Gravity - Alfonso Cuaron (2013)
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Re: Gravity - Alfonso Cuaron (2013)
Allez, ça peut faire des débats intéressants ! Surtout que je ne pense pas que l'intention de Kubrick & Clarke étaient de causer d'évolution. On est toujours dans le chapitre "L'aube de l'humanité" lorque Floyd se rend sur la Lune notamment.
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Re: Gravity - Alfonso Cuaron (2013)
Kevorkian a écrit :Le thème du film est clairement celui d'une renaissance : la position foetale, le moment où elle doit couper le cordon (le parachute qui la retient), la berceuse qu'elle entend sur Terre et les wouhouhou évoquant les premiers "mots", jusqu'aux premiers pas qui concluent le film. Stone doit renaître afin de faire son deuil. J'essaie de me rappeler d'autres métaphores mais je n'en vois pas.
J'ai trouvé le film trop court et possède quelques facilités scénaristiques mais c'est une expérience à vivre, surtout en 3D. De toute façon je ne suis pas objectif toute la S-F traitée de manière un tant soit peu réaliste m'intéresse.
Spoiler : :
Toi t'est un flic..? Non j'uis un con.
Snake Plisken Escape from NY

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Re: Gravity - Alfonso Cuaron (2013)
Vu ce matin avec Mme Bluesoul en 3D. La vision en 3D etant plus une resultante de contraintes en matiere de temps et de projections disponibles.
En fait, bibi a beaucoup hesite entre la 2D et la 3D. Raisons principales: une 3D "rajoutee", si je me rappelle bien et surtout...la trouille d'avoir le mal de mer / de l'espace pendant le film a voltiger avec des astronautes perdus dans l'espace
.
A l'arrivee, aucun mal de tete, aucun mal de l'espace. Par contre, bibi n'est pas trop sur si la 3D ajoute autant que cela, tellement le recit en lui-meme est "immersif".
A la base, le film est immersif pour de nombreuses raisons, telles le peu de personnages presents a l'ecran (essentiellement Clooney et Bullock), fesant qu'inconciemment le spectateur les rejoint mentalement pour combler le "vide".
Egalement, les points de vue adoptes (le fait que le spectateur, comme dans un FPS (First-person shooter), voit ce que voit l'astronaute, tout en etant soumis aux memes limitations (champ de vision limite, desorientation visuelle / spatiale).
Si le spectateur a droit d'acceder au "point de vu de Dieu" (celui de voir toute la scene), il est constamment depasse par l'ampleur de la catastrophe (les nuages de debris) et, de nouveau, sujet aux memes limitations / handicaps que les protagonistes (incapacite de se raccrocher aux structures ou d'agripper les objets, de freiner son elan, etc) et ne peut au final rien pour ces derniers.
Essentiellement, le film parvient a faire ressentir au public la fondamentale hostilite de l'environnement dans lequel les protagonistes evoluent.
Face a un tel environnement, l'on ne peut que se retrancher sur soi-meme. Indirectement et instinctivement, le spectateur, assis dans son siege, separe de son voisin, fait de meme, focalisant ainsi toute son attention sur ce qui se passe sur l'ecran, cherchant les memes debouches que les protagonistes (une asperite a laquelle se raccrocher, une structure qui pourrait etre un SAS, un signe / logo qui pourrait vouloir indiquer le bouton / la sequence a enclencher).
L'immersion a pour bibi ainsi ete totale. Les reactions / pensees sont viscerales et instinctives: gauche / droite, lacher / prendre, oui / non, enclencher / annuller. Le tout, separe de la panique par un minuscule film...la "raison", raison prete a ceder le pas a la panique, et donc a la mort.
Si la situation est "extreme", elle fait neanmoins prendre conscience que face a une hostilite environnementale TOTALE, la mort est partout. Derriere un double-sas, derriere un hublot (que l'on esperer assez) blinde, derriere une etincelle, une erreur de manipulation physique / mecanique / informatique / de jugement. La mort peut resulter d'une erreur de la salle de controle, des concepteurs, des planificateurs, des ingenieurs, des pilotes, ou, tout bonnement, du hasard, d'un manque de bol...
Toute erreur, toute mauvaise estimation sera irremediablement sanctionne par une lente mort par suffocation / empoisonnement au carbone, une decompression explosive ou, pour varier un peu les plaisirs, un transpercement par un projectile filant a plusieurs milliers de km/h ou une consumation plus ou moins rapide en rentrant dans l'atmosphere.
