Une famille voyageant a travers le desert nord-americain se retrouve accidentee et isolee sur le territoire d’une etrange et aggressive “famille” de sauvages hantant les lieux. L’affrontement ne tardera pas, fesant sombrer jusqu’aux “civilises” dans la barbarie…
Troisieme film de Wes Craven apres The Last House on the Left (1972) et Fireworks Woman (1975)—un film X(!), THhW raffirme la volonte de Craven a perseverer dans l’horreur pure et dure.
Base sur la legende ecossaise de Sawney Bean et de son clan de cannibales qui auraient fait des centaines de victimes quelque part entre le 15eme et le 16eme siècle (en fait, et devant le manque flagrant de preuves historiques, voire les inconsistances du recit, le tout tient plus de la “legende urbaine”—ou legende tout court—de l’epoque que d’autre chose).
Notons a ce titre, que Craven n’en est pas a sa premiere “inspiration” classique, ayant puise dans Jungfrukällan (1960) d’Ingmar Bergman le sujet de son TLHotLF (1972).
Pour des raisons evidentes de budget, le nombre de membre du “clan” de sauvages (une cinquantaine dans la legende initiale) sera revu nettement a la baisse.
Cote “look”, et malgre les allusions au site de test militaire, les sauvages tiennent plus d’une “tribu” (potentiellemenet indienne(?) de par les collifichets arbores et de son mode de vie “chasseur”, mais) essentiellement blanche.
Plus que dans le remake de 2006, l’aspect resolument sauvage—mais physiquement “normal” met paradoxalement plus mal a l’aise que les mutants degeneres d’Alexandre Aja.
C’est Craven, la tribu”, ne semblant n’avoir aucun veritable “lien” avec des tests militaires se voit ainsi “depourvue” de l’argumentaire “vengeance”, rendant les actes qu’elle perpetue encore plus barbares, car “gratuits”.
Face a eux, la famille de voyageurs est egalement representee de facon quelque peu differente que dans le remake; croyants, mais pas plus que cela, l’entente parait nettement plus “cordiale” que dans la version d’Aja.
Le cote “god and guns” est donc moins prononce, permettant une meilleure identification du spectateur. Notemment, la figure monolithique du pere, generatrice de nombreuses tensions dans le remake est ramenee a des dimensions plus credibles, laissant au passage sous-entendre un passé traumatisant au service de la loi, voire une pre-retraite decidee suite a un raz-le-bol de la violence urbaine.
L’interpretation des deux films seraient donc diametralement differente; un cycle de vengeance entrainant la vengeance pour le remake et un pessimisme sombre sur la nature humaine, selon lequel les hommes sont partout pareils et la sauvagerie, meme refoulee, reste a fleur de peau, prete a exploser.
D’un point de vue du recit, le film de Craven se centre plus sur son atmosphere; mettant bien en valeur son desert comme antichambre de l’enfer, refusant les artifices (car ne pouvant se les payer

), reserrant au passage l’intrigue sur le siege des civils par les sauvages et la tentatives de recuperer l’enfant kidnappe.
Le remake quant a lui, pris dans sa logique explicative, se doit d’eclaricir le passé des mutants, et ce, tant visuellement que narrativement (l’exploration de la “ville-fantome”).
En fait, les deux versions de THhE sont toutes les deux des produits de leurs epoques respectives; le premier, venu deux ans apres la fin du conflit au Vietnam, conflit qui aura de part ses images fait entrer la barbarie humaine dans les foyers americains, la violence du metrage se passant au final de toute explication a son epoque, le deuxieme, tourne a une epoque ou domine le virtuel, internet, les images de synthese, l’absence de frontiere dans le temps et l’espace et que toute difference s’estompe, erquierant ainsi des clarifications, des liens de causes a effets—aussi tenus soient-ils…
Il est egalement interessant de voir que pour les contemporains du film original, le film a acquis un status “culte”, tandis que pour beaucoup de spectateurs actuels, il est “camp” (“cul-cul” ou “nanardesque” en anglais).
Quelque part, il semble que tout comme l’epoque qui l’a genere, le metrage est difficile a comprendre ou assimiler, tant il sort de notre logique moderne quotidienne.
Il faut aussi dire que les trente-trois annees qui nous separent de lui n’ont pas ete tendre. Ainsi, le film est indubitablement “cheap”, et meme si la rumeur (
www.imdb.com) veut que les meme artefacts que ceux de The Texas Chainsaw Massacre (1974) aient ete utilises, l’impression n’est absolument pas la meme; THhE suit un mouvement, tandis que TTCM l’a initie.
D’un point de vue jeu d’acteur,, s’il est “bon”, il n’a rien (du tout) de spectaculaire. A noter d’ailleurs que la plupart des acteurs n’auront que des carrieres assez courtes ou limites comme James Whitmore (The Candy Snatchers (1973), .357 Magnum (1977), Planet of Dinousaurs (1979) ), d’autres ne verront leurs carrieres s’envoler que par apres; comme Dee Wallace (Ten (1979), The Howling (1981), E.T.: The Extraterrestrial (1982) ) voire de figuration, tel Michael Berryman (One flew over a Cuckoo’s Nest (1977), The Crow (1994), The Devil’s Reject (2005).
A leur decharge, il faut faire remarquer que Craven n’a jamais ete un grand directeur d’acteurs et ne se limite qu’a esquisser les personnages, pour se centrer sur ses effets (chocs).
Concernant les effets chocs, ceux-ci ont sans doute pris le plus grand “coup de vieux”, se situant tres largement en-deca de ce qui se fera dans les annees 80s et encore de par la suite.
En fait, THhE n’a jamais ete pense comme un film a reflexion, Craven jouant souvent les opportunistes (mon opinion, j’assume), visant les effets immediats, suivant les modes, et brillant lorsqu’il se decide a s’en eloigner ( A Nightmare on Elm Street (1984) , The Serpent and the Rainbow (1988) ).
Ce qui amene ainsi le paradoxe assez etonnant, selon lequel le film a toujours beaucoup a dire sur la nature “humaine”—tant celle de son epoque que celle de la notre, mais a malheureusement perdu les moyens (la violence) et une realisation assez “rodee” pour faire passer le message…
L’amateur de cinema extreme “vintage” et le curieux trouvera un film plutot bien concu (meme si cela tient quand meme assez du hasard(!) ou de la chance(!) ) et “brute”—surtout dans son final ou enfin le film “se lache”,
Les autres, ils risquent fort de trouver un film un peu fait de bric et de broc,, surfant sur une vague, dont d’autres films sont nettement plus marquants (p.ex. Delivrance (1972) )
Un film a tenter donc, mais en feignant l’ignorance quant a son status “culte” pour peut-etre mieux l’apprecier.
The Hills have Eyes: 3.5 / 5
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.