Children of Men - 2006 - Alfonso Cuarón

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mercredi
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Re: Children of Men - 2006 - Alfonso Cuarón

Message par mercredi »

Cypher a écrit : Je n'ai pas une formation en philosophie mais en psychologie, c'est pourquoi il est probable que ma conception de la morale soit différente.
Je me retire pareillement d’un débat qui, en dépit de “piques” parfois bien malheureuses, s’est avéré fort instructif. Ton exemple (d’ailleurs intéressant) des jumeaux explique certainement une divergence de points de vue d’abord fondée sur une appréhension du monde sinon antagoniste du moins très différente. Comme la plupart des forumeurs ici, j’aurais tendance à comprendre les notions de Bien ou Mal (et autres) comme des réalités antéprédicatives à un conditionnement social que je ne renie pas mais simplement relativise. De fait, le caractère artificiel (puisque pour toi entièrement soumis au phénomène culturel) du film de Cuaron ne peut atteindre des interlocuteurs bien décidés à faire confiance à leurs propres affects. Ton dernier poste demeure ainsi rassurant en inscrivant ton cynisme non comme on pourrait d’abord le supposer dans une optique provocatrice, mais inhérente à des présupposés philosophiques qui, je l’admets, sont originaux (pas inédits non plus). Néanmoins Cypher, je m’interroge sur un rapport à l’Art invalidant d’office toute spontanéité. Ce n’est pas le débat ici donc je m’arrête en précisant à Ducan Idaho que, pour être dangereuse (dans le cadre d’une propagande, par exemple), cette capacité du cinéma à fasciner / subjuguer le spectateur illustre peut-être une certaine proximité du dit media avec des “vérités supérieures” (talent, génie) somme toute passionnantes. Le jeu n'en vaut-il pas la chandelle? :wink:
Cypher
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Re: Children of Men - 2006 - Alfonso Cuarón

Message par Cypher »

Prodigy a écrit :Alors tout à l'heure il enfoncait des portes ouvertes (la guerre c'ets mal et cie), mais maintenant tu lui reproches de ne pas les enfoncer. On touche au génial, là...
Mon cher Prodigy, il semblerait que le sens de la rhétorique ne soit pas ton fort : dans mon précédent message, je me demandais ce qu'il restait à Children of Men si, comme tu le prétendais, le film ne mettait pas en garde contre les dérives des Hommes (autrement dit, qu'il enfonçait des portes ouvertes).
Donc, j'affirmais que le seul message de Children of Men consistait à enfoncer des portes ouvertes. Puis tu prétends que non. Je rétorque alors que finalement, le film n'a rien à dire (étant donné que tu contestes le seul message que je lui attribuais). Et enfin (le grand final, roulements de tambours), tu me reproches de t'avoir donné raison, d'avoir suivi et accepté tes propos. :D
Quelle absence de cohérence ? Quoi de plus cohérent au contraire ?

Je constate en revanche en lisant la fin de ton message que nous somme donc tous des moutons subjugués par le film qui n'est qu'un véhicule à la pensée dominante. Ah c'est sûr, ça amène au dialogue. Je vais donc faire comme Duncan, et laisser tomber ce débat, visiblement tu aimes parler tout seul.
Comme j'en ai déjà loooonguement parlé, le film est méga ultra incohérent sur de nombreux points, comme je l'avais illustré par la scène de la bataille finale où des soldats portés sur la religion s'avilissent au passage du nouveau-né (on peut imaginer qu'ils reconnaissent la portée de l'évènement), mais qui au bout du compte s'en fichent totalement. Ne vois-tu toujours pas la monstrueuse incohérence ?

