A History of Violence (2005) David Cronenberg

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rusty james
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Message par rusty james »

Mais un film plombant, plat, intériorisé, faussement simple, ca surement.
Pour reconnaître la pâte du géant de VIDEODROME dans ce sinistre drame sans personnalité, ni relief, il faut se lever tôt.
D'accord pour dire que cette histoire n'était pas pour lui.
N'importe qui aurait pu mettre en scène ce film comme il la fait, n'importe qui n'aurait pas pu faire VIDEODROME.
Il est là le drame.
C'est un peu le problème des réalisateurs qui ont des fans (et qui veulent voir toujours le même film), et qui ne veulent pas faire tout le temps là même chose et son capable de faire des choses très personnelles déjantés et des choses plus grand public... na ! 8) :lol: :wink:

Et donc tous les réalisateurs qui font des drames classiques sont des merdes ! :D :arrow:
Haribo
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Message par Haribo »

Ce n'est pas une question d'être fan Rusty, mais juste de constater le fossé qui sépare le talent par lequel il s'était signifié, pour effectivement aujourd'hui se livrer à un film comme tout le monde, dont rien ne dépasse.
C'est juste foncièrement dommage.
Je pense qu'il perds son temps à vouloir être grand public, même s'il a su le gagner sans se trahir par le passé... mais comme il s'était déjà planté en faisant ce qu'on attendait de lui (SPIDER), je suis pessimiste sur la tournure que prends sa carrière.
Ca sent juste le sapin.
rusty james
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Message par rusty james »

Cà me fait penser un peu au changement de cap de Verhoeven... (z'ont vraiment trop des carrières qui se ressemblent ces deux là !! dommage qu'il est pas accepté basic instinct 2, j'aurais été curieux de voir çà quand même...).
Et idem, c'est moins ambitieux, plus classique, mais on peut pas dire qu'il n'y a pas de qualité ! Peut-être qu'à la revoyures les fans digéreront çà mieux...
Haribo
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Message par Haribo »

A titre perso, je trouve que Verhoeven s'en sort quand même beaucoup mieux, même si le public ne suit pas... déjà rien que son goût du grand spectacle s'accomode mieux de son ambition grand public!
Mais attention au H.S. ! :D :wink:
riton
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Message par riton »

Je n'ai pas revu History of violence depuis son passage en salles, mais j'ai le souvenir d'un film faussement grand public, en tous cas partiellement. Les scènes de bonheur familial, le papa qui réconforte son enfant suite au cauchemar, les scènes de sexe tellement stéréotypées... Cronenberg joue le sarcasme. Rien dans cette partie ne me semble être à prendre au premier degré, comme un rêve en cliché guimauve.
Faudrait que je le remate pour voir comment tout ca s'articule, mais je ne suis pas certain que ce soit si limpide que ça.
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Pitchblack
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Message par Pitchblack »

Ludovic a écrit :
Pitchblack a écrit :
Un peu pareil pour moi. Le film n'aurait pas été de Cronenberg, je l'au rais pris comme une bonne petite série B. Le film étant de Cronenberg, je le trouve un peu creux, même si efficace.

Maintenant si quelqu'un veut se lancer dans un décryptage du film pour me détromper, c'est avec un réel plaisir que je le lirais.
Ce qui peut surprendre, c'est en effet que le film se confronte à son attirail de série B comme aucun Cronenberg ne l'avait jusqu'alors fait au point d'embrasser un certaine tradition hollywoodienne a la maniére dont l'inconsicent westernien revient obsessionnellement dans les films d'Eastwood. Cela dit, c'est plus l'ombre de Tourneur et surtout de Lang qui plane sur le film de Cronenberg. Film impersionnel pour autant ? Non, et pour le coup, c'est bien dans le processus d'adaptation tel que l'analyse bien MadXav dans un message précédent que ca saute aux yeux et non dans de brefs plans gore dissiminés par-ci par-là (bien que ceux ci soient fort impressionnants).
Ainsi, la mutation du personnage principal et la cohabitation quasi -schizophrénique de ses deux personalités sont, pour faire vite, à la source des obesssions du cinéastes et font que Tom Stall rejoint les autres mutants cronenbergiens, Max Renn, Seth Brundell, Johnny Smith, Dennis Cleg et même les gameplayers d'eXistenZ. C'est bel et bien cette mutation, mutation du personnage, mutation du corps familial, mutation d'une civilisation, mutation du film, qui interresse Cronenberg. Le personnage de Tom Stall lui même incarne le paradoxe du film : qui est cette personne, ce corps qui n'a pas de nom, que renferme cette envellope charnelle, qui changé d'ame et d'esprit, deux étres cohabitent-ils en lui ? La beauté lisse de Viggo s'oppose au personnage de Ed Harris qui lui porte les stigmates de la violence. Ce rapport entre le corps et l'esprit est evidemment une question profondément cronenbergienne, posant aussi le probléme de l'altérité. MadWav semblait décu que Cronenberg ait phagocyté le flash back central sur le passé de Stall, or c'est pourtant d'une logique implacable dans l'optique de son cinéma. Ce passé, cet inconscient réfoulé (et donc hors champ, pas filmé) reste profondément mystérieux, donnant ainsi au personnage de Tom Stall une dimension fantastique (d'ou vient cette violence sur-humaine qu'il emploie pour se défendre contre ses agresseurs) qui l'éléve à un rang quasi-mythologique. Quelque part, on n'est pas loin du traitement du héros par Shyamalan dans Incassable, mais en plus trouble et ambigu. Ce traitement minimaliste, épuré, austére, à limite de l'abstraction, se réfusant à la dimension épique de la BD, m'avait moi-même beaucoup dérouté (la comparaison avec Eastwood est du coup vraiment pas valable, en fait, History of Violence évoque plus le Lynch de Blue Velvet et de Twin Peaks) mais il est d'une grande cohérence par rapport au style de Cronenberg. En ce sens c'est un film trés personnel.
Rusty James a écrit :Le film est plein d'émotion mais c'est très fin, intériorisé je dirais plutôt (et d'autant émouvant donc).
Je vais cité quelques scènes qui pour moi sont fortes ou très fortes : le dialogue entre le fils et sa copine un soir en ville au début, la scène d'amour dans les escaliers (ou celle ou elle se déguise en pom pom girl) qui est très significatives de l'amour qu'ils se portent (c'est génial ! plus fort que tous les discours du monde !) et enfin la dernière scène magnifique !! (encore une fois pas un mot Cool ).
Merci pour ces analyses vraiment interessantes, je vais me remater ce film avec un regard plus vigilant.
C'est définitivement pour çà que j'aime ce forum.
Haribo
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Message par Haribo »

