le mec il s'est pas foulé pour le panneau dans la brume, il a juste changé le format du cadre, en plus les proportions ne m'ont pas l'air d'être respéctées.
Celle avec l'escalier, c'est peut-être de la surinterprétation mais je trouve ça très freudien (on descend dans la cave de son esprit pour se confronter à ses tabous, l'heimlich, l'unheimlich, l'inquiétante étrangeté, tout ça : prenez une double feuille vous avez 3 heures).
la première avec l'escalier tabasse bien ! Mon choix et de loin. Celle de la brume est sympa mais n'a pas la glauquitude propre à l'univers Silent Hill...
THEY LIVE !
...The fear of blood tends to create fear for the flesh...
Un article du "Monde" sur le tournage par Jean-François Rauger (M. Soirées Bis à la Cinémathèque), paru le 19 mars.
Christophe Gans transpose le jeu "Silent Hill" au cinéma
Il est "à la bourre". La sortie du film est prévue le 21 avril aux Etats-Unis, cinq jours plus tard en France. Au Canada, dans les studios de Toronto, le cinéaste français Christophe Gans, entouré de ceux qu'il appelle sa "garde rapprochée", dont son monteur Sébastien Prangere, surveille le mixage, mitonne le montage, jette un oeil à l'étalonnage, perfectionne les effets spéciaux numériques de son nouveau film. Il aura pour titre Silent Hill, et c'est l'adaptation au cinéma d'un célèbre jeu vidéo créé par la compagnie japonaise Konami en 1999. D'autres équipes travaillent encore ailleurs à la finition des effets spéciaux, à Los Angeles et à Paris.
Christophe Gans a remporté le succès avec Le Pacte des loups, son film précédent. Ce qui lui a permis de lancer plusieurs projets, parfois commencés puis avortés. Ni ses aventures de Bob Morane ni son Rahan (personnage de bande dessinée) ou même son remake du film d'Henri Decoin Non coupable n'ont trouvé de financements à Paris.
Pour Gans, "il est plus facile de monter des projets aux Etats-Unis qu'en France, où le formatage exigé par les chaînes de télévision est devenu redoutable". Ce sont donc les Américains de Tri Star avec le producteur français Metropolitan Filmexport qui lui permettent aujourd'hui de réaliser ce vieux projet.
Silent Hill est pour Christophe Gans un jeu vidéo d'un genre un peu particulier. "Il a été créé à la suite du succès du jeu Resident Evil mais, contrairement à celui-ci, il ne s'agit pas de tirer sur des zombies et d'exterminer ses adversaires, explique le réalisateur. Il faut rentrer dans un monde dont on ne comprend pas bien les règles. On y est plongé dans l'obscurité, et le fait d'allumer une lampe attire des choses vers soi. C'est un univers oppressant, ésotérique, qui est déterminé par l'idée qu'une chose infâme a été commise dans le lieu où l'on se trouve. Il y a une histoire très forte derrière la déambulation, qui est autant physique que morale."
Ce qui a ainsi passionné le réalisateur de Crying Freeman, c'est à la fois cette forte présence d'un récit complexe mais aussi cette capacité à contenir toutes sortes de mythologies et de cultures : le surréalisme, la tradition du kwaidan (récit de fantômes japonais), le mythe d'Orphée, la cohabitation des vivants et des morts.
"Les créateurs du jeu ont beaucoup appris de l'art moderne, qui a fonctionné sur les peurs et les désastres du XXe siècle, la hantise nucléaire, les camps de concentration, Tchernobyl, détaille Christophe Gans. Ce monde de ténèbres est ici une représentation de l'enfer. C'est un aspect anxiogène très original. Au bout de trois heures de jeu, je suis allé voir Samuel Hadida, mon producteur, et je lui ai dit : "Il faut absolument tirer un film de cela"."
L'obtention des droits d'adaptation du jeu ne fut pas une chose aisée. Christophe Gans a cherché, durant des années, à en contacter les créateurs. Sans réponse. Il apprend que d'autres, dont Miramax ou la société de production de Tom Cruise, veulent en acquérir les droits. "On m'a demandé d'intervenir sur le bonus d'un DVD accompagnant la nouvelle sortie du jeu Silent Hill 2. J'ai demandé aux gens qui m'interviewaient de me filmer et de montrer mon intervention aux Japonais de Konami. J'ai fait ma profession de foi, j'ai exposé les raisons pour lesquelles je voulais adapter le jeu. Deux mois plus tard, les créateurs m'appelaient pour me dire que j'avais les droits."
On voit bien le défi que lance Silent Hill : comment concilier l'interactivité avec ce qui s'y oppose absolument, le déroulement d'un film ? Les premières images du film donnent à voir un objet fondamentalement différent de ce qui fut déjà fait en matière d'adaptation de jeu vidéo à l'écran.
Pluie de cendres, lieux dévastés, silence oppressant, Silent Hill prend le temps d'installer un monde à la fois familier et radicalement autre. Au-delà de la déambulation inhérente au principe du récit, tout le suspense semble tendu vers la révélation d'un secret atroce.
Mais ce qui semble le plus important, c'est l'impressionnant travail effectué sur les créatures formidables qui font irruption dans le plan et qui renvoient autant à la série B d'horreur qu'aux statues de Giacometti ou aux visages effacés du peintre Francis Bacon, dans une singulière fureur syncrétique. L'utilisation des effets spéciaux numériques sidère aussi : l'univers entier devient une peau qui se décolle, se desquame, laissant apparaître une nouvelle dimension. Une beauté plastique que l'on découvrira le 26 avril dans les salles.