Maintenant, je vais expliciter un peu la fin de mon message qui n'a visiblement pas été bien comprise : que l'on apprécie le film, cela ne m'étonne pas le moins du monde puisqu'il abonde dans le sens de la pensée commune (j'admets aussi que l'on peut également apprécier la réalisation soignée d'Alfonso Cuarón et les scènes d'actions) ; il est donc tout naturel qu'il plaise, puisqu'il confirme ce que l'on pense en général, et ne cherche pas à remettre en cause les opinions générales (la morale ambiante). Il ne s'agit pas d'être des moutons, mais des personnes qui apprécient un film pour le spectacle uniquement (c'est déjà pas mal, mais ce n'est pas tout).
Pour prendre une métaphore, c'est comme si un marchand de glaces ne proposait que des glaces aux parfums maintes fois éprouvés (pistache, vanille, poire, etc.) sans jamais proposer de nouveaux parfums plus "exotiques" (épinards, anchois, petits pois). L'idée que l'on se fait de ce qui est bon balaye toute velléité d'essayer autre chose - et c'est d'autant plus facile de ne pas se remettre en question quand on n'a pas le choix. C'est pareil pour Children of Men : il ne propose pas d'alternative. Et alors ? Me dira-t-on. Ben ce qui fait une oeuvre d'art, c'est sa capacité à faire réfléchir, à provoquer des émotions insolites. Ceci se fait rarement sans prendre de risque. Le cinéma n'échappe pas à cette règle : un film mou du genou et politiquement correct à en crever comme l'est Children of Men n'a nullement vocation à passer pour un chef-d'oeuvre cinématographique - contrairement aux éloges qui lui ont été faites.
Prodigy
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Re: Children of Men - 2006 - Alfonso Cuarón

Message par Prodigy »

Tu tiens un discours vraiment hallucinant. En gros si on aime le film c'est parce qu'on est tous enfermés dans une pensée unique et confortable, mais toi, grand penseur qui ne te laisses pas berner par ces arguments "démagogiques" qu'apparemment nous sommes trop bêtes pour remettre en cause, tout contents que nous sommes devant ce spectacle divertissant, tu es là pour nous éclairer ? Hé ben.
Mercador
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Re: Children of Men - 2006 - Alfonso Cuarón

Message par Mercador »

Plutôt qu'hallucinant, je dirais saoûlant, car la fameuse "pensée unique" qu'il dénonce depuis trois pages, on a l'impression que c'est lui qui nous l'assène tellement il veut faire passer son avis sur le film comme une vérité universelle.
Cypher
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Re: Children of Men - 2006 - Alfonso Cuarón

Message par Cypher »

Prodigy a écrit :Tu tiens un discours vraiment hallucinant. En gros si on aime le film c'est parce qu'on est tous enfermés dans une pensée unique et confortable, mais toi, grand penseur qui ne te laisses pas berner par ces arguments "démagogiques" qu'apparemment nous sommes trop bêtes pour remettre en cause, tout contents que nous sommes devant ce spectacle divertissant, tu es là pour nous éclairer ? Hé ben.
Eh ! :-D Je constate avec plaisir que l'emploi d'une métaphore a porté ses fruits. :wink:

Mais bon, plus sérieusement (et ça, c'est bien triste :cry: ) : en dépit de ma petite explication sur les vertus de l'humour (douteux ou pas) qui se manifeste par de petites "piques" gentillettes et qui a pour vocation de dédramatiser ce qui n'est finalement qu'un échange de points de vue, tu persistes à "prendre la mouche".

Donc, je le précise une nouvelle fois : dans mes messages, j'expose mon point de vue (que j'essaye d'argumenter un minimum) et qui ne prétend pas être la vérité, mais qui a pour vocation d'être débattu. Or, tu me renvois un argument ad hominem. Pas bien, non, non, non :evil:

Une nouvelle explication semble alors nécessaire (si ça ne marche toujours pas, la prochaine fois, je passe aux croquis :P ) : je ne prétends pas que vous, qui n'êtes pas d'accord (vilains, méchants :evil: ) avec Mon Auguste Personne, soyez enfermés dans une pensée unique ; j'affirme cependant que cette pensée unique est omniprésente dans la société et que, logiquement, quand on n'a pas d'avis contraire (provoqué par les situations, les oeuvres d'art, etc.) à soumettre aux individus, la pensée ne s'éveille pas, l'individu n'a pas l'occasion de se remettre en cause (mais il peut le faire sans problème : il n'est pas enfermé dans un mode de pensé immuable). Car contrairement à ce que prétendent certains mythes sur des philosophes morts depuis des millénaires, on ne s'arrête pas au bord de la route pour se mettre à penser sans aucune raison. La pensée n'est pas magique ou féerique ; elle est provoquée... mais pas par Children of Men. :D
Mercador a écrit :Plutôt qu'hallucinant, je dirais saoûlant, car la fameuse "pensée unique" qu'il dénonce depuis trois pages, on a l'impression que c'est lui qui nous l'assène tellement il veut faire passer son avis sur le film comme une vérité universelle.
Ce qui m'a toujours amusé en discutant avec les gens, c'est que tôt ou tard (donc quand ils sont à court d'arguments), ils finissent invariablement pour vous reprocher ce qu'eux-mêmes font. Fort heureusement, en psychologie clinique, il existe une technique qui permet d'y remédier : le contre-transfert. :wink:


