J'avoue que je partais un peu sceptique sur ce projet. L'univers GI Joe ne m'a jamais parlé ni concerné, on sentait bien Sommers un peu forcé contraint de faire ce projet suite à sa mise à l'écart ou au non-aboutissement de projets lui correspondant mieux (Flash Gordon, La momie 3, La nuit au musée, etc...). Pourtant, dès le prologue, on est surpris de voir comment Sommers parvient à s'approprier le matériel qu'on lui met, un peu forcé, entre les mains. "Van Helsing" se terminait sur une citation de "Le masque de fer" version Fairbanks ? Le prologue repart complètement sur cette piste ! Sommers offre aussi à l'oeil exercé quelques autres clins d'oeil à son cher Hollywood d'aventures classiques, avec une ville sous-marine qui pourrait sortir du serial Flash Gordon, avec un Nautilus passant par là...
Surtout, à l'instar de Van Helsing, il conserve intact l'esprit serial, son rythme bondissant, sa priorité complète à l'action, ses savants fous, ses rebondissements échevelés, ses mégalomanes génies du mal, ses belles captives, ses armes secrètes... Plus que la structure d'un long métrage classique, il adopte, comme dans ses deux précédents films, celle de quatre épisode de serial collés dos à dos. Il en sort un film haletant, ou chaque dollar du budget apparaît à l'écran, au gré de séquences anthologiques dans leur gout de l'excès.
Certes, "GI Joe" souffre d'un premier rôle (Channing Tatum) bien trop lisse, peinant à succéder à la goguenardise de Treat Williams, à la présence de Brendan Fraser ou au charme de Hugh Jackman. Heureusement, il est soutenu par une galerie de seconds rôles foisonnante et concoctée aux petits oignons : outre les caméos de trois des acteurs principaux de la momie (dont l'inévitable Kevin J. O'connor), nous avons toute une galerie de personnages vivants, souvent remarquablement castés, une mosaïque de personnages qui fait beaucoup pour la richesse du film. Je n'avais pas été convaincu par la bande annonce ou l'extrait de la poursuite de Paris, mais sur grand écran...
Quelqu'un a dit plus haut que "GI Joe" était le contraire d'un film dont tout serait dans la bande annonce. Je crois qu'on ne peut guère mieux définir ce film hyper dense, loin des blockbusters timorés façon "Wolverine" ou "T4". La personnalité de Stephen Sommers étant ce qu'elle est, on est aussi loin du patriotisme gerbant d'un Michael Bay, de son humour glauque, de son machisme infantile ou de sa vulgarité permanente.
Dans GI Joe, Pas de bannière étoilée à l'horizon, une romance inter-raciale, des vrais personnages féminins, une distribution cosmopolite et un film globe-trotter, à l'esprit foncièrement international et sympathique.
Bien sûr, on peut émettre des réserves : le niveau des SFX n'est pas toujours celui des meilleurs productions actuelles, la mise en scène n'est pas aussi propre que dans ses films précédents. Mais malgré les médisances pré-sortie du public geek (Sommers n'a définitivement pas "la carte" auprès d'eux), Sommers sort de ce projet difficile la tête haute et nous fait saliver avec les promesses d'une suite. Et nous, on sort de la salle avec un grand sourire, en se disant : "Ah ouais, quand même..."

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Bizarrement totalement absent du réseau MK2, "GI Joe" passe cette semaine dans la plus belle salle du ciné cité les halles (la 1). Belle projection, quoique un peu sombre et son un peu trop fort à mon goût. Mais la taille de l'écran et la profondeur de la salle assure un spectacle BIG !