C'est un exercice de style, de la part d'un fanatique qui plus est, Gibson s'est penché non pas sur ce qui est subversif (on n'adhère pas à une religion pour ses aspect subversifs, s'il en est) mais sur ce qui l'intéresse, ce qui le fascine.Manolito a écrit :Maintenant, c'est tout de même un film qui se concentre sur un passage au fond assez peu parlant du livre, sans aucune contextualisation, aucune empathie. Quitte à se concentrer sur un seul passage du nouveau testament, pourquoi se concentrer sur celui-ci, qui n'est pas si parlant. "La passion du Christ" m'a vraiment paru réduire le Nouveau testament à une dimension qui n'est pas la plus intéressante. Dans le "Jesus de nazareth" ou "L'évangile selon saint-Matthieu", on comprend bien pourquoi les idées de Jésus sont subversives (dans leur contexte), dangereuses pour les autorités en place. Ici, on voit juste un tytpe sorti d'on ne sait où se faire tabasser par des vieux barbus grimaçants.
Ensuite, il y a beaucoup de maladresses : une représentation incroyablement caricaturale (Hérode ! Barabas ! les prêtres du Temple !...), des inventions très discutables, des détails gore qui, une fois sur deux, sont risibles (le jet de sang quand on cloue les pieds !), et surtout une lenteur rapidement lassante.
Il faut aussi dire pour ceux qui ont mis un pied dans une église que la représentation du christ crucifié est largement mise en valeur, et qu'il est étonnant que personne ne se soit penché sur cet aspect là (et sur lui seul) au cinéma.
A partir du moment ou on accepte l'exercice de style, on adhère assez vite à l'esthétique, aux effets gore (qui ne m'ont pas fait marrer, c'est pas Cannibal ferox non plus

Et puis on s'en fout un peu, ce n'est pas une adaptation de la bible, mais une aspect de la religion catholique qui repose entièrement sur le sacrifice d'un homme, plus précisemment sur ses souffrances. Et là on touche à un point intéressant car le film malgré lui a une portée réflexive sur cet aspect de la religion catholique; la souffrance du martyr qui sauve tout un peuple est quelque chose d'assez répandu dans toutes les religions, dans l'Islam , c'est aussi quelque chose de présent dans l'histoire juive au travers de l'Holocauste.
Cette souffrance si belle est aussi quelque chose d'atroce et ça Gibson le montre bien, pour lui cette abnégation suprême donne un sens à la foi en Jesus Christ, pour moi elle montre l'inutilité de la religion, que la foi pas plus que la raison ne peut rendre tous les hommes raisonnables, que la tolérance n'est vraiment pas de ce monde, que les martyr d'un jour seront les bourreaux d'un autre.
Ce film enfonce le clou sur la culpabilité sur laquelle repose la foi, et cela donne à Gibson le bâton pour se faire, montrez aux gens leur faute et ils vous la renverront dans la gueule (personne n'aime qu'on lui mette le nez dans son caca), c'est d'ailleurs ce qui s'est passé au travers de la critique calomnieuse parfois dont il a fait l'objet (accusation d'antisémitisme et jamais le visa donné au film n'a été contesté? bizarre ce pays ou l'antisémitisme au cinéma choque mais pas le fait qu'un film qui serait antisémite fasse l'objet d'une autorisation de diffusion par les pouvoirs publics), Gibson s'en est pris plein la tête mais il le voulait quelque part.
C'est sa main qui plante un clou symbolique dans la paume du Christ, il veut inconsciemment qu'on lui en veuille, il veut être chatié, il veut être le Christ. Ce n'est pas de dieu dont il a besoin mais d'un psy. [MODE FREUD OFF]
Sinon moi j'ai bien aimé ce film