Rrrhaa, encore pris de court (pour la tête de page) par Mercredi, et sur le fil, cette fois-ci.
Je voudrais juste revenir brièvement sur ce point :
mercredi a écrit :Néanmoins Cypher, je m’interroge sur un rapport à l’Art invalidant d’office toute spontanéité.
Dans mon optique, la spontanéité est un leurre pour l'esprit qui est incapable (heureusement pour l'équilibre mental) de percevoir toutes les influences, tous les stimuli de son environnement qui le conditionnent. La psychologie cognitive a développé le Connexionnisme pour décrire ce phénomène de conditionnement à un niveau neuronal (on ne perçoit et on ne traite plus que les messages pour lesquels on a été formé – d'où l'importance de la culture dans laquelle on évolue). Plus prosaïquement, la théorie du Chaos (l'effet papillon) s'inscrit parfaitement dans cette optique où l'environnement est le principal (seul) déterminant de… Tout - la plasticité neuronale de l'individu lui permettant de s'adapter à toutes situations. L'Art n'émerge-t-il pas le plus souvent dans les milieux et dans les familles qui en ont justement fait un art de vivre ? (Il reste toujours la thèse innéiste pour apporter une explication mais elle est contrebalancée par l'étude sur les jumeaux respectant le principe scientifique : toutes choses étant égales par ailleurs.)
Je n'exclus pas non plus que mon esprit ait été conditionné pour penser ainsi. :mrgreen:
Prodigy
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Re: Children of Men - 2006 - Alfonso Cuarón

Message par Prodigy »

Cypher a écrit :La pensée n'est pas magique ou féerique ; elle est provoquée... mais pas par Children of Men. :D
Alors disons que le film ne provoque rien chez toi ou que tu n'y trouves pas ton compte. Moi, sans aller jusqu'à prétendre qu'il me fait réfléchir intensément, j'y vois en revanche beaucoup de pistes de réflexions. Donc on s'en tiendra au final (sans rancune aucune) à une constatation sous forme de lapalissade : on n'est pas d'accord :mrgreen:
Teurk le Sicaire
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Re: Children of Men - 2006 - Alfonso Cuarón

Message par Teurk le Sicaire »

Cypher a écrit :Je n'ai pas une formation en philosophie mais en psychologie
Ce qui me surprend, c'est que pour quelqu'un qui a une formation en psychologie et qui a priori travaille au contact de gens en souffrance (une situation semblable à une société en souffrance), tu assènes avec une telle assurance ta conception de la façon dont doivent réagir des personnes confrontées à la douleur ou à leur propre fin. Etant moi-même dans ce milieu professionnel, j'ai constaté que les gens avaient tendance à accélérer leur propre destruction, de manière insidieuse voire directe par suicide.
Une des approches d'une telle situation hypothèse que face à une souffrance inévitable, l'angoisse ne réside pas tant dans les conséquences de cette souffrance que dans la passivité et la soumission dans laquelle elle nous plonge. La seule façon de réagir tout en contenant son angoisse est et de se donner le sentiment de contrôle en provoquant soi-même le processus de destruction.

De fait, la société au bord de l'extinction décrite dans CoM me semble présenter un comportement des plus réalistes.
Pitchblack
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Re: Children of Men - 2006 - Alfonso Cuarón

Message par Pitchblack »

Bon, voyons les choses simplement, je ne suis pas un grand pro de la rhéthorique : mes critiques de films sont des listes de [+] et de [-], et en plus je mets mes doigts dans mon nez, néanmoins...

