Une troupe de music-hall médiocre pense faire fortune avec un touriste rencontré, qui est le sosie de Fernand Raynaud. L'homme accepte de se faire passer pour l'humoriste. Entre temps, l'agent du véritable Fernand Raynaud cherche sa vedette qui a disparu …

Après notamment Bourvil, Fernandel, le duo Roger Pierre / Jean-Marc Thibault et Darry Cowl, c’est au tour de Fernand Raynaud de mettre ses talents d’amuseur public au service de Jean Boyer. Et comme cela était un peu à la mode à l’époque – du moins est-ce mon impression, au regard de films tels que D’où viens-tu Johnny, Cherchez l’idole ou, pour aller fureter de l’autre côté des Alpes, le Uno Strano tipo de Lucio Fulci, dont la trame entretient quelques similitudes avec celle de C’est pas moi, c’est l’autre – le comique auvergnat interprète ici son propre rôle, non sans se tourner légèrement en dérision à l’occasion, ce qui n’est certainement pas l’aspect le moins sympathique de cette comédie bon enfant.
Alors évidemment on pourra trouver ça un peu vieillot, un peu mollasson du côté de la réalisation, mais mine de rien Boyer n’a pas peur de recourir au plan-séquence (certes jamais très élaboré, mais au moins d’une discrétion qui honore son auteur) afin de saisir au mieux les performances de ses 2 comédiens principaux, Raynaud et un Jean Poiret déchaîné en imprésario pingre et magouilleur. Et puis face à ces 2 bêtes de scène, ici en top forme, on se dit aussi que ce n‘est peut-être pas plus mal qu’il se soit effacé ainsi derrière eux. La première partie du film est de ce fait alertement menée, portée par des dialogues souvent caustiques (signés Jacques Vilfrid) et plusieurs scènes franchement marrantes comme celles où Poiret apprend à Raynaud à faire du Raynaud. Par la suite on regrettera que l’intrigue se mette à sévèrement patiner dans sa dernière demi-heure et que film perde dans la foulée une grande partie de son mordant. Mais le charme désuet de l’oeuvre demeure, et l’on suit finalement tout ça avec plaisir jusqu’au bout.
La guillerette partition musicale est signée Georges Garvarentz et Charles Aznavour, lequel curieusement n’en profite même pas pour pousser la chansonnette.