Moi aussi Pitchblack et c'est pour cela que j'ai voulu voir une deuxième fois le film... et en fait à cette deuxième vision, une chose m'a frappé.
J'avais l'impression de regarder un film de Gus Van Sant par moments, j'aime bien Van Sant mais je préfère de très loin le cinéma de Cronenberg et en fait le seul mérite de cette deuxième vision est de m'avoir donné l'occasion de me demander si j'aimais tant le cinéma de Van Sant que ça. Si c'est pas extraordinaire ça... avec ses grandes idées prévisibles sur l'Amérique marketées pour un public européen un peu mou, sa peinture de la jeunesse et son casting de jeunes mâles à se sucer dans les vestiaires, son sens de l'emphase pour relever un script un peu faible... y a quand même quelque chose qui m'échappe là-dedans.

Sinon Mario Bello fait vachement bien la fille sur le point de vomir.
Bon... j'aime pas le film, c'est officiel.
comte vonkrolock
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Message par comte vonkrolock »

Sobre et direct, un efficace scénario qui tient ces promesses, et qui donne une autre vision du rêve américain, bravo mr Cronenberg arriver à changer de style, sa se rapproche beaucoup de ce qu'avait fait Sam Raimi sur un Plan Simple.
Shinji
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Re: "A History of Violence" (2005) David Cronenberg

Message par Shinji »

Je me permets de déterrer (en spoilant) ce sujet car malgré le graphisme particulier de la graphic novel, je me suis enfin décidé à la lire (et j'ai bien fait). Du coup, je viens de revoir le film car ce n'est pas l'histoire dont je me souvenais ou du moins seulement une partie comme évoqué précédemment (à vrai dire, je n'en gardais pas un grand souvenir).

Cela m'a néanmoins permis de comprendre ce dont Cronenberg s'est servi pour son film, et cela explique aussi pourquoi il n'y a ici pas de flashback. Car ce qui l'intéresse par dessus tout, c'est de dépeindre les instincts d'un homme - véritable machine à tuer - qui ressortent alors que celui-ci avait tenté de les dissimuler derrière un rôle de bon père de famille, au sein d'une cellule américaine typique.

On est donc l'air de rien assez éloigné du comics, dans lequel un jeune adulte et son pote réussissent un gros coup de poker contre un ponte de la mafia. Mais ce ne sont pas des pros, loin de là, ils sont plutôt emportés dans la violence ; et le retour de bâton est un véritable projet de vengeance, ce qu'on retrouve en partie dans le film, mais qui n'est pas expédié en se terminant simplement par un frère qui veut se débarrasser de celui qui le gêne dans son business...

A côté de ça, le réalisateur prend plaisir à introduire longuement les psychopathes du début alors qu'ils sont expédiés dans le matériau de base. Il saupoudre aussi le tout de sexe, l'occasion là encore de représenter la violence frontalement, en passant d'une mise en scène inoffensive à un quasi viol lorsque celui qu'était autrefois le personnage reprend le dessus comme lors d'une crise (et paradoxalement, sa femme se laisse emporter et le rejette lorsqu'il revient au lui du présent).

Cela peut finalement peut-être se résumer à la volonté d'empêcher tout sentiment de sympathie à l'encontre du protagoniste ?
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