Je rejoins l'avis des Prodigy, Duncan Idaho et dans une mesure plus restreinte de Mercredi.
(je sais, il y en a qui se contentent de mettre "+1" dans ce cas là mais bon).

Ok le film touche nos affects, mais ce n'est guère que logique avec l' "authenticité" trés travaillé du monde décrit dans le film, et sa restitution formelle à l'écran (les plans séquences, la musique peu présente, etc). La proximité est forte, l'identification aussi.
C'est la première couche, mais ce qui alimente vos discussions (quand elles touchent au film, pas au débat en lui-même) c'est bien l'analyse de ce film : on a dépassé le cadre du "waouh ce film déchire" (et pourtant, les effets spéciaux de ce film déchirent :D).
Maintenant est ce que ce film ne serait que démago, un avatar de la pensée unique (ho la belle expression fourre-tout) qui empêcherait ou surtout galvauderait une quelconque réflexion ? Il ne me semble pas. Il ne me semble pas non plus que montrer un récit avec une résolution "classique" empêche l'élaboration d'une réflexion personnelle plus innovante. J'aurais même tendance à dire l'inverse, et à copier sur la rédaction de Hannah Arendt a coté de moi, à savoir que c'est à partir d'un contenu classique que nous, individu, pouvons maitriser un sujet et proposer une réflexion innovante.

Je ne ferais donc pas le procès d'un film qui n'existe pas , ou qui aurait du être comme-ci ou çà (la comparaison avec le débat sur Traffic tape dans le mille à mon avis). Le film de Cuaron, n'innove pas sur le fond, mais il constate, évoque un sujet avec force, et ouvre des pistes de réflexions / recherches / interrogations. Il ne propose pas... mais je ne le lui demande pas (et je ne lui demande pas de faire le café non plus).

La crédibilité de ce récit et de cet univers ? Mon avis est moi, c'est que j'adhère.
Pour exemple, le réchauffement planétaire est scientifiquement considéré comme irréversible : ce qui veut dire qu'avant 2050, on aura des problèmes énormes... je ne vois pas l'humanité se fédérer, je ne note pas de grands programmes communs et volontaristes avec un impact énorme sur mon quotidien, etc. On m'informe que les guerres continuent, que l'industrialisation se perpétue, etc. Tout se passe par petites touches à notre échelle de quidam, en bien comme en mal.

Est-ce incohérent d'imaginer un soldat reprendre le combat aprés une vision quasi-messianique ? Au 1er degré non, dans une logique de guerre tu ne tournes pas le dos au camp ennemi même si tu viens de voir quelque chose d'exceptionnel (et encore, faut y croire; et dans l'absolu si on veut pousser on peut imaginer qu'il y ait encore des naissances d'enfants anormaux dans ce monde). Au 2ème degré, je rejoins ce qui est déjà dit, dans ce monde extrapolé du notre, l'arrivée d'un enfant même "christique" ne peut empêcher l'homme de continuer à faire ce qu'il fait le mieux et sans remords : destruction / guerre...

Quant à Cypher, je m'interroge un peu : à priori tu n'as essentiellement posté que sur ce sujet, négligeant celui de Sunshine (1 seul petit message ?) que pourtant tu dis préfèrer. Je trouve dommage que tu emploies autant de verve à débattre, alors que ta grille de lecture appliquée à un film qui te plait pourrait donner lieu à des propos plus enrichissants.
Là en l'état, depuis déjà quelques pages, j'ai l'impression de lire principalement du trollage, certes mieux écrit que dans un forum ado hein, mais avec le même genre d'ivresse de l'écriture gratuite.

