
Je mets cette ancienne version d'affiche car les récentes sont pas top.
La gestation douloureuse de Ballerina se voit indubitablement à l'écran, avec une bicéphalie marquée. La 1ʳᵉ partie est dans la continuité du style John Wick, ses bastons au style désormais contractuel et son lore slave foisonnant auquel on sera plus ou moins sensible. L'évolution de Eve au sein de la Roska Roma se suit tranquillement, ses ressorts dramatiques sont convenus mais si cela justifie des affrontements en intérieur à la grenade (la meilleure séquence d'action du film, même si aucune loi physique n'y a été conviée), ça me va. Ana de Armas parvient à trouver sa propre voie pour se démarquer de de Baba Yaga, même si le très vague sous-texte féministe du film n'est pas toujours heureux quand il se résume à viser les couilles (je préfère ne pas parler de la chanson du générique de fin, "Fight like a girl !")
À partir de l'arrivée au village, Ballerina vrille complètement vers le gogoloïde qui ne cessera de s'intensifier au point de finir par ressembler à un cartoon où rien n'a de sens, autrement que pour le plaisir du meurtre improbable, non sans un certain sadisme qui en deviendrait problématique si on s'arrêtait trop longtemps à réfléchir à ce qu'on regarde. Les armes utilisées sont des plus loufoques, quand les affrontements ne virent pas au clin d'œil DBZ. Ça peut tout à fait plaire mais j'avoue que cette rupture dans l'excès de nawak m'a déconcerté, surtout que les grosses ficelles des comportements aberrants des personnages uniquement justifiés par les besoins de la scène deviennent trop visibles. Ajoutez à cela une entrée au chausse-pied de John Wick dans l'intrigue, clairement là pour rassurer le public mais in fine totalement inutile, en plus d'être débile (son arrivée en train !), peu compréhensible et révélatrice d'un Keanu Reeves physiquement vieillissant.
Sur le plan technique, c'est propre, la réalisation se tient, la photo est jolie. Mais le point fort du film est vraiment à chercher du côté des architectes d'intérieur : les décors sont systématiquement splendides ! La moindre cahute pourrie est aménagée avec goût et style, les boites de nuit (autre point du cahier des charges) sont grandioses, les coulisses du théâtre sont fournies en détail, voici un film dont l'arrière-plan capte souvent plus le regard que l'action ! Ballerina n'est donc pas le naufrage annoncé et a même plusieurs atouts dans ses manches, mais sa difformité rend l'expérience de visionnage un peu bancale.