Quelque part dans un avenir retro-futuriste, un groupe criminel mondial: Big Fire et ses machines infernales essayent de mettre le monde a genoux en detruisant l’approvisionnement energetique de la planete. Devant eux et leur sinistre projet, se dressent les forces d’International Police Organization (Kokusaikeisatsukikoo) et son equipe de specialistes; les Experts of Justice. Le plus jeune d’entre eux, un garcon, a sous son controle un gigantesque robot qui pourrait donner du fil a retordre a leurs adversaire: Giant Robo. La lutte s’annonce titanesque…
Serie d’OAVs (les “Original Animation Videos ou DTV d’animation nipponne) produit par Bandai, GRtA est base sur le manga (bande-dessinee) Giant Robo (1967) de Mitsuteru Yokoyama, il faut noter que des l’annee de la parution de la serie, une serie “live”(!!) (donc du “Tokusatsu” [ effets speciaux ] ) fut commanditee par TV Asahi et produite par la Toei. Une deuxieme serie, cette fois-ci animee, sera realisee en 2007 (Giant Robo TV (2007) ) et scenarisee par Chiaki (J.) Konaka (Serial Experiment Lain TV (1998), The Big O TV (1999), Hellsing TV (2001) ).
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En 1991, il fut decide de re-adapter l’oeuvre sous format d’OVA (ou DTV d’animation au Japon) en une serie de sept episodes. Initiallement prevu pour etre conclu en-deans 36 mois, le dernier volet de la serie sortira…presque six annees(!) après le premier!
Ce ne fut cependant pas le seul “hic” que connu la production, en effet, des le debut, le realisateur Yasuhiro Imagawa fut prevenu qu’il ne pourrait utiliser ni les personnages du manga, ni ceux de la serie (live) de l’epoque et decida de creer un tout nouveau casting en “piochant” dans l’oeuvre de Yokoyama dans son entierete, ne gardant que le concept du robo-titre et de son “maître”, ainsi que l’organisation criminelle qui leur sert d’antagoniste.
De surcroit, la serie, meme si elle a ete agrementee de 3 spin-offs consacres au personage de Ginrei, aurait du n’etre qu’une (et pas la derniere) des escarmouches entre les “Experts of Justice” et l’organisation criminelle “Big Fire”, avec episodes separes avant et après. Au final, ceux-ci ne verront cependant jamais le jour suite a l’echec de la presente serie.
En fait, il semble que pour l’epoque (1992), les producteurs aient peut-etre ete un peu trop ambitieux dans leur project.
Ainsi, l’industrie des OVAs reposait dans un premier temps sur deux piliers; l’un etant la liberte de contenu (par opposition aux production TV) et une flexibilite en ce qui concerne les couts (par opposition aux productions pour le grand ecran).
Le corollaire etant que le marche couvrait TRES large, allant de la production un tant soit peu “soignee” a la production completement “baclee”, la moyenne des productions se situant justement…dans la “moyenne” (en fait; respectait surtout l’”equilibre” couts vs qualite).
A ce titre; GRtA voyait les choses en grand, pour ne pas dire en TRES grand.
Ainsi, la BO a ete enregistree avec l’orchestre philarmonique de Varsovie, tandis que l’animation (du premier episode, en tous cas), est tout simplement superbe!
Cependant, et au fur et a mesure que les episodes se succedent, l’on commence a ressentir des “hesitations” au niveau du scenario tandis que du cote de l’animation—et pour une production de ce “calibre”, on commence a avoir pas mal recours au stock-footage, puisant a CHAQUE fois…dans le premier episode.
Si l’animation reste de tres bon niveau, selon les episodes, les decors se font moins fouilles et surtout, l’on anime de moins en moins de personnages ou objets a l’ecran, ce qui decoit un peu avec (notamment) l’ouverture du premier episode qui reste un modele du genre.
La narration, quant a elle, semble hocqueter beaucoup, car tournant essentiellement autour d’une serie de “secrets / revelations” qui sont deja partiellement devinables (ou eclaircies(!!) ) des le premier opus, voire au plus tard, sont eventes au deuxieme episode, donnant (selon les cas) quand meme jusqu’a 3 episodes d’avance au spectateur sur les protagonistes du recit, ralentissant d’autant plus ce dernier…Par la suite, une serie de “veritables” revelations tomberont (plus ou moins) des nues, et au final, il reste difficile a dire, si la deuxieme volee de revelations etait prevue au depart (et donc deliberemment retardee) ou si celles-ci ont ete inventees en chemin pour relancer l’interet du titre…
Un autre defaut, plus difficile a apprehender, est le casting qui, resultant d’une condition de depart assez severe, a donc force le realisateur a jeter pele-mele un tas de personnages—tous tres charismatiques, certes—dans une aventure commune pour laquelle ils n’etaient pas concus a la base!
