Un jeune couple d’expatries habitant dans un pays de l'Est dans une maison de campagne retiree voient soudainement celle-ci etre envahie de nuit par un ou plusieurs intrus qui semblent se livrer a un etrange et inquietant jeu de cache-cache potentiellement meurtrier avec eux. Une nuit de terreur vient de commencer...
Les jeunes realisateurs de ce metrage semblent vouloir d’embler jouer plusieurs cartes, cartes des plus interessantes ; cinema de genre, film de "flippe", film de suspense prolonge et film de "traque", emballant le tout sous la forme (assez risquee) d’un "film-concept". Ce pari audacieux sera-il reussi ?
A dire franchement ; "oui et non" parait etre la reponse la plus honnete et encourageante a donner aux auteurs.
D’abord le "concept"; il s’agit essentiellement d’une traque prolongee en plusieurs phases se deroulant l’espace d’une nuit. L’on sent egalement que le concept sert aussi a couvrir un manque de moyens flagrant, meme si le talent de la realisation couvre egalement en grande partie les carences financieres.
Les lieux seront limites a une route, une maison de campagne, un bois et un labyrinthe souterrain. Les personnages seront essentiellement limites aux deux personnages principaux.
Si la presentation des personnages est extremement limitee (deux minutes montre en mains pour l’enseignante et une minute chrono pour son auteur de mari / petit ami), l’interpretation reste tres bonne, meme si, et surtout vu que l’on leur demande avant tout de paniquer et s’enfuir pendant tout le metrage.
Comme film-concept, les realisateurs ont donc decide de limiter leur metrage a une echappee face a la peur (les "intrus"), limitant ainsi la narration a sa plus simple expression—(il n’y en a pas!) Les personnages principaux, sont assieges, envahis, cherchent a fuir de la maison, s’enfuient a travers les bois, s’enfuient a travers un reseau de couloirs souterrains et le film se conclut—point barre !
Si les dialogues sont restreints, les sentiments (en fait, un seul ; la peur) est plutot bien exprimes par le couple-vedette. La performance est tres bonne, meme si restreint a un registre tres limite.
La ou le film excelle est indubitablement la "technique", parvenant a exploiter toutes les (maigres) possibilites dans l’espace (maison, bois, souterrains), le temps (une seule nuit) et l’environnement (la nuit). Malgre les scenes nocturnes, les scenes sont toutes lisibles et le rythme ne faiblit pas...Du moins en apparence.
En effet, une fois le "truc" (en fait, le "concept") evente par le spectateur, un certain ennui / une certaine distanciation se profile. On attend en effet un evenement "relancant" reellement le metrage au-dela de la course-poursuite, element qui ne vient jamais, hormis le twist en fin de metrage. Twist, que le spectateur a deja entr’appercu en milieu de metrage et qui laisse franchement dubitatif.
A l’arrivee, l’on a l’etrange impression d’assister a plusieurs courts-metrages reposant sur la meme idee et alignes a la queue-leu-leu (plusieurs fuites dans differents lieux). Le film ressemble un peu a Lola rennt (1998), mais sans les "variations" de celui-ci, et l’on vient tres vite a apprecier le plus la scene d’ouverture, scene de "flippe", mais en retrait du film, car non pas une "fuite", mais un "siege" en regle et tres bien execute. Le coeur du metrage, tend a tourner a vide, une fois le(s) intru(s) dans la maison.
Si le concept est extraordinairement limite, la realisation impressionne, meme si le film tourne donc tres vite a vide, se relancant sans cesse en utilisant la meme ficelle, donc.
Quelque part, le film est donc une reussite "technique" et de "suspense", certes, mais d’une extreme redondance, rappellant un peu Terror in the Aisles (1984) qui etait essentiellement un "best-off" des meilleurs scenes de peur/flippe/suspense de films de memes genres, sauf que (Donald) Pleasance et (Nancy) Allen apportaient un regard de spectateur tout en se livrant a une analyse des reactions / actions a l’ecran (via un ecran de cinema dans le film, ou donc ; un film dans le film).
Ici, par contre, aucune mise en relief, seul le premier degre compte.
Pourtant des films de traque, fuite ou course "autres" sont possibles, p.ex. The Naked Prey (1966) jouant sur l’exotisme, ethnologique, le philosophique, le suspense, Figures in a Landscape (1970) jouant sur la politique et sur une mise en image du vide ou la fuite a lieu, Race with the Devil (1975) jouant sur l’action en mode « Road-movie », se relancant sans cesse par des cascades des plus impressionnantes pour l’epoque, Duel (1971) misant sur les lieux decharnes et les incesssantes (et inattendues) attaques du camion, The Cannonball Run (1981) jouant sur les interactions et l’humour, ou encore Vanishing Point (1971), misant sur la vitesse et la contre-culture.
A ce niveau, "Ils" fait plutot "pauvre" mais "efficace", "efficace" mais "pauvre", alignant les "beats", mais ceux-ci soulignant toujours et encore la meme melodie, expliquant qu’une certaine fascination cotoie en meme temps un ennui quand meme TRES prononce...
Il faut donc saluer l’enthousiasme (qui transparait a de nombreuses reprises dans le film) des auteurs, tout en reconnaissant leur talent technique et de mise en scene, tout en souhaitant qu’ils prennent a l’avenir plus de temps pour l’ecriture, voire carrement louent les services d’un vrai(!) scenariste pour l’occasion.
A voir, comme une sympathique curiosite, qui laisse augurer du bon des realisateurs, dont on attend ainsi beaucoup a l’avenir, mais envers lesquels il faut savoir se montrer "comprehensif" pour l’instant.
Ils : 3 / 5 (pour la technique, si on considere uniquement l’histoire, on vole nettement plutot bas...

En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.