Macchina d’amore - Armanda doit taper le script d’un film érotique en présence de son auteur. Bientôt elle commence à s’identifier à l’héroïne de cette fiction. Il superiore - Afin de protester contre l’abstinence sexuelle à laquelle les contraint l’emprisonnement, un groupe de détenus se mutinent et séquestrent un surveillant, menaçant de le sodomiser si le ministre de la justice ne se rend pas sur place dans les 24 heures pour leur garantir une réforme du système carcéral. L’equivoco - Le timide Paolo attend l’arrivée d’une « professionnelle du sexe » à son domicile afin de combler un besoin pressant. C’est alors que frappe à sa porte Lia, vendeuse d’encyclopédies peu portée sur la chose.

Après leur très bon Quelle strane occasioni, Nanni Loy, Luigi Magni et Luigi Comencini se réunissent à nouveau pour signer cet autre film à sketchs sur le thème inépuisable du désir sexuel. Basta Che Non Si Sappia In Giro !.. réquisitionne cette fois à l’écriture, outre Magni lui-même, deux célèbres tandems de scénaristes, Age et Scarpelli et, leur pendant bis, Castellano & Pipolo. A l’écran le film fait appel à 2 poids lourds et 1 poids coq de la grande comédie italienne, Nino Manfredi (déjà présent dans Quelle strane occasioni), Monica Vitti et Johnny Dorelli, et quelques solides seconds rôles, vedettes en devenir, comme Lino Banfi et Vittorio Mezzogiorno. Basta Che Non Si Sappia In Giro !.. convoque enfin à l’enrobage musical le grand Armando Trovaioli, alors en plein trip funk tendance disco.
Macchina d’amore, signé Nanni Loy, est sans doute le plus faible des 3 sketchs. Cette petite intrigue romantique, reposant sur l’amusante dichotomie entre un récit raconté par une personne et fantasmé par une autre, manquement étonnamment de causticité pour un script signé Age et Carpelli. Monica Vitti en dactylo coincée et Johnny Dorelli en auteur médiocre font du bon boulot mais ça ne décolle jamais totalement, et l’on sent Nanni Loy un peu coincé, à l’étroit sur ce sujet très écrit, exclusivement indoor. La seconde histoire, intitulée Il Superiore, est la plus politique des 3, la plus originale aussi. Au point même de dénoter un peu au sein de cette anthologie, de par le sérieux du problème qu'elle aborde. Nino Manfredi s’est fait pour l’occasion une bonne tête d’imbécile (mal)heureux et il est comme d’habitude grandiose. De quoi regretter un traitement scénaristique finalement trop hésitant dans son dosage humour / gravité pour vraiment marquer les esprits, et cela malgré une conclusion cynique plutôt bien sentie. Un amusant quiproquo comme base de scénario, et deux personnages bien typés pour l’animer : L’equivoco, le dernier et plus court segment de ce Basta Che Non Si Sappia In Giro !.., est un vrai cadeau offert à ses 2 stars, Nino Manfredi et Monica Vitti. Lesquels l’ont à l'évidence bien pigé et nous offrent 2 grands numéros d’acting à l’italienne. Comencini signe ainsi sans trop se fouler le meilleur sketch du lot, drôle et sans temps mort et hautement savoureux dans son interprétation.
Demeuré me semble t’il inédit en salles chez nous, Basta Che Non Si Sappia In Giro !.. s’avère légèrement inférieur à La Fiancée de l’évêque, son complément cinématographique dans l’œuvre de Loy, Magni et Comencini. Sans être mauvais, loin de là même, l’ensemble manque d’invention, de mordant, d’unité dans le ton, et seule interprétation emporte pleinement d’adhésion.