Si les retransmissions des decollages de fusees / navettes spatiales ont fini par lasser le public, il faut se rappeller que l'"aventure spatiale" et surtout celle du depassement des risques. Soyuz 1 (1967), Soyuz 11 (1971), Challenger (1986), Columbia (2003), ces quatre incidents etant les seuls incidents de types "spaciaux". Une liste BEAUCOUP plus exhaustive peut etre trouvee ici : http://en.wikipedia.org/wiki/List_of_sp ... _incidents
remettant ainsi en perspective ce qui pourrait etre injustement interprete comme une theorie des dominos / loi de murphy extreme dans le film.
Si le film part d'un postulat, pas forcemment tres clarifie , l'idee de debris multiples presentant un danger est quant a elle, bien reelle. Ainsi, a l'heure actuelle 19,000 debris de plus de 5cm et 300,000 (!!) debris de moins de 1cm sont repertories. Le tout allant du boulon detache ou de la cle anglaise version spatiale oubliee a un etage entier de fusee
. http://en.wikipedia.org/wiki/Space_debris
Le probleme n'est pas non plus nouveau, car deja David J. Kessler, scientifique a la NASA, a trace en 1978 l'hypothese (appellee par la suite "Kessler Syndrome") d'un effet boule-de-neige, ou un faible nombre de debris engendrerait un nombre croissant de facon exponentielle de debris, qui pourrait aller jusqu'a rendre au final impossible l'exploration spatiale pour plusieurs generations.
http://en.wikipedia.org/wiki/Kessler_syndrome
Si l'aventure narree dans Gravity est humainement "credible", scientifiquement, elle ne l'est pas moins a la base. Le film reste un "film", a cause de certaines facilites (une station chinoise--inexistence de nos jours--et qui tombe a pic), mais essentiellement, tache de coller le plus possible a un scenario "du pire".
A ce jeux-la, le film de Cuaron est tres sombre et realiste et deux questions se posent en filigrane: pourquoi aller dans un endroit pareil? et apres un tel desastre, et un nuage de debris grandissant a chaque orbite terrestre, le ciel ne s'est-il pas ferme a tout jamais aux hommes? Voire meme...cela ne vaut-il pas mieux au final...?
Bon, Gravity n'est cependant pas une oeuvre philosophique non plus. Deja en 2006, avec Children of Men, Cuaron s'est vu qualifie de realisateurs de film d'action pour public qui reflechit. Gravity va dans ce sens et propose un film "catastrophe" visceral et bien pense (ou visceral car bien pense).
Pour trouver des equivalents cinematographiques ou autres, il faut chercher du cote d'Appollo 13 (1995), qui reste neanmoins plombe par le fait que l'histoire est reelle, et que donc l'issue en est connue. Marooned (1969) est une oeuvre de fiction predatant l'aventure d'Appolo 13, mais reste nettement moins "immersive" d'un point de vue technique / visuel, surtout de nos jours.
Une version plus credible est trouvable dans Uchuu Kyoudai (2012), le film-live et Uchuu Kyoudai TV (2012), la serie d'animation tele qui narre tous les deux le meme accident sur la surface de la lune et parviennent a trouver le ton juste d'un point de vue (isolement et determination de l') humain et (hostilite) environnemental.
La notion de mal de l'espace se retrouve de son cote dans la scene de "space-walk" de 2010 (1984), tandis que les enjeux de survie intra et (surtout) extra-vehiculaire se retrouve en partie dans 2001 (1968).
Le probleme des debris de son cote, est adroitement traite dans la serie animee Planetes TV (2003). En aparte, l'on pourra nommer la serie TV americaine Salvage-1 TV (1979), qui apporte un traitement plus folklorique au probleme.
Si la realisation de Cuaron parvient a donner une dimension plus-que-reelle malgre un univers quasi-entierement genere en CGs, le film aurait plus de mal a trouver un equilibre humain sans ses deux vecteurs (humains) que sont Clooney et Bullock. Clooney parvient en vieux briscard (de l'espace) a etre l'ancre auquel la nouvelle (est mal-a-l'aise) Bullock parvient a s'accrocher, pour peut-etre survivre a son calvaire.
Gravity est donc un excellent film de fiction-catastrophe qui remet peut-etre un peu les pendules a l'heure en ce qui concerne la difficulte et les risques de la conquete spatiale, car si dans l'espace "toute vie est impossible", la seule chose qui reste est...la survie...celle-ci, dependant uniquement de l'humain, fesant ainsi du film un survival des plus appreciable...
Gravity: 4.5 / 5.0
En fait, bibi a beaucoup hesite entre la 2D et la 3D. Raisons principales: une 3D "rajoutee", si je me rappelle bien et surtout...la trouille d'avoir le mal de mer / de l'espace pendant le film a voltiger avec des astronautes perdus dans l'espace