L’on a ainsi donc (pele-mele) le garcon qui dirige GR qui vient de Tetsujin 28-go / Iron Man Number 28 ou il avait le meme “role”, dans les derniers episodes, la machine semble s’emballer, car l’on retrouve Sally la petite Sorciere (ici; Sunny the Magician(!) ), des heros (ou malfrats) qui changent carrement de bord(!), ainsi qu’ une floppee de personnages issues de mangas (bandes-dessinees) se passant dans le Japon feudal (en l’occurrence des Ninjas), ou encore des guerriers chinois du XIVeme siècle echappes de Sankoku-shi / Romance of the 3 Kingdoms, le tout matines de quelques personnages fesant tres swingin’ sixties, ce qui commence quand meme a faire limite…”bordelique”, plus que…“cool”…
Un corollaire, etant, qu’en fait aucun personnage (du cote des heros) ne se distingue particulierement, ce qui est un peu un comble, car ils sont tous assez “marquants”, mais seulement si pris individuellement. Au final, ils semblent aussi literalement plus “subir” le recit que de le “definir”. Et a ce titre, les moments ou ils “brillent” le plus, est lors de leurs introductions respectives dans le premier volet, peinant quelque part a retrouver un second souffle une fois l’action lancee.
Dans le camp des “adversaires”, le tir est indirectement corrige par le fait qu’en tant que justement “malfrats”, ils ont la bride “lache” et peuvent TOUT se permettre. L’organisation Big Fire se lancant a l’assaut du monde, les “Dix Magnifiques” ont ainsi la chance de donner le “LA” a tout le reste du casting.
Un autre probleme plus limitrophe, est la profusion des personnages; dix “Magnifiques” dans le camp de Big Fire et neuf “experts” dans celui de la IPO—sans compter une floppee de personnages (dispensables) qui surgissent de nulle part dans les deux derniers episodes…Un casting, qui a force de tourbillonner…donne le tournis…
Un dernier element qui pose probleme, etant le concept en lui-meme. Si GRtA n’est pas la premiere production a s’essayer sur le retro-futur ou le Steampunk (Fushigi no Umi no Nadia / Nadia TV (1990), Mirai Shonen Conan / Conan – Le Garcon du Futur TV (1978), mais aussi Tenku Shiro no Laputa / Laputa, le Chateau dans le Ciel (1986) etant deja passes par la), le probleme de GRtA est qu’il n’apporte en fait rien de neuf a part la “technique” de realisation (moderne).
Ainsi, et tout comme les series / manga de l’epoque (les annees 60s), le recit est TRES lineaire, les secrets sont faciles a percer (dans un premier temps), les personnages generalement extraordinairement “binaires (bien / mal)” (meme si cela se rattrape dans la deuxieme moitie de la serie), et ce ne sont pas quelques artifices, qui tiennent plus de la “decoration” (la problematique du renouvellement des ressources energetiques ou la dualite sauveur / menace d’un nouveau type de source energetique) qui rend l’affaire plus “complexe”…
En fait, GRtA confond peut-etre un peu trop l’idee d’un “hommage” avec celle d’un “remake” ou (“upgrade”) d’un certain type d’univers “standard” pour l’epoque. Notons d’ailleurs qu’une floppee de titres seront remakes en DTV dans les annees qui suivront GRtA; Eight Man After OVA (1993), Casshan OVA (1993), Kagakuninjatai Gatchaman OVA (1994) ou Hurricane Polymer OVA (1996).
Ces points ne sont pas contre pas plus que quelques pistes de reflexion pour expliquer le manque d’interet suscite par la serie (en tous cas sur la longueur), asphyxiant un titre sur lequel la production avait mise gros (le premier episode vaut a lui seul la detour!

Quelque part, le probleme de GRtA est peut-etre que tout en se voulant “novateur” est arrive un peu trop en avance sur son temps, devant essuyer les platres en matiere d’attentes du public, misant sur la forme plus que sur le contenu, et qui de par son ambition finira par etre “handicappe”…par ses propres moyens.
Si la liste des griefs parait longue, le titre n’en reste neanmoins pas enleve, plutot rapide, tres frequemment entrainant, plus qu’agreable a l’oeil et beneficie des le debut d’un serieux capital-sympathie, mais il semble avoir du mal a capitaliser sur ce dernier au-dela de justement le premier volet.
Un “echec” donc, mais un “superbe” echec, et pour la meilleure des raisons; l’ambition de vouloir faire quelque de chose de "bien"…
Giant Robo – The Animation: 3.75 (pour toute la serie et a cause du cote decousu)