Persuadée de vivre une passion amoureuse réciproque, une femme poursuit un homme de ses assiduités. Les événements prennent une tournure dangereuse.
“Anna M” reprend le schéma classique d’une passion amoureuse de nature pathologique. À l’origine du “mal”, une intense solitude particulièrement bien mise en scène dans plusieurs séquences lesquelles soulignent la petitesse d’Anna écrasée sous une masse de livres (contre-plongée au sein de la bibliothèque) ou “prise en sandwich” entre les murs bétonnés de la ville. À cela s’ajoutent une frustration sexuelle explicite et une relation à la mère problématique. Cet immense vide demande à être comblé, si ce n’est par la réalité du moins par le fantasme. En ce sens, Anna constitue une Mme Bovary modernisée. La restauratrice de manuscrits “restaure” également le réel non par le biais de l’imaginaire (ce en quoi elle se différencie de sa sœur de papier) mais en reformulant l’intelligibilité du monde extérieur. Utilisant l’ambiguité du langage (un rendez-vous médical devient rancard), des gestes et attitudes (interprétation d’une toux comme consentement) et même des regards, l’amoureuse éconduite fantasme l’Événement. Solitude d’une conscience prisonnière de sa subjectivité? Non, pas vraiment dans la mesure où la littérature offre à notre malade un moyen de codifier (donc de mettre à notre portée) une lecture du monde par conséquent stéréotypée et rigoureusement agencée. Chapitré tel un roman, le film propose d’inscrire la rencontre amoureuse factice sous le signe du “Cantique des cantiques”, de faire écrire à la demoiselle des lettres d’amour à la plume sur papier “gros grains” ou assimile une éclaboussure sanglante sur des draps immaculés à une tâche d’encre... Tout un programme! Bien interprété et filmé, “Anna M” peut néanmoins décevoir au fil d’une intrigue se perdant dans l’exploration vaine car souvent convenue de la folie. À voir tout de même.
Anna M, Michel Spinosa, 2007
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Anna M. est bien interprétée par Isabelle Carré à qui on a envie de donner des baffes tellement elle est énervante (en même temps, cela convient bien avec le rôle). Par contre, si le film explore judicieusement la folie du personnage et si le scénario tient plutôt bien la route -la séquence de persécution des enfants m'a fait mourir de rire - même si c'est pas censé être drôle - on ne peut pas en dire autant de la réalisation plan plan de Michel Spinosa, bien trop policée.
Finalement, cela se regarde sans déplaisir, mais ce n'est pas bouleversant pour autant.
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Finalement, cela se regarde sans déplaisir, mais ce n'est pas bouleversant pour autant.
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Re: Anna M, Michel Spinosa, 2007
Au début "Anna M." évoque un film sur la folie d'aimer, à mi-chemin entre "L'histoire d'Adèle H." (référence évidente) et des cinéastes comme le Zulawski de "Possession" ou le Polanski du "Locataire".
Malheureusement, sur la durée, "Anna M." devient de plus en plus banal, prévisible. Les situations absurdes, peu crédibles s'accumulent (la scène dans le métro, l'incrédulité de la police...), semblant chercher à étaler la sauce. La mise en scène s'avère pauvre, ne sachant trop quoi faire de son format scope. Le final bascule dans un certain fantastique, jusqu'à une fin bucolique ambigüe. Bon, on sent que Spinosa a voulu bien faire, sortir des chemins balisés du cinéma français, mais à l'arrivée, son style scolaire, son manque d'idées, font échouer cet "Anna M.". Dommage...
Vu sur ciné+ replay.
Malheureusement, sur la durée, "Anna M." devient de plus en plus banal, prévisible. Les situations absurdes, peu crédibles s'accumulent (la scène dans le métro, l'incrédulité de la police...), semblant chercher à étaler la sauce. La mise en scène s'avère pauvre, ne sachant trop quoi faire de son format scope. Le final bascule dans un certain fantastique, jusqu'à une fin bucolique ambigüe. Bon, on sent que Spinosa a voulu bien faire, sortir des chemins balisés du cinéma français, mais à l'arrivée, son style scolaire, son manque d'idées, font échouer cet "Anna M.". Dommage...
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Re: Anna M, Michel Spinosa, 2007
en effet j'ai plutôt été séduit par le travail sur le cadre, le scope, c'est assez élégant...la prestation d'Isabelle Carré est très convaincante également, ce qui contribue à rendre le film assez troublant et un peu triste...plutôt séduit donc, malgré une fin voulue ambigue et onirique (on se croirait dans "Opera"mercredi a écrit :une intense solitude particulièrement bien mise en scène dans plusieurs séquences lesquelles soulignent la petitesse d’Anna écrasée sous une masse de livres (contre-plongée au sein de la bibliothèque) ou “prise en sandwich” entre les murs bétonnés de la ville.
