républicain (l'un des plus amusants : l'une des deux jumelles du film voulant devenir sénatrice, a dans sa chambre une photo où elle pose avec son idole, le gouverneur Schwarzenegger), et la cerise sur le gâteau de riz : une hallucinante propagande anti-piratage.

Les méchants criminels du film, un groupuscule de fourbes chinois, complotent de vendre de la musique piratée, en utilisant la plateforme hong-kongaise, à la jeunesse américaine. Enfermée dans une pièce par le méchant niais du film, l'une des deux jumelles se rendra compte du manège en découvrant une pile de CD et DVD pirates ("
mais ce film et cet album n'est pas sorti. rooooh les vilains voyous !!"). Heureusement que la future sénatrice/capitaliste qui sommeille en elle se sentira en devoir de les arrêter, c'est ce qui lui permettra in-extremis de s'attirer les faveurs du jury pour la bourse qu'elle attendait tant. Tout ça n'est bien sûr qu'
une coïncidence si ce film Warner est destiné aux jeunes ados.

Tout comme un tel matraquage n'arrive jamais sans être accompagné d'un appel honteux à la consommation. Les scénaristes sont malins : situer l'action à New York, c'est le rêve pour du
product placement. Tous les plans en extérieur sont bien sûr une vitrine idéale pour de conséquents affichages publicitaires de grandes marques.
Sinon que dire de plus, sinon qu'on a droit une fois de plus à une comédie bien lourde, "familiale" dans le sens le plus désespérant du terme, où les adultes sont montrés comme de vulgaires crétins (Eugène Levy en inspecteur de l'école buissonnière, ce qu'il faut pas voir des fois je vous assure), tous les jeunes garçons rencontrés sont cooooools, on n'oublie pas les minorités éthniques (une petite scène dans un salon de coiffure afro-américain, "
c'est bon mes soeurs, c'est la maison qui offre, vous savez nous les blacks on est toujours ravi de vous aider", et hop emballé c'est pesé, le film a fait sa B.A), un concert de groupe de rock à la mode (ici "Simple Plan", qui s'assure par là une sacré promo quand même, sans compter que bouh caca les vilains méchants voulaient pirater leur dernier
album-super-bien-qu'on-voit-même-bien-la pochette), un gentil toutou qui par une astuce scénaristique que dis-donc on n'avait pas vu venir, se retrouve à suivre nos deux héroïnes jusqu'à la fin), ...
A vrai dire, un tel niveau de conneries, ça m'a intrigué, et j'ai suivi le film jusqu'à la fin, pas sans soupirs il est vrai, mais néanmoins sans trop me poser de questions sur ma santé mentale. Le rythme est bien là, aussi exaspérant que puisse être l'enchaînement de toutes ces situations abracadabrantes. On sourit bêtement lors d'effets de style plutôt bandants d'un metteur en scène qui pète plus haut que son cul (le générique de début, une balade dans NY qui met presque K.O tous les souvenirs des prises de vues similaires dans Spider-Man, des split-screens sympathiquement inutiles, ...)
Alors bon merde, à partir de dimanche, les Olsen vont avoir 18 ans, il va quand même falloir qu'elles se remettent en question.
NY Minute a été un relatif echec au BO US. Bon. La concurrence est rude : Lindsay Lohan, Hilary Duff, Amanda Bynes deviennent les nouvelles coqueluches des pré-ados. Quel public lui reste encore fidèle ? Celui qui a grandit avec elles ? Ouais et encore, il va falloir que leur perso suive la même évolution biologique que ce public. Parce que bon à 21 ans, on aura droit à quoi ?
"Les soeurs Olsen et le mystère du cycle menstruel" ? On s'en fout déjà un peu non ?... Et sinon, ben ils restent les gars comme moi, qui espèrent bien qu'un jour, ces deux là feront du porno lesbien. Ça viendra, je garde l'espoir. Et sans doute que ça arrivera avant la vidéo officielle
"Ashley & Mary-Kate Olsen - Vive la ménopause". *fingers crossed* comme on m'a appris à dire...