A l'arrivee, aucun mal de tete, aucun mal de l'espace. Par contre, bibi n'est pas trop sur si la 3D ajoute autant que cela, tellement le recit en lui-meme est "immersif".
A la base, le film est immersif pour de nombreuses raisons, telles le peu de personnages presents a l'ecran (essentiellement Clooney et Bullock), fesant qu'inconciemment le spectateur les rejoint mentalement pour combler le "vide".
Egalement, les points de vue adoptes (le fait que le spectateur, comme dans un FPS (First-person shooter), voit ce que voit l'astronaute, tout en etant soumis aux memes limitations (champ de vision limite, desorientation visuelle / spatiale).
Si le spectateur a droit d'acceder au "point de vu de Dieu" (celui de voir toute la scene), il est constamment depasse par l'ampleur de la catastrophe (les nuages de debris) et, de nouveau, sujet aux memes limitations / handicaps que les protagonistes (incapacite de se raccrocher aux structures ou d'agripper les objets, de freiner son elan, etc) et ne peut au final rien pour ces derniers.
Essentiellement, le film parvient a faire ressentir au public la fondamentale hostilite de l'environnement dans lequel les protagonistes evoluent.
Face a un tel environnement, l'on ne peut que se retrancher sur soi-meme. Indirectement et instinctivement, le spectateur, assis dans son siege, separe de son voisin, fait de meme, focalisant ainsi toute son attention sur ce qui se passe sur l'ecran, cherchant les memes debouches que les protagonistes (une asperite a laquelle se raccrocher, une structure qui pourrait etre un SAS, un signe / logo qui pourrait vouloir indiquer le bouton / la sequence a enclencher).
L'immersion a pour bibi ainsi ete totale. Les reactions / pensees sont viscerales et instinctives: gauche / droite, lacher / prendre, oui / non, enclencher / annuller. Le tout, separe de la panique par un minuscule film...la "raison", raison prete a ceder le pas a la panique, et donc a la mort.
Si la situation est "extreme", elle fait neanmoins prendre conscience que face a une hostilite environnementale TOTALE, la mort est partout. Derriere un double-sas, derriere un hublot (que l'on esperer assez) blinde, derriere une etincelle, une erreur de manipulation physique / mecanique / informatique / de jugement. La mort peut resulter d'une erreur de la salle de controle, des concepteurs, des planificateurs, des ingenieurs, des pilotes, ou, tout bonnement, du hasard, d'un manque de bol...
Toute erreur, toute mauvaise estimation sera irremediablement sanctionne par une lente mort par suffocation / empoisonnement au carbone, une decompression explosive ou, pour varier un peu les plaisirs, un transpercement par un projectile filant a plusieurs milliers de km/h ou une consumation plus ou moins rapide en rentrant dans l'atmosphere.
Si les retransmissions des decollages de fusees / navettes spatiales ont fini par lasser le public, il faut se rappeller que l'"aventure spatiale" et surtout celle du depassement des risques. Soyuz 1 (1967), Soyuz 11 (1971), Challenger (1986), Columbia (2003), ces quatre incidents etant les seuls incidents de types "spaciaux". Une liste BEAUCOUP plus exhaustive peut etre trouvee ici : http://en.wikipedia.org/wiki/List_of_sp ... _incidents

remettant ainsi en perspective ce qui pourrait etre injustement interprete comme une theorie des dominos / loi de murphy extreme dans le film.
Si le film part d'un postulat, pas forcemment tres clarifie
Spoiler : :

Le probleme n'est pas non plus nouveau, car deja David J. Kessler, scientifique a la NASA, a trace en 1978 l'hypothese (appellee par la suite "Kessler Syndrome") d'un effet boule-de-neige, ou un faible nombre de debris engendrerait un nombre croissant de facon exponentielle de debris, qui pourrait aller jusqu'a rendre au final impossible l'exploration spatiale pour plusieurs generations.