Bon, j'ai trop écrit là, je retourne à mon statut de lecteur assidu, et à mes avis à base de [+] et de [-] :mrgreen:
Cypher
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Re: Children of Men - 2006 - Alfonso Cuarón

Message par Cypher »

Tout d'abord, pour reprendre la notion de "trollage" de Pitchblack, je dirais au contraire qu'il s'agit de rééquilibrer la balance : ce film est présenté comme un chef-d'oeuvre par la très large majorité des gens sur ce forum avec une verve insolente (des trolls "positifs" :mrgreen: ). Je ne partage pas cet avis (mais est-ce bien utile de le préciser ?) ; et je tiens à le signaler en apportant des arguments.
Teurk le Sicaire a écrit :Ce qui me surprend, c'est que pour quelqu'un qui a une formation en psychologie et qui a priori travaille au contact de gens en souffrance (une situation semblable à une société en souffrance), tu assènes avec une telle assurance ta conception de la façon dont doivent réagir des personnes confrontées à la douleur ou à leur propre fin. Etant moi-même dans ce milieu professionnel, j'ai constaté que les gens avaient tendance à accélérer leur propre destruction, de manière insidieuse voire directe par suicide.
Une des approches d'une telle situation hypothèse que face à une souffrance inévitable, l'angoisse ne réside pas tant dans les conséquences de cette souffrance que dans la passivité et la soumission dans laquelle elle nous plonge. La seule façon de réagir tout en contenant son angoisse est et de se donner le sentiment de contrôle en provoquant soi-même le processus de destruction.

De fait, la société au bord de l'extinction décrite dans CoM me semble présenter un comportement des plus réalistes.
Premièrement, je suis Psychologue du travail ; donc, les gens en souffrance, je m'en fiche comme de l'an 40 :twisted: .
Deuxièmement, les gens ne sont pas "en souffrance" dans Children of Men, à moins de la provoquer eux-mêmes (ils ne sont pas malades ; ils sont juste vieux... bon, d'accord, c'est une tare, mais pas autant que s'ils avaient la lèpre quand même :-D ). De plus, les quarantenaires ne sont pas confrontés à une fin imminente, mais à celle de l'Humanité (et ne dit-on pas que nous vivons dans un monde individualiste où l'intérêt personnel est primordial).
Ceci étant dit, j'ai quand même plus que de simples notions en psychologie clinique pour pouvoir affirmer que le cas que tu cites, qui est clairement établi, fait figure d'exception - un cas isolé qui résulterait d'un processus insidieux de résignation acquise devant lequel tout le monde (loin s'en faut) n'est pas logé à la même enseigne. Aussi surprenant que cela puisse paraître, certaines personnes ne baissent pas les bras face à l'adversité (des fous, sûrement ; la folie étant par essence minoritaire dans une société :wink: ). Et dire que je pensais être cynique :roll: .
Donc je persiste à affirmer que ce processus plutôt marginal appliqué à l'échelle de toute une société - voire du monde - rend le film très peu plausible.
Pitchblack a écrit :Maintenant est ce que ce film ne serait que démago, un avatar de la pensée unique (ho la belle expression fourre-tout) qui empêcherait ou surtout galvauderait une quelconque réflexion ? Il ne me semble pas. Il ne me semble pas non plus que montrer un récit avec une résolution "classique" empêche l'élaboration d'une réflexion personnelle plus innovante. J'aurais même tendance à dire l'inverse, et à copier sur la rédaction de Hannah Arendt a coté de moi, à savoir que c'est à partir d'un contenu classique que nous, individu, pouvons maitriser un sujet et proposer une réflexion innovante.
Le terme de "pensée unique" a au moins le mérite d'être clair : il s'agit de la pensée largement répandue dans une société - une pensée automatique, en quelque sorte.
Je ne suis pas convaincu par ton point de vue mais je le respecte ; maintenant, je serais curieux de savoir à quelle réflexion innovante t'aurait conduit le film.
Je ne ferais donc pas le procès d'un film qui n'existe pas , ou qui aurait du être comme-ci ou çà (la comparaison avec le débat sur Traffic tape dans le mille à mon avis). Le film de Cuaron, n'innove pas sur le fond, mais il constate, évoque un sujet avec force, et ouvre des pistes de réflexions / recherches / interrogations. Il ne propose pas... mais je ne le lui demande pas (et je ne lui demande pas de faire le café non plus).
Pas mal :-D
Mais encore une fois : quelle piste de réflexions / recherches / interrogations qui n'ait déjà été rabâchée 10E15 fois Children of Men ouvre-t-il ?
La crédibilité de ce récit et de cet univers ? Mon avis est moi, c'est que j'adhère.
Pour exemple, le réchauffement planétaire est scientifiquement considéré comme irréversible : ce qui veut dire qu'avant 2050, on aura des problèmes énormes... je ne vois pas l'humanité se fédérer, je ne note pas de grands programmes communs et volontaristes avec un impact énorme sur mon quotidien, etc. On m'informe que les guerres continuent, que l'industrialisation se perpétue, etc. Tout se passe par petites touches à notre échelle de quidam, en bien comme en mal.
Je ne nie pas que le monde va mal ; je tiens juste à mettre en garde contre le sensationnalisme véhiculé par les médias : on préfère largement montrer ce qui va mal.
Les épidémies ont toujours existé (peste, choléra, etc.), et ce n'est pas pour autant que l'Humanité s'est éteinte ; elle s'est adaptée à chaque fois et en est ressortie grandie selon le principe très darwinien selon lequel "ce qui ne me tue pas me rend plus fort". La race humaine n'a jamais été, n'est et ne sera pas avant très longtemps menacée d'extinction car elle réagit et s'adapte très vite.
Children of Men mise exclusivement sur l'alarmisme très largement relayé par les masses médias sans s'intéresser aux remèdes.

