Paolo Mancuso, calabrais d’origine, s’est installé à Milan dans l’espoir d’y faire fortune et parvient faute de mieux à se faire une place dans les milieux de la prostitution et du trafique de drogue. Mais les affaires tournent mal pour lui. Il devient la cible d’une bande rivale et, réfugié dans un laboratoire de recherche biologique suite à un guet-apens, se fait accidentellement mordre par un rat porteur d’un virus mortel ...

Dans le registre du poliziesco, cet avant dernier film de Giorgio Stegani – l’un des scénaristes du Moulin des supplices, réalisateur de quelques westerns spaghetti à la fin des années 60 – est ce que je serais tenté d’appeler une bonne pioche.
La séquence sur laquelle défile les crédits du générique de début annonce la couleur et teneur du métrage : noire et cruelle. On y voit une pauvre malheureuse se faire molester puis violer par une bande de loulous des banlieues. Situé dans les milieux du banditisme et proxénétisme milanais, Milano : il clan dei Calabresi aligne pendant 1h30 atrocités et morts violentes (dont un égorgement au bistouri et une lapidation) à la façon des meilleurs Lenzi de l’époque. Et si Stegani est beaucoup moins doué que son confrère pour la confection de séquences d’action – voir la poursuite automobile du début de métrage, filmée sans beaucoup de punch et qui se conclue par un accident automobile grotesque – sa réalisation possède en revanche beaucoup plus de style et de personnalité. Aidé par une intrigue qui prend rapidement un virage original au sein de l’univers très codé du poliziesco, Stegani parvient à tirer de cet enchaînement de séquences choc une chouette atmosphère morbide et désespérée. Il prend parfois son temps, comme dans la scène très spaghetti western de la fusillade au milieu de la casse automobile, mais pour nous offrir un rendu insolite, d’une puissance dramatique inattendue.
La distribution est tout aussi intéressante. En bête féroce traquée, Antonio Sabato trouve ici un rôle un peu plus riche que ceux qu’on lui réserve habituellement. Face à lui, un Pier Paolo Capponi impeccable dans son rôle de flic à l’ancienne, un peu plus porté sur le social que la majorité des flics du cinéma bis italien de ces années là. Un personnage qui m’a rappelé par moment celui qu’il interprétait dans I Ragazzi del massacro de Di Leo. Et entre les 2 la belle Silvia Monti, dont bizarrement la carrière s’arrête nette après ce film.
Une interprétation correcte, un scénario qui surprend et une belle ambiance : ce Milano : il clan dei Calabresi est une œuvre tout à fait recommandable qui, signée par le Fulci de I Quattro dell'apocalisse et Luca il contrabbandiere aurait même pu se transformer en must du genre poliziesco.
Soldat Drummonde, au rapport ... un avis ... c'est sorti chez nous en VHS ?