Après avoir tristement ouvert le filon du nazisploitation italien avec son triste et pathétique La casa privata delle SS / Maisons privées pour SS, Bruno signa la même année son deuxième essai, KZ9 camp d'extermination.
Il nous offre ici un des plus efficaces films du genre, sorte de témoignage anonyme des horreurs pratiquées dans les camps d'extermination sur les femmes et les expérimentions faites sur la mort en se basant sur les exactions abominables du Dr Mengele.
Mattei à travers ce film a voulu donner un coté réaliste au genre en se basant sur des faits réels. Il inséra même en fin de bande, les photos des principaux criminels de guerre. Une erreur reconnaissait il, celles ci ayant été enlevées par la suite. La principale erreur du réalisateur est peut être d'avoir cru qu'avec si peu de moyens et à travers ce type de cinéma d'exploitation on pouvait avoir un discours porteur et surtout réaliste.
KZ9 va sous ce couvert pseudo-vérité nous transporter sur fond d'images jaunies et tristement réelles de camps de la mort dans un hypothétique camp polonais. Dés leur arrivée, les détenues subiront humiliations, dressages et viols. Ces femmes au regard triste et vide ne sont plus qu'une meute d'animaux, jouets d'officiers sadiques et inhumains.
Dés la scène d'ouverture, un étrange malaise s'instaure, une atmosphère de désespoir enveloppe tout le film qui se veut le reflet de la vie qu'avait les déportées dans ces camps. KZ9 est une succession de scènes de dressage, d'humiliation et de viols par des malades mentaux auquelles s'ajoutent punitions et tortures. Flagellations, rouages de coups sous l'oeil de cruelles matronnes et officiers pervers sont ainsi à l'honneur.
Plus inédites sont les séquences où Mattei nous montre les chambres à gaz dans lesquelles les suppliciées agonisent en de lents soubresauts, se couvrant de leurs excréments, sorte de clin d'oeil morbide aux séquences où Sergio Garrone nous plongeait à l'intérieur des fours crématoires

Le comble de l'horreur sera atteint lors des expérimentations auxquelles se livrent les SS sur les victimes. Mattei nous offre ainsi la vision d'un cadavre au vagin éclaté et à l'utérus totalement ouvert, de seins arrachés, de membres gangrénés..
Une aura de nécrophilie plane sur le film quand, suivant la théorie d'Hitler comme quoi la stimulation sexuelle peut réveiller un mort, deux prostituées sont obligées de faire l'amour à un cadavre. Si deux d'entre elles échoueront et seront punies, la troisième, incarnée par une véritable prostituée, réussira. Mattei n'oublie pas les expériences faites sur les homosexuels, (representés ici par deux folles) afin qu'ils soient guéris de cette maladie et deviennent de parfaits heterosexuels. Pour cela on les accouplera à deux prostituées chargées d'en faire de vrais hommes sous peine de mort.
Une phrase prononcée par un des officiers SS pourrait résumer à elle seule le film: Ne faire preuve d'aucune humanité! Mattei a su la mettre en pratique! Une photographie aux tons sales et une partition musicale dramatique renforcent l'aspect tragique et dérangeant de l'ensemble dominé par une distribution d'acteurs ici convaincants, la plupart transfuge de Maisons privées pour SS, même si parfois ils surjouent à l'excès.
En tête le visage patibulaire du regretté Ivano Staccioli en officier sadique, Gabriele Carrara, la D'Aunia, la Gobert, la plantureuse Ria De Simone près desquels la douceur féminine de la De Selle et de la Viviani tranche nettement.
Point de happy-end cette fois, les déportées seront toutes tuées, pendues ou exécutées lors du final. Ultime rebondissement, la gardienne chef, ayant réchappée au massacre final, désormais unijambiste, se vengera de son ancien commandant en lui offrant un bouquet de fleurs piégé tandis que défile sur l'écran les noms des plus grands criminels de guerre. Tentative avortée de cinéma d'exploitation réaliste, KZ9 s'il rate son objectif et demeure un spectacle malsain et racoleur particulièrement morbide n'en est pas moins un des meilleurs film d'eros svastica que l'amateur saura apprécier.