Si l'aventure narree dans Gravity est humainement "credible", scientifiquement, elle ne l'est pas moins a la base. Le film reste un "film", a cause de certaines facilites (une station chinoise--inexistence de nos jours--et qui tombe a pic), mais essentiellement, tache de coller le plus possible a un scenario "du pire".
A ce jeux-la, le film de Cuaron est tres sombre et realiste et deux questions se posent en filigrane: pourquoi aller dans un endroit pareil? et apres un tel desastre, et un nuage de debris grandissant a chaque orbite terrestre, le ciel ne s'est-il pas ferme a tout jamais aux hommes? Voire meme...cela ne vaut-il pas mieux au final...?

Bon, Gravity n'est cependant pas une oeuvre philosophique non plus. Deja en 2006, avec Children of Men, Cuaron s'est vu qualifie de realisateurs de film d'action pour public qui reflechit. Gravity va dans ce sens et propose un film "catastrophe" visceral et bien pense (ou visceral car bien pense).
Pour trouver des equivalents cinematographiques ou autres, il faut chercher du cote d'Appollo 13 (1995), qui reste neanmoins plombe par le fait que l'histoire est reelle, et que donc l'issue en est connue. Marooned (1969) est une oeuvre de fiction predatant l'aventure d'Appolo 13, mais reste nettement moins "immersive" d'un point de vue technique / visuel, surtout de nos jours.
Une version plus credible est trouvable dans Uchuu Kyoudai (2012), le film-live et Uchuu Kyoudai TV (2012), la serie d'animation tele qui narre tous les deux le meme accident sur la surface de la lune et parviennent a trouver le ton juste d'un point de vue (isolement et determination de l') humain et (hostilite) environnemental.
La notion de mal de l'espace se retrouve de son cote dans la scene de "space-walk" de 2010 (1984), tandis que les enjeux de survie intra et (surtout) extra-vehiculaire se retrouve en partie dans 2001 (1968).
Le probleme des debris de son cote, est adroitement traite dans la serie animee Planetes TV (2003). En aparte, l'on pourra nommer la serie TV americaine Salvage-1 TV (1979), qui apporte un traitement plus folklorique au probleme.
Si la realisation de Cuaron parvient a donner une dimension plus-que-reelle malgre un univers quasi-entierement genere en CGs, le film aurait plus de mal a trouver un equilibre humain sans ses deux vecteurs (humains) que sont Clooney et Bullock. Clooney parvient en vieux briscard (de l'espace) a etre l'ancre auquel la nouvelle (est mal-a-l'aise) Bullock parvient a s'accrocher, pour peut-etre survivre a son calvaire.
Gravity est donc un excellent film de fiction-catastrophe qui remet peut-etre un peu les pendules a l'heure en ce qui concerne la difficulte et les risques de la conquete spatiale, car si dans l'espace "toute vie est impossible", la seule chose qui reste est...la survie...celle-ci, dependant uniquement de l'humain, fesant ainsi du film un survival des plus appreciable...
Gravity: 4.5 / 5.0
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.
Re: Gravity - Alfonso Cuaron (2013)
La 3D est post produite mais quasiment tout ce qui apparait dans le film est post produit donc c'est comme pour les dessins animés, c'est de la "vraie" 3D.
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Re: Gravity - Alfonso Cuaron (2013)
Je fait plus court que bluesoul
: J'ai pas assez de qualificatifs pour dire le bonheur que j'ai eu pendant 1h30. Du pur cinéma d'émotions.


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Re: Gravity - Alfonso Cuaron (2013)
Finalement vu. J'avais adoré le trailer mais le buzz grand public façon TITANIC ou AVATAR avait castré mon enthousiasme dans l'oeuf. Une fois la pilule passée la déception n'est pas de mise, un excellent film au concept limité mais admirablement assumé pour ne pas dire transcendé. Rien que la performance technique mérite des louanges. Seule ombre au tableau un glissement douteux vers du mélodrame lourdeau, heureusement et habilement expédié sur le trône de l'efficacité. Brillant me semble être le qualificatif le plus adapté.
Man-eater