Ne boudons donc pas notre plaisir devant ce Endhiran jouissif à tout point de vue. Une débauche d’effets et de moyens au service d’un spectacle cinémascope au premier degré totalement assumé. Comme souvent dans ces films au déroulement fleuve, on démarre avec du comique de situation basique (le savant égocentrique et les bévues de son robot nouveau-né). On continue avec de l’action rentre-dedans, de la baston et des poursuites bien violentes, une utilisation des espaces, ici un train de banlieue ou un périphérique, du niveau des meilleurs Jackie Chan. On poursuit avec un triangle amoureux impliquant l'androïde. Et on termine sur un maelström de sf déjanté (un jeu de lego humanoïde contre un déploiement armé digne d'un Godzilla).
N’oublions pas les intermèdes musicaux, qui nous déplacent à l’autre bout du monde sans crier gare, à l’aide d’une imagerie romantico-kitch, là encore totalement assumée (je ne peux pas croire que ces gens ne sont pas conscients aujourd’hui de ce qu’ils mettent en scène). La BO est signée du désormais incontournable Rahman et nous propose une pop indienne mâtinée de R&B, pas toujours du meilleur goût, mais bon, quand on aime ...
Et au milieu de tout cet enchaînement incessant de rebondissements, viennent se plaquer deux-trois considérations sociales et politiques sur l’Inde, au détour de scènes ironiques ou cyniques (une courte mais forte scène dans un bidonville, de la poésie récitée devant un parterre d'armes lourdes), faisant surgir un serrement de gorge au moment où l’on s’y attend le moins (le sauvetage super-héroïque d'un incendie se clôturant sur une authentique baffe dans la gueule).
Les personnages ne sont pas oubliés pour autant, et bien que l’acteur principal, la « superstar » Rajinikanth, ait une sérieuse propension à tout bouffer autour de lui, leur caractère sont suffisamment développés de manière ambivalente pour provoquer un début de réflexion sur le thème des notions de bien et de mal. Après tout, le robot est tout de même conçu au départ pour servir d'arme, même si pour éviter les pertes humaines.
En tout les cas, un spectacle bien loin des canons bollywoodiens auxquels on voudrait astreindre le cinéma indien ici en France.
Terminons cette présentation par celle de la séance en salle à Pantin. Assister à ce type de projection, c'est se retrouver seul occidental parmi des centaines de Tamouls, des familles entières, jusqu'à la poussette du plus petit. C'est être plongé dans une ambiance pleine de ferveur, fous rires, cris de liesse, applaudissements et interpellations à l’apparition des vedettes à l'écran. C'est retrouver un sens du partage, quitte à en oublier ce qui énerve par ailleurs, du grignotage de chips au bébé qui pleure. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce fut pour ma part magique. Pendant trois heures, c'est vivre un complet dépaysement (au passage, j'envie l'ami MadXav qui a pu se rendre là-bas (à quand une discussion autour d'un verre pour partager tes impressions ?