Quant à l'histoire du nouveau-né sur le champ de bataille, j'ai déjà dit ce que j'en pensais ; je vais néanmoins en faire un résumé : un croyant (et qui le prouve) mettrait dieu et ses représentants au-dessus de tout ; en fait non, un simple coup de feu lointain, balaye toutes ses convictions en une fraction de seconde. :lol: :lol: :lol:

Je ne préfère pas Sunshine à Children of Men ; je trouve Sunshine dantesque alors que Children of Men m'écoeure. Il y aurait bien d'autres films qui mériteraient d'être défendus sur ce forum, mais étant donné qu'il me faut répondre sur ce sujet et que j'ai aussi une vie sociale, je me cantonne à apporter ma modeste contribution à la critique du film d'Alfonso Cuarón, critique qui me semble prioritaire étant donné que je suis le seul à la porter. :D
Superwonderscope
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Re: Children of Men - 2006 - Alfonso Cuarón

Message par Superwonderscope »

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Oh really? Well then I'm sure you wouldn't mind giving us a detailed account of exactly how you concocted this miracle glue, would you ?
Cypher
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Re: Children of Men - 2006 - Alfonso Cuarón

Message par Cypher »

Serait-ce l'avatar qui te manque ? :-D
Prodigy
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Re: Children of Men - 2006 - Alfonso Cuarón

Message par Prodigy »

Cypher a écrit :Aussi surprenant que cela puisse paraître, certaines personnes ne baissent pas les bras face à l'adversité (des fous, sûrement ; la folie étant par essence minoritaire dans une société :wink: ).
C'est pour ça que le film nous montre des révoltés qui jettent des pierres dans des trains, des terroristes, des fanatiques qui défilent, des gens qui préfèrent se suicider avec le kit tout prêt sponsorisé par l'état, des apathiques, des sectaires...
Mais encore une fois : quelle piste de réflexions / recherches / interrogations qui n'ait déjà été rabâchée 10E15 fois Children of Men ouvre-t-il ?
En admettant qu'il n'en ouvre aucune, il faut obligatoirement qu'un film provoque la réflexion pour qu'il soit digne d'intérêt ? Je ne sais pas, tu n'as que des chefs-d'oeuvres absolus et des films qui font avancer le monde dans ta DVDthèque ? C'est sûrement sympa, mais tu dois en avoir marre des trois même films, non ? :D
Children of Men mise exclusivement sur l'alarmisme très largement relayé par les masses médias sans s'intéresser aux remèdes.
C'est pas vraiment son rôle ni son but. Je me répète, mais tout ça n'est que le contexte à une histoire. Ou alors Blade Runner avec ses villes crasseuses surpeuplées véhicule aussi la pensée unique.
un croyant (et qui le prouve) mettrait dieu et ses représentants au-dessus de tout ; en fait non, un simple coup de feu lointain, balaye toutes ses convictions en une fraction de seconde. :lol: :lol: :lol:
L'enfant n'est pas un représentant de dieu, ça n'est pas Jésus réincarné, c'est juste un enfant, un môme, un truc qui ne va pas changer grand chose dans ce monde qui part en couilles et s'autodétruit. En tout cas sa naissance ne va pas immédiatement changer la vie du soldat qui reprend sa besogne.
Je ne préfère pas Sunshine à Children of Men ; je trouve Sunshine dantesque alors que Children of Men m'écoeure.
Au moins l'écoeurement, si ce n'est pas le dégoût absolu, les deux doigts au fond de la gorge et la destruction de la pellicule en place publique... Faudrait quand même rester mesuré dans tes critiques, c'est pas avec ce genre de remarques que le débat avance...
Superfly
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Re: Children of Men - 2006 - Alfonso Cuarón

