Antonin est employé dans une ferme du sud de la France. L'homme vit heureux mais un jour, son patron lui demande d'emmener Ulysse, un vieux cheval, aux Arènes d'Arles. Antonin tente de raisonner son patron mais rien n'y fait. L'homme et le cheval prennent donc la route et, sur prêt de deux jours, les vieux souvenirs vont ressurgir...
Antonin, c'est Fernandel. L'acteur va interpréter dans "Heureux qui comme Ulysse" son dernier rôle (il décèdera en février 1971), celui d'un homme simple amené à réfléchir sur lui-même et sur ses valeurs. Antonin n'a jamais vraiment eu l'occasion de se pencher sur sa vie, les événements passés et son avenir. Mais durant son périple, l'homme va rencontrer différentes personnes qui vont l'amener à tout remettre en question. Un couple d'amoureux par exemple à qui il conseillera de fuir pour qu'ils puissent vivre pleinement leur amour. L'homme songera alors à ses actes manqués, son mariage qui n'eut jamais lieu, la fille qu'il aurait pu avoir, le pouvoir de décision qu'il n'a jamais vraiment fait valoir et la liberté qu'il n'a jamais osé cueillir. Finalement, Antonin deviendra un libre en même temps qu'il offrira la liberté à son cheval...
Comme à son habitude, Fernandel se joue de son accent et de son apparence simple. Son périple (qui est bien évidemment une quête de lui-même) est bien évident ponctué de dialogues et de situations comiques, lesquels font d'ailleurs systématiquement mouche. On retrouve une complicité à la "vache et le prisonnier" avec un duo humain/animal des plus touchant. L'aspect passif de l'animal oblige le personnage joué par Fernandel à cogiter seul pour la première fois et à commettre l'impensable : Aller contre les ordres, enfreindre les règles, refuser la hiérarchie... Nous avons la une réflexion sur le bon-vivre, le respect de l’autre et bien évidemment l’amitié. Des valeurs récurrentes dans la carrière cinématographique de Fernandel mais ici, la mort imminente de l’acteur donne une touche véritablement nostalgique au métrage. On n’a plus l’impression que Fernandel joue Antonin mais qu’Antonin est Fernandel et que l’acteur se livre à un petit bilan de son existence…
Le film fonctionne donc fort bien et diverti autant qu’il émeut. « Heureux qui comme Ulysse » est par ailleurs l’occasion de profiter de quelques magnifique paysages de Provence et de Camargue (moustiques en moins).
« Heureux qui comme Ulysse », c’est aussi le titre d’une chanson bien connue de George Brassens. En fait, il s’agit de la bande originale du film qui reviendra donc de manière très récurrente tout au long du métrage. C’est Henri Colpi, réalisateur du métrage, qui écrira les paroles de cette chanson et les soumettra à son ami Brassens, lequel acceptera bien entendu de l’interpréter.
Les deux premiers vers de la chanson (« Heureux qui comme Ulysse, a fait un beau voyage ») son empruntés à un sonnet bien connu de Du Bellay datant du 16eme siècle. Ceux qui connaissent ces vers sans pour autant connaître Du Bellay ou Brassens les ont peut être (re)découvert récemment grâce au chanteur Ridan qui reprend pour sa part l’intégralité du sonnet de Du Bellay et le met en chanson. Pas de lien direct donc entre la chanson interprétée par Brassens et celle de Ridan, juste une source d’inspiration commune.
Heureux qui comme Ulysse (1970) Henri Colpi
Modérateurs : Karen, savoy1, DeVilDead Team