Ludovic a écrit :Pitchblack a écrit :
Un peu pareil pour moi. Le film n'aurait pas été de Cronenberg, je l'au rais pris comme une bonne petite série B. Le film étant de Cronenberg, je le trouve un peu creux, même si efficace.
Maintenant si quelqu'un veut se lancer dans un décryptage du film pour me détromper, c'est avec un réel plaisir que je le lirais.
Ce qui peut surprendre, c'est en effet que le film se confronte à son attirail de série B comme aucun Cronenberg ne l'avait jusqu'alors fait au point d'embrasser un certaine tradition hollywoodienne a la maniére dont l'inconsicent westernien revient obsessionnellement dans les films d'Eastwood. Cela dit, c'est plus l'ombre de Tourneur et surtout de Lang qui plane sur le film de Cronenberg. Film impersionnel pour autant ? Non, et pour le coup, c'est bien dans le processus d'adaptation tel que l'analyse bien MadXav dans un message précédent que ca saute aux yeux et non dans de brefs plans gore dissiminés par-ci par-là (bien que ceux ci soient fort impressionnants).
Ainsi, la mutation du personnage principal et la cohabitation quasi -schizophrénique de ses deux personalités sont, pour faire vite, à la source des obesssions du cinéastes et font que Tom Stall rejoint les autres mutants cronenbergiens, Max Renn, Seth Brundell, Johnny Smith, Dennis Cleg et même les gameplayers d'eXistenZ. C'est bel et bien cette mutation, mutation du personnage, mutation du corps familial, mutation d'une civilisation, mutation du film, qui interresse Cronenberg. Le personnage de Tom Stall lui même incarne le paradoxe du film : qui est cette personne, ce corps qui n'a pas de nom, que renferme cette envellope charnelle, qui changé d'ame et d'esprit, deux étres cohabitent-ils en lui ? La beauté lisse de Viggo s'oppose au personnage de Ed Harris qui lui porte les stigmates de la violence. Ce rapport entre le corps et l'esprit est evidemment une question profondément cronenbergienne, posant aussi le probléme de l'altérité. MadWav semblait décu que Cronenberg ait phagocyté le flash back central sur le passé de Stall, or c'est pourtant d'une logique implacable dans l'optique de son cinéma. Ce passé, cet inconscient réfoulé (et donc hors champ, pas filmé) reste profondément mystérieux, donnant ainsi au personnage de Tom Stall une dimension fantastique (d'ou vient cette violence sur-humaine qu'il emploie pour se défendre contre ses agresseurs) qui l'éléve à un rang quasi-mythologique. Quelque part, on n'est pas loin du traitement du héros par Shyamalan dans
Incassable, mais en plus trouble et ambigu. Ce traitement minimaliste, épuré, austére, à limite de l'abstraction, se réfusant à la dimension épique de la BD, m'avait moi-même beaucoup dérouté (la comparaison avec Eastwood est du coup vraiment pas valable, en fait,
History of Violence évoque plus le Lynch de
Blue Velvet et de
Twin Peaks) mais il est d'une grande cohérence par rapport au style de Cronenberg. En ce sens c'est un film trés personnel.