Message par Superfly »

La drogue c'est mal mais tout le monde devrait en prendre :D
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Sunshine c'est juste moyen... comme quoi :D
Cypher
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Re: Children of Men - 2006 - Alfonso Cuarón

Message par Cypher »

Prodigy a écrit :C'est pour ça que le film nous montre des révoltés qui jettent des pierres dans des trains, des terroristes, des fanatiques qui défilent, des gens qui préfèrent se suicider avec le kit tout prêt sponsorisé par l'état, des apathiques, des sectaires...
Tiens, Prodigy. Je croyais que tu voulais arrêter d'écrire des messages sur le sujet après être arrivé à la conclusion tout à fait pertinente selon laquelle nous n'étions pas d'accord.
Mais puisque tu relances le débat, poursuivons alors. :-D
Les réactions que tu décris n'ont rien de constructif ; elles ne font qu'accélérer le déclin. Or, ce qui conduit l'Humanité à son autodestruction trouve la plupart du temps ses racines dans l'ignorance ou l'intérêt (voire la pathologie, mais à l'échelle d'un pays, cela fait vraiment beaucoup :roll: ). Quel intérêt aurait la perfide Albion de sombrer dans la guerre civile alors qu'elle ne perçoit pas d'avenir ? Ignore-t-elle que l'Humanité est en passe de disparaître (les médias sont suffisamment alarmistes comme cela) ? On voit bien que des questions d'intérêt ou d'ignorance n'entrent pas en compte dans la situation décrite par Children of Men. Il reste quoi, alors ? Des poncifs du genre : la vaste stupidité de l'Humanité ? C'est terriblement simpliste. Bref, le contexte sociopolitique du film n'est pas crédible pour un sou.
Tu vas me dire : est-ce si important ? (Je fais les questions et réponses un peu par anticipation :D ) Eh bien oui car toutes les actions des personnages s'inscrivent et trouvent du "sens" (enfin, juste un peu, parce que du sens, il n'y en a pas beaucoup dans ce film :twisted: ) dans cette situation peu crédible.
En admettant qu'il n'en ouvre aucune, il faut obligatoirement qu'un film provoque la réflexion pour qu'il soit digne d'intérêt ? Je ne sais pas, tu n'as que des chefs-d'oeuvres absolus et des films qui font avancer le monde dans ta DVDthèque ? C'est sûrement sympa, mais tu dois en avoir marre des trois même films, non ? :D
Hier soir, j'ai loué un DVD qui ne payait pas de mine (et qui n'a rien de SF ou de Fantastique) : "L'Ultime Souper". J'ai finalement découvert un film ironique, amusant, très intelligent et qui se paye le luxe d'être une véritable réflexion sur le poliquement correct tout en étant un huis-clos extrêmement prenant. Ce chef-d'oeuvre trouvé par hasard dans une multitude de films ne devrait pas tarder à rejoindre les trois autres sur mon étagère. :P
Maintenant, je ne dis pas qu'un film doive impérativement provoquer la réflexion pour être digne d'intérêt ; pour ma part, j'adore les métrages comme Anaconda (histoire de donner encore du grain à moudre pour les Superfly & cie :wink: ) qui ne poussent pas vraiment à réfléchir.
Ceci étant dit, de la part de films pour lesquels on fait la plus grande éloge, qui font apparemment l'unanimité et qui sont décrits comme des chefs-d'oeuvres, j'attends plus qu'un simple divertissement. Et justement, Children of Men n'est, à mon sens (je tiens à le préciser, histoire de ne pas être accusé de l'affirmer comme une vérité absolue) qu'un simple divertissement, et non pas le chef-d'oeuvre annoncé (même dans un magasine comme Mad' avec lequel je partage généralement les avis). Bref, il y a eu supercherie et il me semble normal de le dire.
C'est pas vraiment son rôle ni son but. Je me répète, mais tout ça n'est que le contexte à une histoire. Ou alors Blade Runner avec ses villes crasseuses surpeuplées véhicule aussi la pensée unique.
J'ai déjà évoqué ci-dessus l'impact du contexte sur l'histoire.
Tiens, Blade Runner justement, n'est pas un film sur la pensée unique et pose véritablement des questions, ne serait-ce que sur le sens de la vie, par exemple (comme nombre des romans de Philip K. Dick, d'ailleurs). Blade Runner est incontestablement ce que l'on peut qualifier de chef-d'oeuvre (en plus d'être un véritable et ô combien magnifique film de science-fiction).
Ceci étant dit, Blade Runner n'a justement rien de crasseux grâce à la pluie qui tombe en permanence. La crasse est en revanche bien présente dans Children of Men, à tel point qu'elle finit par imprégner l'embryon d'empathie que l'on peut concevoir pour les personnages principaux.
L'enfant n'est pas un représentant de dieu, ça n'est pas Jésus réincarné, c'est juste un enfant, un môme, un truc qui ne va pas changer grand chose dans ce monde qui part en couilles et s'autodétruit. En tout cas sa naissance ne va pas immédiatement changer la vie du soldat qui reprend sa besogne.
Apparemment, ce n'est pas juste un enfant pour certains soldats ; ou alors, ils ont une réaction bien étrange à son passage. Mais bon, j'ai déjà traité cette question et je devrais normalement n'en reparler que dans le résumé des critiques que je compte normalement élaborer d'ici quelques messages. :D
Prodigy
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Re: Children of Men - 2006 - Alfonso Cuarón

Message par Prodigy »

On voit bien que des questions d'intérêt ou d'ignorance n'entrent pas en compte dans la situation décrite par Children of Men.
Tiens donc. Le fanatisme religieux, le fanatisme du groupuscule terroriste qui tue son propre leader pour prendre sa place, les gourous qui profitent du chaos pour vendre leurs croyances, tout ça, c'est pas de l'intérêt, de l'ignorance ?
Cypher a écrit :Bref, il y a eu supercherie et il me semble normal de le dire.
Non mais arrête de te poser en chevalier blanc de la justice qui doit rétablir la vérité et qui réagit de manière exacerbée et totalement excessive à un soi-disant éloge général de Children of Men, c'est ridicule. Y'a aussi des gens qui n'ont pas aimé ou moyennement aimé sur le topic, je sais pas quel combat tu t'imagines mener là mais c'est surréaliste...
Tiens, Blade Runner justement, n'est pas un film sur la pensée unique et pose véritablement des questions, ne serait-ce que sur le sens de la vie, par exemple (comme nombre des romans de Philip K. Dick, d'ailleurs). Blade Runner est incontestablement ce que l'on peut qualifier de chef-d'oeuvre (en plus d'être un véritable et ô combien magnifique film de science-fiction).
Tiens donc. Blade Runner c'est pas un "film sur la pensée unique" (je sais vraiment pas ce que ça veut dire, mais bon), en quoi est-il radicalement différent d'un CoM ? Juste comme ça, parce que tu l'as déclaré ? En quoi CoM ne pose pas de questions sur le sens de sa vie (celle de Théo, en l'occurence), sur sa part d'humanité, des thèmes bizarrement pas si éloignés que ça du film de Scott...

C'est assez rigolo, au passage, que toi le grand dénonciateur de la pensée unique tombe en plein dedans à propos de Blade Runner pour lequel tu souscris sans sourciller au consensus général...
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